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Le Royaume-Uni prévoit d’augmenter la taxation des cigarettes électroniques et du tabac

Le projet d’augmentation de la taxation des produits de vapotage satisfait, pour des motifs divergents, à la fois les acteurs de santé et les industriels du tabac. Les premiers la considèrent comme une façon de réduire l’accessibilité aux cigarettes électroniques pour les jeunes, les seconds y voient une façon de réduire la concurrence locale et chinoise.

Après avoir relancé son plan de lutte contre le tabac en vue d’atteindre une génération sans tabac en 2030, le gouvernement britannique s’attaque maintenant aux produits de vapotage. L’envolée des consommations de cigarettes électroniques chez les jeunes en est le principal motif. Chez les 11-17 ans, l’expérimentation du vapotage est en effet passée de 15,8 % en 2022 à un peu plus de 20 % en 2023.

Une taxation proportionnelle à la teneur en nicotine

En parallèle d’un projet d’interdiction des cigarettes électroniques à usage unique (« puff »), le gouvernement a confirmé son intention d’enrayer cette progression en augmentant significativement la taxation des produits de vapotage. Les e-liquides devraient être taxés en fonction de leur concentration en nicotine : 2 livres sterling (2,34 euros) par 10 ml d’e-liquide lorsque la teneur est celle d’une cigarette, 3 livres sterling (3,51 euros) par 10 ml lorsque l’e-liquide dépasse cette teneur. Les cigarettes électroniques sans nicotine devraient quant à elles être taxées à hauteur de 1 livre (1,17 euros) par 10 ml d’e-liquide. Cette nouvelle taxe n’entrerait toutefois en vigueur qu’à partir d’octobre 2026, après une période de consultation. La taxation des produits du tabac devrait également augmenter fin 2026, afin de maintenir un écart de prix significatif entre ces produits et ceux du vapotage.

Les augmentations des taxes du tabac ont été importantes au Royaume-Uni, la dernière ayant eu lieu en novembre 2023, et ont aujourd’hui porté le paquet de cigarettes à 16 livres sterling (soit 18 euros). Pour la première fois depuis leur introduction sur le marché voici une dizaine d’années, les produits de vapotage vont eux aussi connaître une évolution de leur taxation. Les adolescents et les jeunes adultes étant très sensibles à la dimension du prix, cette mesure est clairement destinée à les détourner des produits de vapotage, une méthode qui s’est révélée efficace pour les produits du tabac.

Deborah Arnott, directrice d’Action on Smoking and Health (ASH UK), a estimé que cette taxation permettrait d’endiguer « le tsunami de cigarettes électroniques illégales qui inondent le marché »[1]. Elle considère que le prix des cigarettes électroniques devrait rester inférieur à celui des produits du tabac, afin d’encourager les fumeurs à se sevrer à l’aide des produits de vapotage.

Les industriels du vapotage accusent le coup

John Dunne, directeur général de l’UK Vaping Industry Association (UKVIA), a regretté ce tournant et s’est déclaré inquiet pour les vapoteurs les moins fortunés – un des arguments habituellement avancés par les industriels du tabac pour s’opposer aux augmentations de taxes.

L’annonce de cette hausse de la taxation s’est traduite par la chute en bourse du cours des producteurs de cigarettes électroniques indépendants, ainsi que de Supreme (-15 %), qui produit la marque 88Vape et distribue les marques-phares de puffs chinoises ElfBar et Lost Mary. Elle a aussi affecté le cours d’Imperial Brands (-6 %), leader du marché du tabac au Royaume-Uni.

Une possible aubaine pour les cigarettiers

Le directeur général de British American Tobacco, Tadeu Marroco, s’est montré favorable au projet de taxation des produits de vapotage et a ironisé sur le sujet en déclarant adorer la réglementation (« we love regulation »)[2], alors que cette multinationale cumule les infractions et les condamnations à l’égard de la réglementation.

Habitués au marché très réglementé du tabac, où le nombre réduit d’acteurs facilite les ententes commerciales entre concurrents, les industriels du tabac peinent à imposer leurs cigarettes électroniques à cartouches (« pod ») sur le marché actuellement peu réglementé du vapotage. Selon l’agence Reuters, le projet de taxation britannique permettrait plus facilement aux cigarettiers d’absorber ces hausses en maintenant des prix bas sur les produits de vapotage, ce qu’auraient plus de mal à accomplir les petits producteurs locaux[3]. De plus, le renforcement de la réglementation sur les produits de vapotage devrait toucher en premier lieu les cigarettes électroniques jetables bon marché des industriels chinois, autant de facteurs qui pourraient ainsi limiter la concurrence.

Mots-clés : Royaume-Uni, taxation, produits du vapotage, UK Vaping Industry Association, Imperial Brands, British American Tobacco

©Génération Sans Tabac

MF


[1] Ralph A, What will a vaping tax in budget mean for the tobacco industry?, The Times, publié le 3 mars 2024, consulté le 6 mars 2024.

[2] Barnes O, Gross A, British American Tobacco chief embraces new UK vape tax, Financial Times, publié le 6 mars 2024, consulté le même jour.

[3] Young S, Rumney E, Britain plans new tax on vaping from 2026, Reuters, publié le 6 mars 2024, consulté le 7 mars 2024.

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 11 mars 2024