Toxicité et persistance des substances chimiques des e-liquides dans l’environnement

Une étude s’est penchée sur les substances chimiques contenues dans les e-liquides des cigarettes électroniques. Elle a repéré 81 molécules considérées comme dangereuses pour l’environnement et la santé humaine et/ou comme nocives ou potentiellement nocives. Les auteurs attirent l’attention sur les précautions à apporter aux opérations de stockage, de manipulation et de traitement des déchets des e-liquides.

En une décennie, la rapide diffusion des cigarettes électroniques s’est accompagnée de certaines conséquences indésirables. Parmi elles, on compte l’attrait de ces produits auprès des jeunes et la multiplication des déchets persistants (batteries, plastiques, métaux lourds…). L’apparition des cigarettes électroniques jetables (« puffs ») a considérablement aggravé la situation et pose de sérieux problèmes environnementaux et de santé publique.

Les études portant sur les conséquences environnementales des cigarettes électroniques sont pourtant restées rares. Une équipe de chercheurs s’est emparée du sujet, afin de classer les composants présents dans les e-liquides qui alimentent les cigarettes électroniques, et de prendre en compte leur impact sur l’environnement[1].

81 substances identifiées comme dangereuses et/ou nocives

Les chercheurs sont partis d’une première liste de 156 composants chimiques présents dans les flacons et les recharges d’e-liquides. Ils ont complété cette liste par une recherche parmi les publications scientifiques existantes, en se concentrant sur les composants des e-liquides. Les études portant sur les aérosols rejetés par les cigarettes électroniques ont été écartées, afin de rester centré sur le contenu des e-liquides. Les critères d’atteintes à l’environnement étaient la persistance environnementale des substances chimiques, la bioaccumulation de ces substances dans un organisme et leur toxicité pour les espèces aquatiques. Le cumul de ces trois critères permet de considérer un composant chimique comme dangereux pour l’environnement et pour la santé.

Un total de 421 composants chimiques des e-liquides a pu être identifié par les chercheurs. Parmi eux, 35 composants étaient classés comme dangereux par l’Agence de protection de l’environnement (EPA) étatsunienne, et 42 étaient considérés par la Food and Drug Administration (FDA) comme des composants nocifs ou potentiellement nocifs présents dans les produits ou la fumée de tabac. Vingt des composants répertoriés relevaient de ces deux catégories. Au final, ce sont 81 des substances chimiques contenues dans les e-liquides qui relèvent de l’une, de l’autre ou des deux catégories. De nombreux composants spécifiques au tabac (nicotine et ses dérivés), des hydrocarbures polycycliques aromatiques et des organophosphates étaient présents parmi ces substances. Les métaux et les métalloïdes présents (plomb, mercure, nickel, arsenic, cadmium, chrome, béryllium) relevaient des deux catégories de substances.

Des conséquences sur la manipulation et l’usage des produits

Aux Etats-Unis, les cigarettes électroniques ont déjà été classées comme des produits dangereux par l’Agence de protection de l’environnement (EPA), lorsque leur e-liquide contient de la nicotine. Ces e-liquides sont habituellement présentés comme contenant de la glycérine, du propylène glycol, des arômes chimiques et, dans la plupart des cas, de la nicotine. Ils contiennent en fait de nombreuses autres substances toxiques ou nocives dont la bioaccumulation pose de sérieux problèmes sanitaires et environnementaux.

Les auteurs de l’article attirent donc l’attention sur ces substances et appellent à d’autres études permettant de mieux prendre en compte leur impact éventuel sur l’environnement et sur la santé humaine. Ils recommandent que de nouvelles précautions soient émises pour ce qui touche au stockage et à la manipulation de ces produits, ainsi qu’au traitement de leurs déchets. La grande majorité des flacons d’e-liquides, des puffs et des recharges étant improprement jetés parmi les ordures ménagères, de nouveaux circuits de récupération s’imposeraient pour ces matériels, tout comme pour les autres éléments des cigarettes électroniques.

Les auteurs reconnaissent plusieurs limites à cette recherche. Les concentrations des substances chimiques des e-liquides n’ont ainsi pas été prises en compte. Elles influent pourtant sur la sensibilité à ces substances de chaque espèce vivante. Par ailleurs, seule l’incidence sur le milieu aquatique a été étudiée, laissant une inconnue sur la toxicité des e-liquides en milieu terrestre. Cette étude a cependant le mérite de pointer un aspect peu abordé des cigarettes électroniques et devrait contribuer à être plus attentif à leurs conséquences sur l’environnement et sur la santé.

Mots-clés : e-liquides, substances chimiques, environnement, produits dangereux, cigarettes électroniques, toxicité, puffs

©Génération Sans Tabac

MF