Les scientifiques mettent en garde contre le vapotage de cannabis par les adolescents
12 juillet 2025
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 8 juillet 2025
Temps de lecture : 5 minutes
Une nouvelle étude met en lumière une hausse inquiétante de l’usage de la cigarette électronique pour consommer du cannabis et des drogues synthétiques potentiellement dangereuses chez les adolescents aux États-Unis. Cette recherche, menée entre 2021 et 2023 auprès de 69 899 élèves de 11 à 18 ans, montre une augmentation notable du vapotage de THC (le principal composé psychoactif du cannabis), de CBD (un composant non psychoactif), ainsi que de cannabinoïdes synthétiques (SC), des substances fabriquées en laboratoire pour imiter les effets du THC[1].
Une augmentation du vapotage de cannabinoïdes chez les jeunes américains
Selon Jack Chung, chercheur principal à l’Université du Queensland, l’un des résultats les plus inattendus est la progression continue de l’usage des cannabinoïdes synthétiques chez les adolescents. Ces substances sont généralement achetées sur des marchés non réglementés, ce qui signifie qu’aucun contrôle de conformité ou de sécurité n’est effectué, ce qui les rend potentiellement encore plus dangereuses, voire mortelles.
L’étude, publiée dans The American Journal of Preventive Medicine, indique qu’en 2023, environ 7,4 % des adolescents américains, soit environ 2,55 millions, ont déclaré vapoter du THC. De plus, 2,9 % (environ 999 000 jeunes) ont déclaré consommer du CBD, tandis que 1,8 % (environ 620 000) vapotaient des cannabinoïdes synthétiques. Tandis que l’usage du THC semble avoir atteint un pic en 2022, celui des SC a continué d’augmenter en 2023. L’étude révèle également que les adolescentes sont plus nombreuses que les adolescents à vapoter du THC, du CBD et des SC.
Face aux risques et incertitudes, les experts appellent à des interventions ciblées
L’étude souligne également que de plus en plus d’adolescents déclarent ne pas savoir quelle substance ils ont vapotée, En 2021, 1,8 % des adolescents n'étaient pas sûrs d'avoir vapoté des cannabinoïdes synthétiques, contre 4,7 % en 2023. Cette incertitude illustre le problème du contrôle de l’offre du marché et par voie de conséquence les dangers associés à des produits non conformes à la réglementation et qui sont proposés en dehors du cadre légal. Les SC, en particulier, présentent des risques élevés, car ils se lient très fortement aux récepteurs du cerveau, provoquant des effets plus intenses, imprévisibles et parfois plus graves que le cannabis naturel.
Par ailleurs, les adolescents qui vapotent du cannabis, quelle que soit sa forme, rapportent davantage de symptômes liés à la santé mentale par rapport à ceux qui consomment du cannabis de manière plus traditionnelle, à base d’herbes sèches ou de fleurs. Gary C.K. Chan, également chercheur à l’Université du Queensland, rappelle que les effets à long terme du vapotage de cannabis sont encore peu connus, ce qui renforce l’importance de savoir exactement ce que contiennent les produits utilisés.
Cette recherche se distingue des études précédentes en analysant séparément les usages de THC, CBD et SC, mettant en évidence leurs effets et risques distincts. Quant aux raisons de cette expérimentation, les chercheurs évoquent la pression sociale, la curiosité, le besoin d’intégration, ainsi que l’exposition à des contenus en lien avec le cannabis sur des réseaux sociaux comme TikTok ou YouTube.
Jack Chung espère que ces résultats inciteront à une prise de conscience et à la mise en place de mesures concrètes. Il appelle à davantage de ressources pour informer les jeunes sur les risques du vapotage de cannabis, et recommande des interventions de réduction des risques adaptées à cette tranche d’âge. L’étude invite également les autorités à renforcer la réglementation des produits pour mieux protéger les utilisateurs, notamment les jeunes.
En juin 2025, des chercheurs néo-zélandais avaient déjà révélé que des taux de nicotine affichés étaient plus faibles que ceux réellement présents. Une enquête de l’Université d’Oxford a également mis en exergue le risque de maladie pulmonaire du vapotage, même sans antécédents de tabagisme, tandis qu’une étude sud-africaine de mai 2025 a alarmé sur le lien entre vapotage et détérioration de la santé mentale chez les adolescents. Enfin, très populaires chez les jeunes, un nombre croissant d’études tendent à indiquer que les e-cigarettes peuvent les inciter à vapoter davantage et à bifurquer ensuite vers le tabagisme traditionnel.
Une étude australienne conjointe du Daffodil Centre, du Cancer Council NSW et de l'Université de Sydney avait ainsi démontré en septembre 2024 que les adolescents de 12 à 17 ans qui ont déjà vapoté sont 5 fois plus susceptibles de fumer : les jeunes de 12 ans qui ont déjà vapoté ont 29 fois plus de risques de fumer par la suite que ceux qui n’ont jamais vapoté. Ce risque est 11,5 plus élevé chez les adolescents de 13 ans, 6,3 chez les jeunes de 14 ans et de 2,4 fois chez les adolescents de 17 ans.
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[1]Chung, Jack et al., “Adolescent Cannabis Vaping Trends (2021–2023): Delta-9-Tetrahydrocannabinol, Cannabidiol, and Synthetic Cannabinoids”, American Journal of Preventive Medicine, publié le 30 juin 2025, consulté le 7 juillet 2025