Face aux litiges et aux menaces réglementaires, l’action de British American Tobacco plonge

Notamment dans le cadre du règlement d’un litige au Canada, d’un renforcement de la réglementation en Australie, et d’une prochaine augmentation de taxes sur le chiffre d’affaires des produits du tabac au Bangladesh, le cours de l’action de British American Tobacco (BAT) a enregistré une forte baisse lors de ces derniers jours, sans pour l’heure être revenu à son niveau initial.

Un recul de près de 10% en un jour

Entre le 12 et le 13 février 2025, l’action de British American Tobacco a chuté de près de 10% à la Bourse de Londres[1], soit le plus fort recul enregistré ce jour dans le FTSE 100, indice boursier des cent entreprises britanniques les mieux capitalisées cotées à la Bourse de Londres. Le fabricant de tabac doit en effet faire face à un projet de règlement de plusieurs milliards de dollars canadiens visant à mettre fin à des décennies de litiges avec les principaux fabricants de tabac du Canada. Ce projet de règlement fait suite à une décision historique rendue au Québec, les tribunaux estimant que les fabricants de tabac avaient délibérément trompé les consommateurs sur les risques du tabagisme pour la santé. British American Tobacco a annoncé une provision de 6,2 milliards de livres sterling dans la perspective du règlement du litige.

L’activité fragilisée par le retrait de Russie et par l’évolution des taux de change

Dans un communiqué de presse, le fabricant de tabac fait état d’une diminution significative du chiffre d’affaires pour l’année 2024, en recul de 5,2%. Ces mauvais résultats s’expliquent principalement par une évolution défavorable des taux de change, mais également la vente de ses activités en Russie et en Biélorussie en septembre 2023, à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine. Ces deux pays, caractérisés par la forte prévalence tabagique de leur population, représentaient 2,7% du chiffre d’affaires de British American Tobacco en juin 2023[2]. Toutefois, à taux de change constants, le chiffre d’affaires du fabricant a augmenté de 1,3% au cours de l’année 2024, principalement porté par une augmentation des revenus sur la vente des nouveaux produits du tabac et de la nicotine (+8,9%).

Les nouvelles réglementations en Australie et au Bangladesh pénalisent le fabricant

Dans la déclaration prospective de son communiqué de presse, British American Tobacco énumère l’ensemble des facteurs pouvant affecter négativement ses performances économiques. Parmi ces variables, le fabricant relève « l'impact d'une législation et d'une réglementation nationale ou internationale défavorable », et plus particulièrement « l'impact d'augmentations significatives […] de taxes » sur les produits du tabac et de la nicotine[3] ». Au-delà de démontrer que l’opposition de l’industrie du tabac aux politiques de santé publique, et particulièrement aux politiques fiscales, s’explique exclusivement en raison de l’efficacité de celles-ci dans la réduction du tabagisme, ces déclarations permettent également d’expliquer la chute du cours de l’action du cigarettier. En effet, ce dernier doit faire face à un renforcement de la réglementation en Australie, qu’il s’agisse de l’interdiction des sachets de nicotine en Australie méridionale, ou de restrictions sur la vente de produits du tabac dans les distributeurs automatiques. Par ailleurs, le Bangladesh a récemment annoncé que le chiffre d’affaires des fabricants de tabac sera désormais taxé à hauteur de 3%, contre 1% précédemment.

FT

[1] The Times, ‘Significant headwinds’ blow smoke over British American Tobacco, 13/02/2025, (consulté le 17/02/2025)

[2] Sud Ouest, Le géant britannique du tabac BAT vend ses activités en Russie et au Bélarus, 07/09/2025, (consulté le 17/02/2025)

[3] British American Tobacco (BAT), Preliminary results for the year ended 31 December 2024, 13/02/2025, (consulté le 17/02/2025)

Comité national contre le tabagisme |