Malaisie, l’industrie fait sa communication autour du commerce illicite

12 octobre 2020

Par: communication@cnct.fr

Dernière mise à jour : 12 octobre 2020

Temps de lecture : 3 minutes

Malaisie, l’industrie fait sa communication autour du commerce illicite

En Malaisie, British American Tobacco (BAT) a lancé une opération de communication sur le thème du commerce illicite[1]. Ces pratiques sont contraires aux engagements internationaux du pays en matière de santé publique.

Le géant du tabac a lancé début octobre un bus visant à attirer l’attention du public sur le marché noir. Selon British American Tobacco, les pertes économiques s’élèveraient à 300 milliards de ringgits, et correspondraient à un manque à gagner fiscal de 1,08 milliards d’euros (5,3 milliards de ringgits). Les chiffres avancés ici sont cependant à prendre avec distance, compte tenu de la stratégie récurrente de l’industrie visant à amplifier superficiellement le phénomène[2].

Commerce illicite et industrie du tabac : des liens historiques

Pourtant, il a été démontré à plusieurs reprises que l’industrie du tabac était elle-même impliquée dans le commerce illicite de cigarette, et même condamnée pour ces pratiques. En particulier, British American Tobacco lui-même est pointé du doigt pour l’organisation et la facilitation du commerce illicite de tabac dans toute l’Afrique, y compris dans les zones de conflits[3]. L’industrie du tabac instrumentalise pourtant régulièrement le phénomène de la contrebande, en particulier pour dénoncer les niveaux des taxes. Un des arguments principaux consiste à affirmer que les hausses de taxes entretiennent économiquement les réseaux criminels. Ces allégations et pratiques ne sont pas récentes : dans les années 90, l’industrie du tabac a instrumentalisé avec succès une hausse soudaine du commerce illicite pour obtenir une réduction de la fiscalité sur ses produits. Il a été démontré plus tard que cette contrebande avait été organisée par l’industrie elle-même[4].

Une communication de l’industrie contraire aux engagements du pays

Cette opération de communication, assimilée à une publicité indirecte pour le tabac, est contraire aux engagements de la Malaisie. En effet, le pays, Partie de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac (CCLAT), est tenu d’interdire toute forme de publicité, directe comme indirecte en faveur du tabac. British American Tobacco, présentant enfin le commerce illicite comme une « entrave à la croissance économique », s’oppose aux principes directeurs de ce traité, qui rappelle que les intérêts de cette industrie et ceux de la santé publique sont inconciliables et recommande de ne pas appréhender l’industrie comme un levier de développement économique. En effet, le coût du secteur tabac est de loin supérieur aux recettes qu’il engendre et le tabac représente un facteur essentiel d’appauvrissement et de précarité.

Mots clés : Commerce illicite, Malaisie, BAT ©Génération Sans Tabac
[1] BAT Malaysia launches 'Stop the Black Market' bus, The Edge markets, 03/10/2020 (consulté le 12/10/2020) [2] Evans-Reeves K, Hatchard J, Rowell A, et al Illicit tobacco trade is ‘booming’: UK newspaper coverage of data funded by transnational tobacco companies Tobacco Control Published Online First: 16 April 2020. doi: 10.1136/tobaccocontrol-2018-054902 http://dx.doi.org/10.1136/tobaccocontrol-2018-054902 [3] Commerce illicite : le jeu à trois bandes de l’industrie du tabac, Comité National Contre le Tabagisme, 08/10/2020, consulté le 12/10/2020 [4] Gilmore AB, Gallagher AWA, Rowell A Tobacco industry’s elaborate attempts to control a global track and trace system and fundamentally undermine the Illicit Trade Protocol Tobacco Control 2019;28:127-140. http://dx.doi.org/10.1136/tobaccocontrol-2017-054191 Comité National Contre le Tabagisme |

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