Circuits d’approvisionnement des mineurs en cigarettes électroniques dans des pays anglo-saxons

Selon une revue de la littérature, les mineurs des pays étudiés obtiennent principalement des cigarettes électroniques via leur entourage, et en second lieu dans le circuit commercial. Ces circuits et la manière dont cet entourage se procure ces produits restent cependant à documenter. Le circuit commercial semble ne pas respecter les interdictions de vente en vigueur et exigerait, selon les auteurs, des contrôles et des sanctions plus stricts.

De nombreux pays ont interdit aux mineurs la vente des cigarettes électroniques. Des chercheurs ont essayé d’identifier les modalités d’approvisionnement des jeunes pour ces produits et d’évaluer si les interdictions de vente mises en place étaient respectées

Dans cette perspective, une équipe de chercheurs néo-zélandais a conduit une revue de la littérature sur ce sujet[1].

Prépondérance de l’approvisionnement des mineurs par des connaissances

Parmi les 17 études retenues dans cette revue de littérature, 14 concernaient les Etats-Unis, une le Canada, une l’Australie et une impliquait plusieurs pays : Etats-Unis, Canada, Angleterre. Ces études indiquaient globalement que le don et le prêt de cigarettes électroniques seraient les principales sources d’approvisionnement (43 % à 85 % selon les études, moyenne pondérée = 75 %) des mineurs en ayant consommé dans les 30 derniers jours. Le partage de matériel (37 % des sources d’approvisionnement déclarées par les jeunes) n’était évoqué que dans une seule étude, mais paraissait être une pratique importante.

Ces cigarettes électroniques obtenues de façon informelle provenaient le plus souvent « d’un ami » (47 % à 55 %, moyenne pondérée = 52 %), mais dans bien des cas aussi du cercle familial (5 % à 28%, moyenne pondérée = 11 %). Les modalités d’obtention des produits par ces amis n’étaient toutefois pas établies.

L’obtention de cigarettes électroniques dans un circuit commercial était assez variable (14 % à 41 %). Elle s’effectuerait essentiellement en boutique physique (52 % à 82 %, moyenne pondérée selon le nombre de participants = 62 %), les ventes en ligne étant nettement moins fréquentes (24 % à 32 %, moyenne pondérée = 31 %) ; ces achats provenaient parfois d’« autres » sources, qui n’étaient pas toujours définies. Les commerces physiques pouvaient être des magasins spécialisés dans le vapotage (4 % à 28 %, moyenne pondérée = 14 %), des stations-services (6% à 22%, moyenne pondérée = 12%), des bureaux de tabac ou d’autres types de magasins. Une étude a pointé que les établissements faisant partie d’une chaîne observaient dans l’ensemble mieux l’interdiction de vente aux mineurs que les magasins indépendants.

Un appel à renforcer les contrôles et les sanctions dans le circuit commercial

Les auteurs de l’étude observent ainsi une grande diversité des sources d’approvisionnement chez les mineurs. Ces sources d’approvisionnement mériteraient d’autant plus d’être explorées qu’elles se situent le plus souvent en milieu scolaire. Le partage de matériel avec des pairs apparaissant comme une pratique fréquente, les études gagneraient à mieux définir la frontière entre prêt et partage de matériel. Les ventes aux mineurs réalisées en magasin indiquent de leur côté que les réglementations sont loin d’être respectées. Les auteurs suggèrent sur ce point de renforcer les contrôles, à l’aide de clients-mystères, et d’être plus sévère en termes de sanctions (fortes amendes, retrait de la licence de vente).

Les pratiques d’approvisionnement en cigarettes électroniques peuvent être différentes d’un pays à l’autre, notamment en fonction des législations, mais les études manquent sur ce sujet, en particulier pour les pays qui ne sont pas anglo-saxons. Confrontés à la difficulté de comparer des données dont les méthodologies de recueil diffèrent, les auteurs suggèrent d’affermir ce type d’études en développant une approche standardisée utilisant les mêmes types de formulations et de catégories de réponse.

Mots-clés : Cigarettes électroniques, économie informelle, vente aux mineurs.

MF

[1] Graham-DeMello A, Hoek J, Drew J. How do underage youth access e-cigarettes in settings with minimum age sales restriction laws? A scoping review. BMC Public Health 23, 1809 (2023). https://doi.org/10.1186/s12889-023-16755-9