Consommation et perception des produits du tabac et de la nicotine dans l’UE

6 août 2024

Par: web-studios@hotmail.fr

Dernière mise à jour : 6 août 2024

Temps de lecture : 14 minutes

Consommation et perception des produits du tabac et de la nicotine dans l’UE

L'enquête Eurobaromètre consacrée aux « attitudes des Européens à l'égard des produits du tabac et de la nicotine, publiée en juin 2024, fournit un ensemble de données sur la consommation, les attitudes et les croyances des citoyens des 27 Etats membres de l’Union européenne, sur l’ensemble des produits du tabac et de la nicotine.

Pour cette enquête, un échantillon représentatif de 26 358 personnes âgées de 15 ans et plus a été interrogé entre le mois de mai et le mois de juin 2023, dont 1003 Français et 1038 Belges[1].

Etat des lieux de la consommation

Consommation de produits du tabac et de la nicotine

Selon l’Eurobaromètre, 25% des Européens indiquent consommer au moins une fois par mois un produit du tabac ou de la nicotine. La Bulgarie (38%), la Grèce (37%) et la Croatie (36%) affichent les prévalences les plus élevées de l’Union européenne. A l’inverse, la Suède enregistre la prévalence la plus faible, avec moins de 10% de consommateurs occasionnels ou quotidiens (9%), suivi des Pays-Bas (12%) et du Danemark (15%). Avec le Portugal, la Belgique affiche la septième prévalence la moins élevée de l’ensemble de l’Union européenne (21%), tandis que la France se caractérise par le plus haut niveau de consommateurs au sein de l’Europe de l’Ouest (30%).

Prévalence tabagique

L’enquête estime que l’Union européenne compte 24% de consommateurs de tabac, quotidiens ou occasionnels. La Bulgarie (37%), la Grèce (36%) et la Croatie (35%) enregistrent là encore les plus fortes prévalences, tandis que la Suède détient le plus faible taux de fumeurs (8%). Dans l’ensemble, la prévalence tabagique a reculé d’un point dans l’Union européenne depuis la dernière enquête menée en 2020. Dans le même intervalle de temps, onze Etats-membres ont vu leur prévalence tabagique reculer, tandis qu’un nombre identique de pays ont enregistré une augmentation de la consommation, et que cinq n’observent pas d’évolution. La République tchèque se distingue par la plus forte réduction de sa prévalence tabagique, passant de 30% à 23% en trois ans. A l’inverse, avec des prévalences respectives estimées à 32% et 25%, l’Estonie et l’Autriche font état d’une augmentation de sept points. En France, la prévalence tabagique a reculé d’un point (27%), tandis qu’elle demeure à un niveau équivalent en Belgique (21%).

Consommation régulière de tabac avant 18 ans

En moyenne, au sein de l’Union européenne, 55% des fumeurs actuels interrogés ont indiqué avoir consommé régulièrement du tabac avant l’âge de 18 ans. Sur les 27 Etats membres, seuls neufs ont une majorité de fumeurs qui sont devenus consommateurs réguliers après leurs 18 ans. Ces chiffres témoignent du caractère pédiatrique de l’épidémie tabagique, et soulignent en creux les stratégies de ciblage des jeunes par l’industrie du tabac.

Consommation quotidienne et produits du tabac consommés quotidiennement

Selon les chiffres de l’enquête, 86% des consommateurs de tabac sont fumeurs quotidiens. Parmi les fumeurs interrogés, 69% déclarent consommer quotidiennement des cigarettes manufacturées, et 18% du tabac à rouler. La consommation quotidienne de cigarillos, de cigares et de pipe ne concerne respectivement que 1% des fumeurs. En France et en Belgique, respectivement 72% et 84% des fumeurs sont consommateurs quotidiens. La consommation quotidienne de cigarettes manufacturées concerne 53% des fumeurs Belges et 60% des fumeurs Français, tandis que celle de tabac à rouler est signalée par 22% des consommateurs en Belgique et 27% en France. Dans les deux pays, 2% des fumeurs consomment des cigarillos au quotidien, et 1% des cigares.

Volumes consommés au quotidien

En moyenne, les répondants ont déclaré consommer 14 unités de tabac par jour dans l’ensemble de l’Union européenne. Au total, 8% des consommateurs de tabac indiquent consommer l’équivalent de plus d’un paquet par jour (plus de 20 unités de tabac). La Finlande et la Suède enregistrent les plus faibles volumes moyens de consommation, avec 10 unités de tabac consommées quotidiennement. Respectivement, seuls 3% et 2% des fumeurs de ces deux pays ont répondu fumer plus d’un paquet par jour. A l’inverse, la Grèce est l’Etat membre où les fumeurs indiquent avoir les plus fortes consommations quotidiennes, avec 18 unités de tabac par jour, suivi de la Bulgarie, de la Roumanie et de l’Autriche (17 unités). Pour cette dernière, 23% des fumeurs déclarent fumer en moyenne plus d’un paquet par jour. Avec 12 unités de tabac par jour, les volumes consommés en France et en Belgique arrivent en deçà de la moyenne européenne. Enfin, 5% et 6% des consommateurs de ces deux pays indiquent fumer l’équivalent de plus d’un paquet par jour.

Nouveaux et autres produits du tabac et de la nicotine

Consommation de cigarettes électroniques

Lors de l’enquête en 2023, 3% de l’ensemble des répondants ont déclaré être des consommateurs de cigarettes électroniques, soit deux points de plus qu’en 2020. L’Estonie et la Lettonie figurent parmi les pays de l’Union européenne où ces dispositifs sont le plus utilisés, avec une prévalence de respectivement 9% et 8%. A l’inverse, le Portugal affiche un taux de consommateurs inférieur à 1%. En France et en Belgique, la prévalence est estimée à 7% et 4%, soit une augmentation d’un point depuis 2020.

Parmi les personnes ayant indiqué être consommatrices de cigarettes électroniques, 67% mentionnent consommer au moins une fois par mois des dispositifs avec un réservoir rechargeable avec du liquide (42% en Belgique, 79% en France). Ces mêmes consommateurs sont par ailleurs 24% à consommer au moins une fois par mois des cigarettes électroniques à pods dans l’Union européenne (34% en Belgique, 9% en France), et 24% des cigarettes électroniques jetables – également appelées puffs (61% en Belgique, 13% en France).

Consommation de tabac à chauffer

La consommation de tabac à chauffer demeure à des niveaux relativement faibles dans l’Union européenne (2%), bien qu’elle puisse atteindre une prévalence de 5% au Portugal, à Chypre et en Lituanie. La prévalence Belge est estimée à 1%, tandis que la France, la Suède, la Finlande, Malte et le Danemark ont des consommations résiduelles (arrondies à 0%). Le volume moyen consommé par les utilisateurs de tabac à chauffer, estimé à 12 sticks par jour dans l’Union européenne, varie fortement selon les Etats-membres, allant de 4 pour la Suède et la Belgique à 17 pour la Grèce.

Consommation de sachets de nicotine

Récemment apparu sur le marché européen, seuls huit pays au moment de l’étude ont fait état d’une consommation de sachets de nicotine : le Danemark, l’Estonie, l’Italie, le Luxembourg, Malte, l’Autriche, la Finlande, la Suède. Cette dernière se distingue par une plus forte consommation que les autres pays, avec 6% de consommateurs quotidiens, et 9% de consommateurs quotidiens ou occasionnels. Cette situation s’explique par le fait que la Suède est le pays de l’Union européenne où le snus est consommée de manière traditionnelle, expliquant la plus forte acceptation des sachets de nicotine dans le pays, dont les modalités de consommation sont similaires.

Snus, tabac à chiquer et tabac à sniffer

Ces produits ne rentrent pas dans la catégorie des nouveaux produits du tabac, et leur consommation demeure à des niveaux faibles et concentrée dans six pays. La Suède, seul pays ou la commercialisation du snus est légale au sein de l’Union européenne, enregistre 12% de consommateurs de l’un de ces trois produits du tabac. Dans les autres pays, la consommation se situe à des niveaux relativement résiduels : Autriche (6%), Italie (3%), Finlande (2%), Danemark et Malte (1%).

Exposition à la publicité, attractivité et représentation des produits

Cigarettes électroniques

Publicité

En moyenne, dans l’ensemble de l’Union européenne, 20% des répondants interrogés par les enquêteurs ont indiqué avoir été exposés à des publicités en faveur des cigarettes électroniques. Ces résultats diffèrent toutefois fortement en fonction des Etats membres, puisque 2% des répondants au Portugal et 4% en Roumanie font état d’une telle exposition, tandis que cette dernière a été rapportée par 42% des répondants Suédois, et 35% des répondants Slovaques. En Belgique, 18% des répondants ont indiqué avoir été exposés à de la publicité pour des cigarettes électroniques. En France, cette proportion atteint 31% des répondants, alors que la publicité en faveur de ces produits est illégale, à l’exception d’affichettes strictement informatives sur le lieu de vente, non visibles de l’extérieur.

Attractivité

Les cigarettes électroniques sont toutefois considérées comme des dispositifs attrayants par seulement 5% des répondants de l’Union européenne. Cette attractivité est la plus soulignée par les répondants en Roumanie (15%) et à Malte (14%), tandis que seuls 1% des répondants néerlandais et suédois estiment que les cigarettes électroniques sont attrayantes. En France et en Belgique, cette proportion atteint 5%.

Représentation et sevrage

Dans l’ensemble, 12% des répondants estimaient en 2023 que les cigarettes électroniques sont un dispositif d’aide au sevrage tabagique, soit un recul de quatre points depuis la dernière enquête en 2020. En Italie, près d’un répondant sur quatre considère que les cigarettes électroniques sont un outil d’aide à l’arrêt, soit un recul de quinze points par rapport au sondage précédent. En Belgique et en France, cette proportion atteint 19%, reculant respectivement de 6 et 7 points depuis 2020. Cette représentation est peu partagée en Lettonie et au Portugal (6% des répondants).

Tabac à chauffer

Publicité

Dans l’ensemble de l’Union européenne, 30% des répondants ont affirmé avoir été exposés à une ou plusieurs publicités en faveur du tabac à chauffer. Cette proportion atteint jusqu’à 52% de la population en Roumanie. En France, 14% des sondés affirment avoir été exposés régulièrement, de temps à autre ou rarement, à ces publicités, contre 23% en Belgique. La publicité en faveur du tabac est pourtant interdite dans ces deux pays.

Attractivité

Seuls 3% des répondants considèrent le tabac à chauffer comme attrayant. Ces résultats varient toutefois fortement, puisque cette attractivité est soulignée par 16% des répondants en Roumanie, mais par seulement 1% des répondants dans sept Etat membres, dont la Belgique et la France.

Représentation : sevrage et réduction des risques

Au total, 8% des répondants en Union européenne pensent que le tabac à chauffer est un dispositif d’aide au sevrage tabagique. Cette proportion atteint jusqu’à 19% des répondants en Italie et 18% en Finlande, contre seulement 5% en France et 7% en Belgique.

Il est également intéressant de noter que la stratégie d’instrumentalisation de la notion de réduction des risques par les fabricants semble avoir une certaine efficacité, puisque 32% des consommateurs de tabac à chauffer dans l’Union européenne ont indiqué avoir commencé à utiliser ces produits en raison de leur supposée moindre nocivité. Toutefois, aucune indépendante ne montre que la consommation de tabac à chauffer s’accompagne d’une réduction des risques pour le fumeur. Cet argument de moindre nocivité est évoqué par 46% des consommateurs Français et par 9% des consommateurs Belges, comme raison expliquant leur initiation au tabac à chauffer.

Une majorité de polyconsommateurs

Les résultats de l’enquête semblent confirmer que le tabac à chauffer ne peut être considéré comme un outil de sevrage tabagique. En, effet, dans l’ensemble de l’Union européenne, 31% des consommateurs de tabac à chauffer ont indiqué que ce nouveau produit du tabac leur a permis d’arrêter de fumer des produits du tabac traditionnels. Toutefois, 6% ont mentionné que le tabac à chauffer leur a permis d’arrêter seulement temporairement le tabac traditionnel. Pour 24% des répondants, le tabac à chauffer leur a simplement permis une réduction de la consommation de tabac traditionnel, tandis que 34% des consommateurs de tabac à chauffer considèrent que leur consommation de tabac classique n’a par ailleurs pas évolué. L’enquête montre même que 2% des consommateurs de tabac à chauffer soulignent une augmentation de leur consommation de tabac traditionnel. Autrement dit, 69% des consommateurs de tabac à chauffer continuent à fumer des produits du tabac traditionnel, s’exposant ainsi à un double risque.

Sachets de nicotine

Publicité

Les résultats font état que 16% des répondants de l’Union européenne affirment avoir été exposés à des publicités pour les sachets de nicotine. Cette proportion varie fortement entre les Etats membres, allant de 5% pour les Pays-Bas à 44% pour la Suède. En France et en Belgique, ces proportions atteignent respectivement 9% et 14%. Les stratégies commerciales et publicitaires en faveur de ces produits sont régulièrement pointées du doigt par le Comité national contre le tabagisme, qui en demande l’interdiction, comme cela a été mis en place en Belgique.

Attractivité

Seuls 1% des répondants de l’Union européenne estiment que ces produits sont attrayants. Cette proportion demeure relativement faible dans l’ensemble des Etats membres, allant de 4% en Roumanie et en Slovaquie à 0% pour la France, la Grèce et le Danemark.

Exposition au tabagisme passif

L’enquête s’intéresse également à l’exposition des populations au tabagisme passif, dans les lieux à usage collectif. Ces tableaux ci-dessous en synthétisent les résultats, en présentant la proportion de la population ayant indiqué être exposée au tabagisme passif au cours des six mois précédant l’enquête, dans chacune des configurations suivantes.

Exposition des répondants au tabagisme passif dans les espaces publics (par ex. parcs, plages, entrée de bâtiments publics)
Union européenne72%
Le plus (Grèce)94%
Le moins (Hongrie)49%
France79%
Belgique73%
Exposition des répondants au tabagisme passif en terrasse extérieure d’un établissement de débit de boissons ou de restauration
Union européenne69%
Le plus (Malte)92%
Le moins (Hongrie)30%
France82%
Belgique75%
Exposition des répondants au tabagisme passif sur les stations extérieures de transport public (par ex. arrêts de bus, de tram ou de train)
Union européenne66%
Le plus (Luxembourg)86%
Le moins (Hongrie)40%
France73%
Belgique62%
Exposition des répondants au tabagisme passif lors d’événements en extérieur
Union européenne64%
Le plus (Grèce)88%
Le moins (Lettonie)39%
France69%
Belgique67%
Exposition des répondants au tabagisme passif sur les espaces extérieurs destinés aux enfants ou aux adolescents (aires de jeu, etc.)
Union européenne37%
Le plus (Croatie, Bulgarie)64%
Le moins (Hongrie)14%
France36%
Belgique34%
Exposition des répondants au tabagisme passif dans les espaces publics intérieurs où les gens ne fument pas normalement (par ex. des restaurants, bars, centres commerciaux, aéroports, salles de concert)
Union européenne22%
Le plus (Bulgarie et Chypre)46%
Le moins (Finlande)8%
France26%
Belgique24%
La réglementation des cigarettes électroniques doit être alignée sur celle des cigarettes manufacturées (% adhésion)
Union européenne59%
Le plus (Slovénie)84%
Le moins (Roumanie)37%
France62%
Belgique70%
La réglementation du tabac à chauffer doit être alignée sur celle des cigarettes manufacturées (% adhésion)
Union européenne59%
Le plus (Slovénie)83%
Le moins (Roumanie)41%
France60%
Belgique70%
La suppression des étalages pour les cigarettes électroniques (display ban) (% adhésion)
Union européenne51%
Le plus (Estonie)84%
Le moins (Italie)27%
France56%
Belgique70%
La suppression des étalages pour le tabac à chauffer (display ban) (% adhésion)
Union européenne51%
Le plus (Estonie)84%
Le moins (Italie)27%
France56%
Belgique70%
L’introduction du paquet neutre pour les cigarettes manufacturées
Union européenne42%
Le plus (Croatie et Irlande)66%
Le moins (République tchèque)30%
France46%
Belgique57%
L’interdiction de fumer dans les espaces extérieurs où la distanciation physique ne peut pas être garantie (parcs, plages, entrées de bâtiments publics, etc.)
Union européenne56%
Le plus (Malte et Suède)73%
Le moins (Grèce, Bulgarie, Chypre)45%
France68%
Belgique68%
L’interdiction de l'utilisation des cigarettes électroniques ou des produits du tabac chauffés dans les lieux où fumer est interdit
Union européenne66%
Le plus (Pays-Bas)84%
Le moins (Bulgarie)49%
France68%
Belgique72%
L’interdiction des arômes pour les cigarettes électroniques
Union européenne43%
Le plus (Lituanie)71%
Le moins (République tchèque)31%
France40%
Belgique53%

[1] European Union, Attitudes of Europeans towards tobacco and related products, juin 2024, (consulté le 24/07/2024)

Ces fiches peuvent aussi vous intéresser