Une étude scientifique constate des niveaux élevés de métaux toxiques dans certaines cigarettes électroniques jetables

1 juillet 2025

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 1 juillet 2025

Temps de lecture : 6 minutes

Une étude scientifique constate des niveaux élevés de métaux toxiques dans certaines cigarettes électroniques jetables

Une étude récemment publiée dans la revue ACS Central Science remet en question l’argument selon lequel les cigarettes électroniques seraient une alternative « saine » aux cigarettes classiques. Menée par des chercheurs du département de toxicologie environnementale de l’université UC Davis, elle révèle des concentrations étonnamment élevées de métaux et métalloïdes toxiques dans la vapeur de cinq dispositifs issus de trois marques populaires de cigarettes électroniques jetables sur la centaine existante, Esco Bar, Flum Pebble et ELF Bar (la marque d’e-cigarette la plus populaire parmi les adolescents et les jeunes adultes en 2023 et 2024 selon le CDC)[1].

Certaines cigarettes électroniques jetables particulièrement toxiques

D’après une étude de l’Université de Californie à Davis, certaines cigarettes électroniques jetables et pods libèrent, après quelques centaines de bouffées, plus de métaux toxiques que les anciens modèles de cigarettes électroniques voire que les cigarettes classiques.

L’étude a révélé que les cigarettes électroniques jetables testées pouvaient libérer beaucoup plus de plomb que des cigarettes traditionnelles. Il a été constaté notamment que 200 bouffées d’une Esco Bar libéraient quatre à treize fois plus de plomb qu'un paquet de 20 cigarettes.

Ces résultats conduisent les chercheurs à tirer la sonnette d’alarme. Malgré l’encadrement strict de la vente de ces dispositifs aux États-Unis par la FDA, qui en interdit notamment les arômes sucrés et la vente aux mineurs, ces dispositifs restent largement disponibles, notamment auprès des adolescents et jeunes adultes. Ceux-ci, bien que particulièrement vulnérables à l'exposition au plomb, sont attirés par l’emballage coloré et ludique de ces produits.

Les résultats montrent que la présence de nickel et d’antimoine dans les vapeurs de trois des appareils testés dépasse les seuils de risque cancérigène. Quatre appareils ont également libéré suffisamment de plomb et de nickel pour présenter un risque neurologique et respiratoire, indépendamment des risques de cancers.

Métaux lourds dans la vapeur : plomb, nickel, antimoine…

L’étude menée par l’équipe du Pr. Brett Poulin, professeur adjoint au département de toxicologie environnementale de l'UC Davis, a révélé que ces cigarettes électroniques contiennent des niveaux alarmants de plomb. Le plomb est neurotoxique et est associé aux cancers du poumon, des reins et du cerveau. Ont également été identifiés du nickel et de l’antimoine, qui sont associés à des cancers du nez et des sinus. Le doctorant Mark Salazar, premier auteur de l’étude, a initié les recherches après avoir analysé la cigarette électronique d’un ami : « Les concentrations de plomb étaient si élevées que j’ai cru que notre appareil de mesure était défectueux. ».

Les chercheurs ont testé sept modèles jetables de trois marques populaires, générant entre 500 et 1 500 bouffées par appareil. Les résultats indiquent que certains dispositifs émettent des quantités très élevées d’antimoine et de plomb dans la vapeur ; que les niveaux de chrome, nickel et antimoine augmentent avec le nombre de bouffées ; enfin que la plupart des cigarettes électroniques jetables testées libèrent bien plus de métaux toxiques que les modèles rechargeables plus anciens.

En démontant les appareils, ils ont découvert que les métaux proviennent soit directement du liquide, soit de composants internes qui libèrent les substances toxiques dans le liquide, ensuite inhalées par le vapoteur. Certaines pièces en alliage de bronze contiennent du plomb, les résistances chauffantes libèrent du nickel, et l’antimoine est déjà présent à haute dose dans les liquides.

Les experts de santé publique appellent à réglementer plus strictement ces produits, voire à les faire interdire

Les chercheurs appellent à une réglementation urgente de ces produits, notamment du fait de leur forte popularité chez les jeunes et de leur disponibilité. Ceux-ci sont, du reste, commercialisés bien souvent en l’absence d’autorisation de la FDA. Le marché évolue plus vite que la science, et peu d’études existent sur ces dispositifs récents. Cela laisse les consommateurs et les autorités mal informés des dangers réels.

Le Pr. Brett Poulin a commenté : « Notre étude met en évidence le risque caché de ces nouvelles cigarettes électroniques jetables très populaires, qui contiennent des niveaux dangereux de plomb neurotoxique et de nickel et d'antimoine cancérigènes, ce qui souligne la nécessité d'une application urgente de la législation ».

L’équipe souligne que des études plus larges sont nécessaires et que les travaux futurs devraient inclure davantage de marques et explorer si les arômes, les niveaux de nicotine, la durée de conservation et le stockage peuvent affecter la libération de ces métaux. Des études en laboratoire et des expérimentations animales sont également nécessaires pour suivre les effets à long terme, notamment pour déterminer si le chrome non toxique peut se transformer en sa forme cancérigène une fois inhalé dans les poumons.

Selon les données de vente rapportées par Reuters, des cigarettes électroniques illégales d'une valeur de 2,4 milliards de dollars ont été vendues aux États-Unis en 2024, alors qu’elles n’étaient ni réglementées ni testées par un organisme de surveillance. Cette étude souligne enfin la diversité des produits du vapotage et de leurs effets sur la santé. Selon les dernières données du CDC, environ 6 % des adultes américains, soit environ 17 millions de personnes, utilisent des produits du vapotage. Environ 6 % des lycéens déclarent avoir vapoté au moins une fois au cours des 30 derniers jours[2][3].

Une pratique d’autant plus inquiétante que d’après une étude états-unienne menée en mai 2025, 3,6 % des lycéens américains combinaient la consommation de sachets de nicotine et de cigarettes électroniques en 2024, renforçant encore les risques de problèmes de santé et d’addiction.

©Génération Sans Tabac

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[1]R. Salazar M., Saini L., B. Nguyen T., E. Pinkerton K., K. Madl A., M. Cole A., and A. Poulin B., “Elevated Toxic Element Emissions from Popular Disposable E-Cigarettes: Sources, Life Cycle, and Health Risks”, ACS Central Science, 25 juin 2025, https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acscentsci.5c00641

[2]Arrazola RA et al., Tobacco Product Use Among Adults — United States, 2017–2023, U.S. Department of Health and Human Services, Centers for Disease Control and Prevention, MMWR, publié le 6 mars 2025, Vol. 74, No. 7

[3]Park-Lee E et al., E-Cigarette and Nicotine Pouch Use Among Middle and High School Students — United States, 2024, U.S. Department of Health and Human Services, Centers for Disease Control and Prevention, MMWR, publié le 5 septembre 2024, Vol. 73, No. 35

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