Tabac chauffé et sachets de nicotine promus dans des magazines pour adolescents

26 décembre 2024

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 23 décembre 2024

Temps de lecture : 5 minutes

Tabac chauffé et sachets de nicotine promus dans des magazines pour adolescents

Plusieurs organisations de santé publique de dix pays ont interpellé les groupes médiatiques Hearst et Condé Nast, les exhortant à cesser la promotion de produits du tabac chauffé et de la nicotine auprès des jeunes. Ces entités, éditrices de magazines influents tels que Cosmopolitan, Vogue et GQ, sont accusées de diffuser des contenus qui normalisent l'usage de ces substances auprès d'un public adolescent.

Les promotions ont été publiées en ligne dans de nombreux pays et régions, dont l'Espagne, l'Europe de l'Est, le Mexique, l'Amérique latine et les États-Unis[1].

En réponse à ces promotions, l’organisation Campaign for Tobacco-Free Kids, ainsi que Vital Strategies, the Global Alliance for Tobacco Control, la John Hopkins School, le Global Center for Good Governance in Tobacco Control et le Tobacco Control Research Group de l'Université de Bath ont envoyé des lettres à Hearst et Condé Nast les invitant à mettre fin immédiatement à leur partenariat avec Philip Morris.

Des contenus sponsorisés faisant la publicité directe du dispositif IQOS

Selon les preuves recueillies par l’organisation Campaign for Tobacco-Free Kids, des magazines tels que Vogue, GQ, Glamour, ELLE et Esquire se sont associés à Philip Morris dans de nombreux pays pour promouvoir le dispositif de tabac chauffé IQOS en tant qu'accessoire de style de vie à la mode. Cette promotion est effectuée sur des plateformes de médias sociaux telles que Facebook et Instagram mais aussi à travers des articles sponsorisés directement sur le site internet des magazines.

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Les contenus payants faisant la publicité de produits du tabac et de la nicotine sont interdits par les politiques publicitaires actuelles de Meta, la société mère de Facebook et d'Instagram. Les fabricants de tabac paient donc des influenceurs pour qu'ils publient des articles sur leurs produits afin de contourner la réglementation en vigueur.

La publicité en ligne pour des produits du tabac tels qu'IQOS est illégale en Espagne, où de nombreuses publicités payantes sont diffusées directement par les magazines, selon les signataires de la lettre.

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Les magazines présentent ces produits du tabac comme des accessoires de style de vie à la mode dans tous les pays du monde et ils diffusent ce message auprès d’une importante audience d’adolescents et jeunes adultes. Philip Morris a lancé l'IQOS au Japon il y a 10 ans, et le produit est maintenant largement disponible dans de nombreux pays. Il fait l'objet d'un marketing intensif sur les médias sociaux auprès des jeunes et par les jeunes. Son lancement aux États-Unis est imminent.

Les sachets de nicotine Zyn présentés comme des « cadeaux à la mode » pour les jeunes filles

Aux États-Unis, des publicités payées pour les sachets de nicotine Zyn ont été associées à des articles dans des magazines tels que « Les 34 meilleurs cadeaux pour les adolescentes » et « Les meilleurs films de Noël pour les adolescents », sur les sites web de Seventeen et Cosmopolitan.

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Les sachets ZYN sont très fortement promus aux États-Unis. Ils ont rapidement gagné en popularité auprès des adolescents en devenant le deuxième produit à la nicotine le plus consommé par les collégiens et lycéens après les dispositifs de vapotage. Une étude publiée dans Substance Use & Misuse avait montré que de nombreuses publicités pour les sachets de nicotine étaient diffusées à la télévision durant les heures de grande écoute et associaient ces produits à des jeunes mannequins, des animations et de la musique. Ces publicités mettaient par ailleurs l'accent sur les arômes disponibles et sur les thèmes de l'expression personnelle et de l'acceptation sociale[2].

Sur TikTok et Instagram, les influenceurs prônent également la nicotine comme étant « l’Ozempic d’origine » et détournent les sachets de nicotine de la marque Zyn avec le hashtag «O-zyn-pic » pour faire référence au médicament antidiabétique Ozempic. Ce traitement, utilisé dans le traitement du diabète de type 2 a été détourné de son usage principal et est promu sur les réseaux sociaux pour perdre du poids rapidement. Il est actuellement en pénurie dans de nombreux pays. Les sachets de nicotine sont ainsi présentés comme des alternatives peu coûteuses (5$ par boîte de 15 sachets) et disponibles partout[3].

Une étude menée par CTFK en 2023 a montré que les fabricants British American Tobacco (BAT) et Philip Morris utilisent au moins 56 comptes de médias sociaux dans au moins 45 pays pour promouvoir directement leurs produits, et ce malgré les politiques publicitaires du groupe META interdisant les publicités pour les produits du tabac et de la nicotine. Le rapport montre que les publicités promouvant les produits des deux fabricants ont été vues plus de 3,4 milliards de fois sur les médias sociaux et que 40 % du public avait moins de 25 ans et 16 millions moins de 18 ans.

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Communiqué, Global Public Health Advocates from 10 Countries Demand Hearst and Conde Nast Stop Promoting Tobacco and Nicotine to Kids, CTFK, publié le 19 décembre 2024, consulté le 20 décembre 2024

[2] Génération sans tabac, États-Unis : Les publicités télévisées pour le vapotage et les sachets de nicotine orientées vers les jeunes, publié le 1er octobre 2024, consulté le 20 décembre 2024

[3][3] Génération sans tabac, États-Unis : des sachets de nicotine promus pour perdre du poids, publié le 23 mai 2024, consulté le 20 décembre 2024

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