Tabac, alcool, aliments malsains : les Anglais en faveur de nouvelles réglementations
18 août 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 14 août 2024
Temps de lecture : 5 minutes
Une récente enquête menée pour la Health Foundation montre un net soutien de la part de la population anglaise à l’égard d’un renforcement des réglementations sur le tabac, l’alcool, et les aliments ultra-transformés, trop sucrés ou trop salés. Au regard de l’impact sanitaire de ces différents produits, la Health Foundation appelle les pouvoirs publics à mettre en place des politiques ambitieuses de santé publique, notamment à l’égard des populations les plus précaires.
L’étude, réalisée par Ipsos pour la Health Foundation en mai 2024, repose sur un échantillon de 2136 personnes âgées de 16 ans et plus, représentatif de la population nationale anglaise[1].
Âge légal de vente du tabac et réduction du nombre de points de vente : un soutien global de la population
Selon le sondage, les mesures de lutte contre le tabagisme sont très majoritairement soutenues par l’opinion publique anglaise. Ainsi, 69% des personnes interrogées se sont déclarées favorables à l’augmentation progressive de l’âge d’interdiction de vente de tabac (une année par an). Une telle mesure permettrait d’interdire dans les faits la vente de tabac à partir d’une génération donnée. Seuls 15% des répondants ont indiqué s’opposer à la mise en place de cette proposition.
De la même manière, l’enquête Ipsos fait état d’un fort soutien de la population anglaise (62%) à l’égard d’une possible politique de réduction du nombre de détaillants, visant à diminuer l’accessibilité des produits du tabac.
Le sondage montre des résultats différents selon les sensibilités politiques des personnes interrogées. Ainsi, les sympathisants du parti conservateur sont plus nombreux à manifester un fort soutien à l’augmentation de l’âge d’interdiction de vente de tabac que les électeurs du parti travailliste (55% contre 43%). A l’inverse, les personnes susceptibles de voter pour le parti travailliste sont davantage susceptibles d’accorder un fort soutien à la réduction du nombre de détaillants que leurs homologues conservateurs (38% contre 34%).
Publicité et taxation de l’alimentation salée, sucrée et ultra-transformée
L’enquête Ipsos montre également un très net soutien de la population anglaise à l’égard d’un renforcement de la réglementation pour limiter la consommation des aliments ultra-transformés, trop sucrés ou trop salés. Ainsi, 62% des sondés ont déclaré soutenir l’interdiction de toute publicité pour ces produits avant 21 heures à la télévision, ainsi qu’en ligne, tandis que seuls 14% indiquent s’opposer à une telle mesure. Par ailleurs, 58% de la population déclare soutenir la proposition de taxer les producteurs de produits trop salés ou trop sucrés, et de flécher une partie de ces revenus fiscaux pour fournir une incitation financière aux personnes précaires à l’achat de fruits et légumes. De la même manière, 53% des répondants sont favorables à la mise en place d’une mesure similaire, aussi à l’encontre des producteurs de produits alimentaires ultra-transformés.
L’instauration d’une taxe sur les producteurs de produits trop sucrés ou salés est massivement soutenue par les sympathisants du parti travailliste (70%), bien davantage que par ceux du parti conservateur (54%). Pour la taxation des aliments ultra-transformés, l’écart entre les sensibilités politiques est encore plus marqué, puisque 64% des électeurs du parti travailliste y sont favorables, soit 17 points de plus que pour les électeurs conservateurs.
Une majorité relative d’Anglais en faveur d’un renforcement de la réglementation sur l’alcool
L’enquête fait état de résultats plus mitigés quant à la réglementation sur l’alcool. Ainsi, la proposition d’interdiction du marketing lors d’événements sportifs est la seule mesure qui parvient à obtenir le soutien de la majorité de la population (52%). Par ailleurs, 42% des répondants ont indiqué être en soutien de la mise en place d’un prix minimum pour l’alcool, permettant d’éviter la commercialisation de boissons alcoolisées à des prix trop accessibles. Enfin, seuls 38% des sondés se sont déclarés favorables à l’interdiction des pratiques promotionnelles sur la vente d’alcool. Toutefois, ce plus faible soutien des mesures de lutte contre l’alcool s’explique essentiellement par le fait que pour chaque proposition, entre 21% et 26% des répondants indiquent être ni favorables ni défavorables à leur mise en place. De ce fait, la proportion de la population déclarant être opposée à ces trois mesures demeure relativement basse (entre 25% et 35%).
Là encore, les niveaux de soutien des répondants tendent à varier en fonction de leurs préférences politiques. Dans l’ensemble, les électeurs du parti conservateur se déclarent nettement moins favorables à la mise en place de ces trois mesures. Ainsi, la proportion d’entre eux favorables à l’interdiction des pratiques promotionnelles et des stratégies marketing lors d’événements sportifs est inférieure de deux points à la moyenne nationale, et celle de soutiens à l’instauration d’un prix minimum de vente de six points. A l’inverse, les sympathisants des Libéraux-Démocrates montrent généralement le soutien le plus prononcé aux mesures de lutte contre l’alcool. A l’exception de l’interdiction des pratiques promotionnelles (48%), cette catégorie de répondants se positionne majoritairement en faveur de ces mesures, allant jusqu’à 55% pour l’instauration d’un prix minimum de vente, soit 13 points de plus que la moyenne de l’ensemble des sondés.
FT
[1] The Health Foundation, What action does the public think the government should take on tobacco, alcohol and unhealthy food?, 12/08/2024, (consulté le 13/08/2024)
Comité national contre le tabagisme |