Un rapport alerte sur l’impact des réseaux sociaux sur la consommation de substances addictives

11 mars 2022

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 11 mars 2022

Temps de lecture : 5 minutes

Un rapport alerte sur l’impact des réseaux sociaux sur la consommation de substances addictives

La fondation Addiction Suisse vient de publier son rapport annuel « Panorama Suisse des Addictions 2022 - Transformation numérique et addictions : bienvenue au Far West »[1]. Le rapport dresse une vue d’ensemble des évolutions les plus récentes dans le domaine des addictions. Il met l’accent sur le numérique, en particulier les réseaux sociaux, dont l’essor touche également les produits à consommation problématique, comme le tabac, l’alcool, les drogues illicites ou encore les jeux d’argent.

Avec 27% de fumeurs, la Suisse n’a pas enregistré de baisse de sa prévalence tabagique en une décennie. La part des fumeurs est de 32% chez les 15-24 ans et 36% pour les 25-34 ans. Cette forte prévalence entraine un fardeau de taille pour la collectivité : à elle seule, la consommation de cigarettes (sans les autres produits du tabac et le tabagisme passif) entraîne chaque année des coûts économiques allant de 3,8 à 6 milliards d’euros, dont plus de trois milliards pour les dépenses de santé.

Le rôle des réseaux sociaux pointé du doigt

Le rapport indique qu’Internet et les réseaux sociaux offrent de nouvelles opportunités pour promouvoir des produits potentiellement addictifs et placer des publicités ciblées, notamment en direction des jeunes, de manière continue. Pour redorer son image ternie, l’industrie du tabac tente de normaliser la consommation en se positionnant sur la modernité de nouveaux produits contenant de la nicotine, qu’elle promeut via des influenceurs sur les plateformes plébiscitées par les plus jeunes (Instagram, Tiktok). Bien qu’internet ne soit pas une zone de non-droit, l'application du droit en vigueur en Suisse reste difficile sur les réseaux sociaux, comme le montrent la présence de ces influenceurs et la vente en ligne des produits du tabac et de la nicotine à des mineurs.

Selon une récente étude suisse menée auprès d’adolescents âgés de 15 à 19 ans, les réseaux Instagram, TikTok et Snapchat sont également les plateformes où les contenus liés à la consommation de substances addictives y sont le plus souvent lus, postés ou partagés (Tabac, alcool, cannabis et cigarettes électroniques). Qu’il s’agisse de publications ou photos personnelles, de comptes et personnes suivies, ces substances sont omniprésentes et leur consommation totalement banalisée. Selon l’étude, cette accessibilité des produits et leur normalisation contribuent à favoriser la consommation et à maintenir l’addiction nicotinique des jeunes.

Un phénomène renforcé par la pandémie de covid19

L’utilisation des outils numériques a été particulièrement renforcée pendant la crise sanitaire. Les réseaux sociaux sont notamment devenus de véritables plateforme d’informations, mais aussi de désinformation. Une étude suisse montre que la présence des jeunes âgés de 10 à 18 ans sur les réseaux sociaux s’est renforcée pendant les confinements. Une opportunité pour les compagnies de tabac qui ont soigneusement conçu des campagnes de marketing sur ces plateformes pour recruter de nouveaux utilisateurs par la promotion de nouveaux produits du tabac et de la nicotine (tabac chauffé et cigarettes électroniques).

Pendant les confinements, dans plusieurs pays européens dont la Suisse, les fabricants de tabac ont ainsi fait la promotion sur les réseaux sociaux, d'offres spéciales et mis en avant la « livraison sans contact et à domicile » de leurs produits de tabac chauffé et de vapotage.

Appel à un renforcement des mesures de lutte contre le tabagisme

Portée par les organisations de santé, l’initiative de consultation populaire « Enfants sans tabac » a recueilli une nette majorité de suffrages le 13 février dernier. Elle a ainsi été approuvée à la double majorité du peuple et des cantons, malgré une forte opposition de l’industrie du tabac. Bien que ce vote constitue une percée pour la protection des mineurs contre le marketing du tabac, les efforts appellent à être poursuivis. Pour limiter l’attractivité des produits du tabac auprès des jeunes, les auteurs du rapport souhaitent l’introduction du paquet neutre, levier qui a prouvé son efficacité dans plus de 20 pays dans le monde. Des hausses importantes et constantes des prix du tabac et des cigarettes électroniques devraient aussi être mise en place pour limiter la consommation.

La Suisse figure encore en queue du classement européen Tobacco Control Scale, un rapport sur l’état des politiques publiques antitabac menées dans les pays européens. Le pays, qui demeure à ce jour l’un des derniers pays à ne pas avoir ratifié la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac (CCLAT), est aujourd’hui considéré comme la place forte de l’industrie du tabac dans le monde. Les processus politiques restent par ailleurs très influencés par l’industrie du tabac et le rapport appelle à une réelle prise de conscience dans ce domaine.

Mots clés : Suisse, marketing, réseaux sociaux, publicité, tabac, vapotage

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Panorama suisse des addictions 2022 - Transformation numérique et addictions : bienvenue au Far West, Addiction Suisse, publié le 9 mars 2022, consulté le jour-même

Comité National Contre le Tabagisme |

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