L’administration Trump cède à une stratégie théorisée par les cigarettiers

12 janvier 2021

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 12 janvier 2021

Temps de lecture : 3 minutes

L’administration Trump cède à une stratégie théorisée par les cigarettiers

L’Agence de protection de l’environnement américaine (EPA), a mis en place une nouvelle stratégie limitant les études pouvant être prises en compte dans l’élaboration de politiques publiques. Cette nouvelle réglementation, accusée par ses détracteurs d’handicaper la réglementation en matière environnementale et de santé publique, concrétise une stratégie initiée par les cigarettiers 25 ans plus tôt[1].

Désormais, dans l’élaboration d’une décision réglementaire aux États-Unis, les études rendant publiques leurs données brutes seront prioritairement prises en compte sur celles comportant des données confidentielles. Concrètement, cette hiérarchisation exclut de fait les études scientifiques portant sur la santé ou l’environnement. Ces cinquante dernières années, ces dernières ont pourtant joué un rôle essentiel dans la connaissance et la réglementation de divers produits et composés toxiques (métaux lourds, pesticides, etc). La concrétisation de cette nouvelle règle a été permise par Andrew R. Wheeler, ancien lobbyiste du charbon[2] et administrateur de l’EPA (illustration ci-dessus).

La « junk science», une invention des cigarettiers

Cette stratégie a été mise au point par l’industrie du tabac afin de bloquer et de retarder toute réglementation sur le tabac. Ainsi, la RJ Reynolds Tobacco Company, pour discréditer les recherches scientifiques pointant les dangers du tabagisme passif, a cherché à exiger de nouveaux critères scientifiques, comme la transparence. Pourtant, l’existence de données confidentielles ne signifie pas pour autant opacité : elle est simplement la garantie de l’anonymisation des résultats et du secret médical. En créant cet amalgame, l’industrie du tabac a ainsi pu diffuser l’idée selon laquelle certaines études relèveraient d’une « junk science » (science poubelle), et ainsi décrédibiliser les travaux pouvant potentiellement menacer ses intérêts. Très rapidement, un certain nombre d’industrie dites « controversées », à l’instar des hydrocarbures, se sont emparées de cette stratégie pour freiner certaines réglementations, démontrant une nouvelle fois le rôle avant-gardiste des cigarettiers dans la mise en œuvre de techniques de lobbying.

Mots clés : EPA, science, réglementation ©Génération Sans Tabac
[1] Eco Watch, EPA to Adopt Big Tobacco's 'Secret Science' Rule, 05/01/2021, (consulté le jour même) [2] New York Times, A Plan Made to Shield Big Tobacco From Facts Is Now E.P.A. Policy, 04/01/2021, (consulté le 05/01/2021) Comité National Contre le Tabagisme |

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