L’OMS met en garde contre le vapotage qui touche plus de 15 millions des 13-15 ans dans le monde
16 octobre 2025
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 8 octobre 2025
Temps de lecture : 4 minutes
Selon de nouvelles estimations publiées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au moins 15 millions d’adolescents âgés de 13 à 15 ans, soit 7,2 % d’entre eux, utilisent la cigarette électronique dans le monde[1]. Dans les pays disposant de données, les jeunes sont, en moyenne, neuf fois plus susceptibles de vapoter que les adultes. L’OMS estime à plus de 100 millions le nombre total d’utilisateurs de cigarettes électroniques, dont 86 millions d’adultes, soit 1,9 % des adultes, principalement dans les pays à revenu élevé.
Une hausse marquée du vapotage chez les jeunes à l’échelle mondiale
Ces chiffres s’inscrivent dans un contexte de baisse continue du tabagisme mondial : le nombre de consommateurs de produits du tabac est passé de 1,38 milliard en 2000 à 1,2 milliard en 2024.
Face au renforcement des réglementations antitabac et au déclin des ventes de produits du tabac, l’industrie du tabac a défini une nouvelle stratégie se traduisant par la mise sur le marché de nouveaux produits aux côtés des produits du tabac habituels. En parallèle, les fabricants proposent un nouveau récit dans lequel ils affirment cibler les fumeurs adultes souhaitant réduire leur consommation ou arrêter le tabac. Cependant, l’OMS met en garde contre une nouvelle vague de dépendance à la nicotine parmi les jeunes induite par cette stratégie. Les cigarettes électroniques ne brûlent pas de tabac et ne produisent ni goudron ni monoxyde de carbone, deux des éléments les plus nocifs de la fumée de tabac, mais elles contiennent de la nicotine, responsable d’une dépendance très rapide et puissante[2], ayant des effets sur le développement cérébral des jeunes. Ainsi, tous ces nouveaux produits, qui n’ont pas les mêmes caractéristiques, ne sont pas anodins pour la santé.
« Les cigarettes électroniques sont présentées comme une solution de réduction des risques, mais dans la réalité, elles entraînent une dépendance plus précoce à la nicotine et compromettent des décennies de progrès en matière de santé publique », a déclaré Etienne Krug, directeur du département des déterminants sociaux, de la promotion et de la prévention de la santé à l’OMS.
« Nous nous attendons à ce que les pays doivent désormais s'attaquer simultanément aux deux problèmes : le tabac et la cigarette électronique », a déclaré Alison Commar, auteure principale du rapport[3]. « Nous constatons que dans chaque pays et chaque région, de très jeunes enfants ont accès [à la cigarette électronique]. Aucun pays n'atteint une prévalence zéro chez les enfants [à partir de 13 ans]. ».
Un appel à mieux encadrer la cigarette électronique, qui cible les jeunes
Alors que de nombreux pays ont fourni des efforts pour introduire des réglementations sur les cigarettes électroniques afin de lutter contre le vapotage des enfants, à la fin 2024, 62 pays n’avaient toujours pas de politique en place et 74 pays n’avaient pas d’âge minimum à partir duquel les cigarettes électroniques peuvent être achetées, indique l’OMS.
Le Directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a commenté : « Les gouvernements doivent agir plus rapidement et plus fermement pour mettre en œuvre des politiques antitabac éprouvées. ».
L’OMS appelle ainsi à renforcer l’application des politiques de lutte antitabac, notamment la hausse des taxes et l’interdiction de toute publicité pour les produits de tabac mais aussi à appliquer de telles dispositions à l’égard des autres produits à la nicotine, s’ils n’en ont pas purement et simplement interdit la commercialisation, afin d’éviter qu’ils ne compromettent les progrès réalisés dans la réduction du tabagisme mondial.
Ces recommandations de l’OMS interviennent alors que la Commission européenne a dévoilé en juillet 2025 une proposition de révision en profondeur de la directive encadrant les accises sur les produits du tabac et de la nicotine. En harmonisant les taux minimaux d’imposition, en intégrant les nouveaux produits nicotinés (e-liquides, tabac chauffé, sachets de nicotine, tabac oral) au cadre fiscal européen et en renforçant les outils de lutte contre la fraude, cette réforme ambitionne de réduire significativement la consommation de tabac, en particulier chez les jeunes, de diminuer les inégalités entre États membres et de contribuer à l’objectif d’une génération sans tabac d’ici 2040.
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[1]Emma Rumney, WHO estimates at least 15 million teenagers use e-cigarettes worldwide, Reuters, publié le 6 octobre 2025, consulté le 7 octobre 2025
[2]Michelle Roberts, Alarming number of people now vape, says WHO, BBC, publié le 6 octobre 2025, consulté le 7 octobre 2025
[3]Stephanie Stacey, Vaping fuelling a new wave of nicotine addiction, UN agency says, Financial Times, publié le 6 octobre 2025, consulté le 7 octobre 2025