L’interdiction du menthol en Europe : quelle efficacité ?
28 septembre 2022
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 28 septembre 2022
Temps de lecture : 3 minutes
L’interdiction du menthol a été efficace pour augmenter les tentatives d’arrêt auprès des fumeurs, ainsi que pour réduire la consommation de produits mentholés. Ce sont les conclusions d’une étude publiée dans la revue Tobacco Control, qui appelle toutefois les pouvoirs publics à combler les lacunes réglementaires, qui permettent encore aujourd’hui de consommer des produits du tabac au menthol.
L’interdiction des cigarettes et du tabac à rouler au menthol a été mise en place dans toute l’Union européenne à partir du 20 mai 2020, à la suite de la Directive européenne sur les produits du tabac (DPT) de 2014. Pour mesurer l’efficacité d’une telle mesure, les chercheurs ont observé les comportements tabagiques d’un échantillon de 1326 personnes, représentatif de la population néerlandaise, à trois périodes précises : avant l’interdiction, entre février et mars 2020 (vague 1), après l’interdiction, entre septembre et novembre 2020 (vague 2) et entre juin et juillet 2021 (vague 3)[1].
Plus de tentatives et plus d’arrêts chez les consommateurs de menthol
Les résultats de l’étude montrent que la part de consommateurs de menthol chez les fumeurs a significativement diminué entre la vague 1 et la vague 3, passant de 7,8% à 4,4%. Par ailleurs, l’interdiction semble avoir poussé les consommateurs de menthol à essayer d’arrêter leur consommation. Ainsi, si 49,6% des fumeurs de tabac non mentholé ont déclaré avoir fait au moins une tentative d’arrêt du tabac sérieuse pendant la vague 2 ou la vague 3, cette proportion grimpe à 66,9% auprès des consommateurs de menthol. Par ailleurs, à la vague 2, 17,8% des fumeurs de menthol avaient arrêté de fumer, contre seulement 10,2% des fumeurs de tabac non mentholé. A la vague 3, cette proportion est passée à 26,1% pour les consommateurs de menthol, et à 14,1% pour les autres. Les résultats ont par ailleurs montré que ces abandons réussis du tabac étaient plus fréquents chez les femmes et des personnes à revenus modérés.
Des failles dans la réglementation permettent à l’industrie de contourner l’interdiction
Parmi les fumeurs de tabac mentholé au moment de la première vague, 40% d’entre eux sont passés aux cigarettes sans menthol à la vague 3, 33% ont déclaré avoir continué leur consommation de cigarettes mentholées, tandis qu’un peu plus de 26% d’entre eux ont indiqué avoir arrêté leur consommation de tabac. La forte proportion de consommateurs de menthol déclarant continuer à consommer des produits au menthol malgré l’interdiction s’explique par le fait que la Directive européenne interdit l’utilisation d’arômes « caractérisant », laissant la porte ouverte à l’industrie pour commercialiser des nouveaux produits du tabac, perçus comme mentholés par les consommateurs, mais non vendus comme tels. Par ailleurs, les fabricants ont également déployé sur les marchés européens un certain nombre d’alternatives pour réduire l’efficacité de la mesure d’interdiction. Pour cette raison, les chercheurs soulignent la nécessité de renforcer la loi, et proposent une interdiction totale du menthol.
Mots-clés : Menthol, Union européenne, Etude ©Génération Sans TabacFT
[1] Kyriakos CN, Driezen P, Fong G, et al, Impact of the European Union’s menthol cigarette ban on smoking cessation outcomes: longitudinal findings from the 2020–2021 ITC Netherlands Surveys, Tobacco Control Published Online First: 26 September 2022. doi: 10.1136/tc-2022-057428
Comité national contre le tabagisme |