L’industrie du tabac au cœur de la pollution environnementale

28 février 2023

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 28 février 2023

Temps de lecture : 5 minutes

L’industrie du tabac au cœur de la pollution environnementale

Dans un article paru dans les colonnes du New York Times, la Stop Tobacco Pollution Alliance rappelle les dégâts occasionnés par l’industrie du tabac sur l’environnement, en particulier en matière de pollution plastique. L’Alliance évoque la nécessité d’envisager l’interdiction des filtres pour les produits du tabac, et l’interdiction des arômes pour les nouveaux produits de la nicotine[1].

L’industrie du tabac instrumentalise la responsabilité des entreprises dans une stratégie d’image

L’impact de l’industrie du tabac sur l’environnement est un fait établi. Depuis la culture, le séchage, le transport jusqu’à la consommation, le tabac contribue significativement à l’épuisement et à la pollution des sols et des cours d’eaux, à la surconsommation hydrique, à la déforestation, ou encore au changement climatique. Malgré cela, l’industrie du tabac multiplie les efforts de responsabilité sociale des entreprises (RSE), visant simultanément à renormaliser le tabagisme et son industrie. Pour ces raisons, la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), qui postule l’existence d’un conflit fondamental et irréconciliable entre les intérêts de l’industrie du tabac et ceux de la santé publique, contraint les Parties à appliquer une interdiction totale de la publicité en faveur du tabac, incluant les stratégies de responsabilité sociale.

Faire supporter le coût environnemental par l'industrie du tabac

Un nombre grandissant de juridictions considère désormais que la gestion de l’impact environnemental de l’industrie du tabac ne peut être réalisée par des politiques volontaires d’autorégulation de la part des fabricants, mais encadrées selon le principe contraignant du « pollueur-payeur ». Comme le souligne la Stop Tobacco Pollution Alliance, cent millions de dollars sont chaque années consacrés par l’industrie du tabac aux activités de RSE. Une telle somme, a priori impressionnante, reste toutefois à mettre en perspective avec les neuf milliards de dollars investis chaque année par les fabricants dans la publicité.

Par ailleurs, ces cent millions de dollars sont loin de recouvrir les dégâts environnementaux occasionnés par l’activité du secteur : selon un rapport Tobacco's Toxic Plastics: A Global Outlook, le coût financier de la pollution environnementale de l’industrie du tabac s’élève au moins à 2,1 milliards de dollars. En France, si les pouvoirs publics ont cherché à intégrer cet impératif du pollueur-payeur sur la question du tabac à travers la mise en place d’un éco-organisme, le manque d’indépendance de ce dernier à l’égard des fabricants de tabac a notamment été critiqué par la santé publique.

Le filtre, une invention de l’industrie du tabac délétère pour la santé publique et l’environnement

Une partie de la pollution environnementale engendrée par l’industrie du tabac provient de la question des mégots, dont la quantité et les niveaux de toxicité en font un déchet particulièrement polluant, invasif et non-recyclable. Or, ces mégots sont principalement composés d’un filtre, pourtant démontrés comme injustifiés sur le plan sanitaire. En effet, la présence de filtres conduit le fumeur à prendre des bouffées plus profondes et prolongées, et, en rendant la fumée moins âcre, participe à faciliter l’initiation au tabagisme.

Le filtre est par ailleurs une innovation portée par l’industrie du tabac, visant à trois objectifs. D’abord, rassurer le consommateur sur les risques de sa consommation de tabac, en lui faisant croire à une réduction des risques, et ainsi le dissuader d’entamer un sevrage tabagique. Ensuite, éviter le contact direct entre le tabac et la bouche du consommateur, jugé désagréable par ce dernier. Enfin, réduire les coûts pour les fabricants, en remplaçant une partie du tabac de la cigarette par du plastique, moins cher à la production. La généralisation du filtre s’est traduit par une dégradation de la situation sanitaire, avec l’apparition d’un risque accru d'adénocarcinome, un type de cancer du poumon plus agressif.

Les arômes facilitent l’initiation des adolescents à la nicotine

Enfin, la Stop Tobacco Pollution Alliance souligne le danger que fait peser le succès de la cigarette électronique auprès des jeunes sur la santé publique. En particulier, la démultiplication des arômes est pointée du doigt comme relevant d’une stratégie visant à cibler les jeunes générations, et de faciliter leur initiation aux nouveaux produits de la nicotine le plus tôt possible. Ainsi, alors que les fabricants affirment que les arômes sont des facteurs incitateurs au sevrage tabagiques, les données actuellement disponibles tendent à démontrer qu’ils sont davantage des portes d’entrée pour les adolescents et pré-adolescents vers la consommation nicotinique.

Aux Etats-Unis, 85% des collégiens et lycéens consommateurs de cigarettes électroniques utilisent des arômes, majoritairement fruités et sucrée. En France, 56% des adolescents de 13 à 16 ans ayant déjà consommé une cigarette électronique jetable (puff), les goûts, originaux et fruités, représentent le premier argument les ayant poussés à la consommation. C’est précisément en raison de leur rôle dans l’initiation nicotinique des plus jeunes que le Comité national contre le tabagisme (CNCT) a appelé les pouvoirs publics à interdire les arômes, comme l’ont déjà fait de plus en plus de pays européens (Danemark, Finlande, Pays-Bas).

Mots-clés : Stop Tobacco Pollution Alliance, New York Times, Plastique ©Génération Sans Tabac

FT


[1] The New York Times, Uncovering the Truths Behind the Tobacco Industry’s Deception, 21/02/2023, (consulté le 22/02/2023)

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