Le tabac chauffé au moins aussi nocif que la cigarette sur les plans respiratoire et cardiovasculaire

Une étude allemande a comparé les conséquences aigues sur les voies respiratoires et la rigidité artérielle des usages de tabac chauffé, de cigarette classique et de cigarette électronique. Sur le plan cardiovasculaire, elle conclut à une nocivité similaire des produits de tabac chauffé IQOS et glo et des cigarettes classiques. La nocivité du tabac chauffé au niveau des petites voies aériennes pourrait même être plus importante que celle des cigarettes classiques.

Les industriels du tabac présentent les dispositifs de tabac chauffé comme des alternatives moins nocives pour la santé que les cigarettes classiques. Les études financées par ces industriels suggèrent que certaines émissions toxiques caractéristiques du tabac fumé ne seraient pas ou seraient moins présentes avec le tabac chauffé.

Après avoir mesuré les effets aigus du tabac chauffé, des cigarettes classiques et des cigarettes électroniques sur les voies respiratoires et sur la rigidité artérielle, une équipe de chercheurs allemands met aujourd’hui en doute ces affirmations[1].

Test randomisé et mesures d’indicateurs biologiques

Les chercheurs ont testé et mesuré les réactions des petites voies aériennes (PVA) et de la rigidité artérielle suite à la consommation de plusieurs produits du tabac et de la nicotine. Les participants étaient 17 étudiants (8 hommes, 7 femmes) en bonne santé et d’un âge moyen de 24 ans, tous fumeurs occasionnels. Ils ne devaient consommer ni alcool, ni produits contenant de la nicotine dans les 48 heures précédant le premier test. Chaque participant testait de façon randomisée, et à 48 heures d’intervalle, les différents produits proposés. Les explorations cardiovasculaires et respiratoires étaient effectuées avant et après chaque consommation.

Quatre types de produits étaient évalués : tabac chauffé de deux marques différentes (IQOS de Philip Morris International/PMI, et glo de British American Tobacco/BAT), cigarettes classiques (Marlboro Gold de PMI), et cigarette électronique sans nicotine (eGo, de la marque Dipse), en comparaison avec un dispositif-témoin : une cigarette électronique sans e-liquide.

Incidence sur les petites voies aériennes et sur le risque cardiovasculaire

Les résultats indiquent que l’obstruction et la résistance des petites voies aériennes étaient significativement augmentées avec le tabac chauffé, les cigarettes classiques et la cigarette électronique sans nicotine, en comparaison avec le dispositif-témoin. De plus, l’augmentation des résistances mesurée était plus importante, bien que de façon non significative, avec le tabac chauffé qu’avec les cigarettes classiques. Cette observation, en concordance avec les résultats d’autres observations indépendantes, est importante, car l’augmentation des résistances aériennes est un marqueur précoce de la survenue des broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO). Ces maladies sont très souvent dues à la consommation de cigarettes classiques, pouvant conduire à l’insuffisance respiratoire.

Sur le plan cardiovasculaire, la fréquence cardiaque et la pression artérielle systolique – centrale comme périphérique – augmentaient significativement avec les seuls trois produits contenant de la nicotine, de même que la résistance périphérique totale. Ces altérations des fonctions cardio-vasculaires étaient identiques entre le tabac chauffé et les cigarettes classiques. Cette observation est d’importance, sachant qu’une pression artérielle et une rigidité artérielle élevées sont des facteurs de risques d’hypertension et de mortalité cardiovasculaire.

Un risque identique, voire possiblement supérieur, du tabac chauffé par rapport à la cigarette classique, sur la santé respiratoire et cardio-vasculaire

Sachant que les cigarettes classiques sont un grand pourvoyeur de maladies respiratoires et cardio-vasculaires souvent mortelles, et compte-tenu de leurs observations faites à partir de marqueurs prédictifs de survenue de ces deux types de pathologies, les chercheurs concluent qu’ils n’ont observé aucun argument scientifique en faveur d’une éventuelle réduction des risques qu’apporterait la consommation de tabac chauffé, en comparaison avec celle de cigarettes classiques. Ils soulignent enfin l’intérêt d’utiliser des cigarettes électroniques sans e-liquide comme dispositif témoin.

©Génération Sans Tabac

MF