Le gouvernement interdit le Sniffy en France
27 juillet 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 6 août 2024
Temps de lecture : 4 minutes
Le gouvernement a annoncé la prochaine interdiction de Sniffy, la poudre blanche énergisante vendue sur internet et dans les bureaux de tabac, qui avait provoqué une indignation unanime de la part des responsables politiques et des acteurs de santé.
Mercredi 24 juillet, Catherine Vautrin, ministre de la Santé, du travail et des solidarités, a annoncé avoir signé un arrêté permettant l’interdiction de ce produit. Ce dernier devrait être publié dans les prochains jours dans le Journal officiel[1].
Une interdiction voulue par les pouvoirs publics depuis le lancement du produit
Signalée à la fin du mois de mai sur le marché français, cette poudre blanche énergisante est vendue en capsules d’un gramme, à consommer par voie nasale à l’aide d’une petite paille. Faisant directement référence à la consommation de cocaïne, mais essentiellement composé de produits énergisants légaux come la taurine ou la caféine, ce nouveau produit bénéficiait jusqu’à présent d’un vide juridique. Par la large couverture médiatique dont il avait été l’objet, le Sniffy avait toutefois suscité une vive indignation, notamment de la part de Catherine Vautrin et de Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, qui s’étaient tous les deux engagés à faire interdire la commercialisation de ce produit dans les plus brefs délais.
Cette situation fait écho à la commercialisation des sachets de nicotine, également vendues dans différentes saveurs et disponibles dans un nombre croissant de débits de tabac. Toutefois, comme le soulignait le Comité national contre le tabagisme, la commercialisation des sachets de nicotine est en principe illégale en France.
Arômes, vérification de l’âge : une stratégie de ciblage des adolescents
Bien que la vente de cette poudre aux mineurs soit interdite, tout indique que le fabricant cible prioritairement les adolescents. Dans une stratégie similaire à celle des fabricants de cigarettes électroniques jetables, le produit est décliné en différentes saveurs sucrées et fruitées. Surtout, aucune vérification de l’âge rigoureuse n’est effectuée par la plateforme, puisqu’il est simplement demandé à l’internaute de renseigner sa date de naissance pour accéder au site. Sur sa page d’accueil, le site propose un service de livraison de ses produits, promettant une « expédition rapide et discrète », pouvant mettre en doute la volonté du fabricant de réserver son produit à des personnes majeures.
Face à la polémique, le rétropédalage de Sniffy
Face à la polémique, Sniffy avait publié sur son site internet, au mois de juin, un communiqué, se défendant d’avoir cherché à évoquer une « prétendue incitation à la consommation de cocaïne ». Selon le fabricant, le mode de consommation par « inhalation » avait pour unique objectif d’accentuer « la rapidité de l’effet énergisant du produit ». Depuis, la plateforme indique aux internautes que le produit ne doit être consommé que par voie sublinguale, ou par voie orale, en diluant le produit avec de l’eau. Bien que le fabricant s’en défende, le parallèle avec la consommation de cocaïne demeure évident, par le nom et les attributs du produit, une poudre blanche « euphorisante » vendue avec une paille. L’allusion à la prise de cocaïne était par ailleurs assez directement assumée par l’ancien slogan du produit : « Une poudre blanche qu'on inhale par le nez ? Bien que cela puisse évoquer le plaisir interdit, c'est totalement conforme à la loi ».
FT
[1] Le Monde, Le gouvernement interdit Sniffy, une poudre énergisante à inhaler par le nez, 25/07/2024, (consulté le 26/07/2024)
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