Le Cambodge renforce l’interdiction totale des cigarettes électroniques et de la chicha pour protéger la jeunesse

4 novembre 2025

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 3 novembre 2025

Temps de lecture : 6 minutes

Le Cambodge renforce l’interdiction totale des cigarettes électroniques et de la chicha pour protéger la jeunesse

Le gouvernement cambodgien a publié le 21 octobre 2025 une directive du Premier ministre Hun Manet pour assurer l’application stricte et le suivi régulier de l’interdiction des e‑cigarettes et narguilés, décidée au Cambodge depuis 2014. Cette mesure fait suite à une augmentation de l’usage de ces produits, notamment chez les enfants et adolescents, et vise à protéger la santé publique ainsi qu’à maintenir la sécurité et l’ordre dans les écoles et institutions éducatives. La directive rappelle que l’importation, la distribution, la vente, la publicité, l’usage, la possession, la production et le stockage de ces produits sont strictement interdits.

Des mesures à tous les niveaux de l’État pour faire respecter les interdictions en vigueur

Le Premier ministre a chargé le ministère de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports, de publier des directives visant à informer, prévenir, limiter et interdire l'usage de ces produits dans les établissements scolaires, en particulier de veiller au respect de l’interdiction de l’usage de ces dispositifs et substances dans et autour des locaux des établissements d’enseignement publics et privés, des instituts de formation des enseignants, des dortoirs, des centres d’apprentissage communautaires, des gymnases, des installations sportives, des centres d’entraînement sportif et des lieux de compétition sportive.

Le ministère de la Santé doit également publier des directives visant à sensibiliser le public aux effets néfastes du tabagisme et des nouveaux produits à la nicotine mis sur leur marché sur la santé et aux autres conséquences toxiques de ces produits.

Le ministère est également chargé de coopérer avec les départements concernés pour effectuer des inspections et garantir le respect de la loi. La directive exige que le ministère de l'Intérieur, le ministère de l'Économie et des Finances, le ministère du Commerce, le ministère de l'Information et le ministère des Postes et Télécommunications prennent des mesures immédiates pour empêcher l'importation, la distribution, la publicité, la vente et le stockage de ces articles.

Tous les ministères et institutions étatiques doivent interdire aux fonctionnaires, aux policiers et aux militaires, ainsi qu'aux agents contractuels placés sous leur autorité, d'utiliser de tels dispositifs[1].

Les employés du gouvernement qui utilisent ces produits recevront un avertissement verbal et leurs appareils seront confisqués. En cas de récidive, un avertissement écrit sera émis et un contrat d'arrêt d'utilisation sera signé.

Si des vendeurs sont surpris à distribuer, vendre, stocker, faire de la publicité ou promouvoir ces produits, ils recevront également un avertissement écrit, mais aussi la confiscation et la suspension de leur certificat d'enregistrement commercial, de leur licence ou de leur permis d'exploitation, quel que soit le type d'activité ou de service.

Un contexte réglementaire marqué par le développement de produits nicotiniques dangereux et facilement accessibles

Le ministère de la Santé souligne que les e‑cigarettes contiennent de fortes doses de nicotine et peuvent être mélangées à d’autres substances, notamment d’autres drogues comme le cannabis, tandis que le narguilé, comme tout produit du tabac, est particulièrement toxique – il peut être à l’origine de maladies pulmonaires graves, cancers du poumon, de l’estomac et de la vessie, maladies cardiovasculaires, atteintes au développement cérébral, infertilité et risque de naissance prématurée.

Selon Hun Manet, le gouvernement a constaté une utilisation généralisée d'appareils électroniques et de produits chimiques pour fumer et consommer du narguilé parmi les enfants et les jeunes du Royaume du Cambodge. Ceci a un impact significatif sur l'ordre social et la santé publique, en particulier sur la santé des élèves et du personnel éducatif. Par ailleurs, l’utilisation de ces produits peut constituer une porte d’entrée vers la consommation d’autres drogues illégales, car les dispositifs électroniques, tels que les cigarettes électroniques, les produits du tabac chauffé et les produits de vapotage, peuvent être utilisés pour fumer d’autres drogues[2].

Si, en mai 2025, le gouvernement a réaffirmé qu’aucun investissement dans les e‑cigarettes, même pour l’export, n’était accepté, Kong Mom, directeur général du Mouvement cambodgien pour la santé, a pourtant déclaré que les cigarettes électroniques sont distribuées au Cambodge depuis longtemps et celui-ci a constaté, depuis le début de la pandémie de Covid-19, une augmentation des publicités sur les réseaux sociaux ciblant les jeunes Cambodgiens. Ses recherches ont permis de recenser au moins 688 pages et groupes actifs sur Facebook, Telegram, TikTok et Instagram, faisant la promotion et la distribution de cigarettes électroniques et de produits connexes. Certains avaient été créés à la mi-octobre 2025[3].

Mom a par conséquent suggéré que le gouvernement renforce les mesures légales visant à éliminer le vapotage au Cambodge. Il a insisté sur le fait que « le moyen le plus efficace d’empêcher les jeunes et les enfants cambodgiens d’utiliser des cigarettes électroniques, qui affectent leur développement cérébral et physique, est de tout faire pour les interdire. ».

De son côté, Campaign for Tobacco-Free Kids (CTFK) a salué la mesure, témoignant selon l’organisation de santé du leadership du Cambodge et de sa détermination à protéger la santé de ses citoyens contre l'industrie du tabac. CTFK a particulièrement investigué sur les modalités de promotion des nouveaux produits du tabac et de la nicotine déployées par les fabricants en Asie du Sud-Est et dans le monde entier. Philip Morris International (PMI), British American Tobacco (BAT) et Japan Tobacco International (JTI) commercialisent ainsi des produits du tabac chauffé et des cigarettes électroniques via les réseaux sociaux, des événements musicaux et des partenariats de marque conçus pour toucher le public le plus large possible et rendre dépendants les jeunes[4].

Hormis le Cambodge, seuls quelques pays de la région comme la Malaisie, Singapour, la Thaïlande et Brunei ont pour l’heure décidé de sévir fermement contre l’usage et la commercialisation des cigarettes électroniques.

©Génération Sans Tabac

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[1]Niem Chheng, Cambodia introduces new anti-vape measures, Asia News Network, publié le 23 octobre 2025, consulté le 3 novembre 2025

[2]Meas Molika, PM Launches Nationwide Crackdown on E-Cigarettes and Shisha, Kiripost, publié le 23 octobre 2025, consulté le 3 novembre 2025

[3]Torn Vibol, Vapes and shisha go up in smoke, Khmer Times, publié le 24 octobre 2025, consulté le 3 novembre 2025

[4]Smita Baruah, Cambodia’s Latest Action on Heated Tobacco Products, E-cigarettes Will Protect Future Generations from Addiction, Campaign for Tobacco-Free Kids, publié le 29 octobre 2025, consulté le 3 novembre 2025

Comité national contre le tabagisme |

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