L’Alabama introduit une réglementation visant à réduire le vapotage chez les étudiants
16 juillet 2025
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 15 juillet 2025
Temps de lecture : 5 minutes
À partir de l’année scolaire 2025-2026, les établissements publics d'Alabama devront mettre en œuvre un nouveau dispositif pour lutter contre le vapotage chez les élèves. Cette initiative découle de la House Bill 8, portée par la représentante Barbara Drummond (Démocrate, Mobile), qui oblige le Conseil de l’éducation de l’État à élaborer une politique type que chaque conseil scolaire local devra adopter d’ici novembre 2025.
Selon le superintendant de l’éducation, Eric Mackey, l’objectif est de proposer une politique anti-vapotage applicable dans tous les districts scolaires. Cette nouvelle réglementation prévoit des mesures progressives selon le nombre d'infractions constatées[1].
Un programme éducatif pour sensibiliser les élèves
Conformément à la politique proposée, un élève surpris en train de vapoter pour la première fois verra ses parents contactés. En cas de récidive, l’élève devra suivre un cours de sensibilisation sur le vapotage, approuvé par l’État, conçu en collaboration avec le Drug Education Council.
Le programme comprend plusieurs modules : les conséquences sur la santé, la pression des pairs, la dépendance à la nicotine, les ressources pour arrêter de vapoter, et les idées fausses courantes autour du vapotage. Cette approche vise à prévenir et informer, plutôt qu’à sanctionner uniquement.
D’après le service de presse de l’hôpital Children’s of Alabama, près de 20 % des lycéens de l'État déclaraient avoir vapoté en 2023.
Le Dr Alan Blum, professeur et titulaire de la chaire de médecine familiale à l'université d'Alabama, a félicité les conseils scolaires d'avoir abordé la question du vapotage. Il a souligné les dangers du vapotage pour les enfants et les adolescents : « Vous deviendrez accro à la nicotine, ce dont il n'est pas facile de se défaire, et si vous voulez ajouter cela au cerveau d'un adolescent, ne soyez pas surpris face à des difficultés d’attention, au fait d’être irritable, de mauvaise humeur, anxieux, déprimé. ».
Il a également noté que « Nous faisons une mauvaise analogie lorsque nous essayons de comparer le tabagisme et le vapotage. Il n'y a vraiment aucune comparaison possible. Le vapotage ne provoque pas de cancer du poumon mais, d'un autre côté, il contient de nombreux produits chimiques à base d'huiles qui enrobent les poumons et, à long terme, le vapotage n'est pas une solution idéale. »[2].
Bien que le programme d'enseignement contre le vapotage ne soit pas obligatoire, Eric Mackey prévoit qu'il sera enseigné dans de nombreuses écoles primaires et collèges afin de dissuader les élèves de commencer à vapoter.
Des débats au sein du Conseil de l’éducation
Certains membres du Conseil de l'éducation de l'État ont exprimé des réserves sur cette législation. Wayne Reynolds, membre du conseil, a questionné la pertinence de traiter le vapotage séparément des autres atteintes aux règlements des établissements. D’autres, comme Jackie Zeigler, ont plaidé pour une formulation plus large dans la loi, afin d’inclure d’autres substances comme le THC ou le fentanyl, sans devoir modifier la réglementation à chaque nouvelle pratique addictive.
En réponse à ces objections, Mackey a reconnu que cette loi était plus spécifique que la plupart des politiques du ministère de l'Éducation de l'Alabama, mais que par nature elle s’impose. Il a ajouté que le dispositif mis en place « ne va pas au-delà de ce que la loi exige ».En matière de lutte contre le tabagisme, stricto sensu, les écoles d’Alabama, depuis 1995, ont déjà des dispositions interdisant l’usage de tabac dans l’enceinte des établissements scolaires, et la loi impose que l’éducation à la prévention des drogues fasse partie des programmes.
Les nouvelles mesures concernant le vapotage devraient être adoptées en août 2025 par le Conseil de l’éducation.
Malgré ces efforts, l’influence de l’industrie du tabac et de la nicotine sur la jeunesse reste préoccupante en Alabama, connue comme étant l’un des 12 États de la « nation du tabac », avec l’Arkansas, l’Indiana, le Kentucky, la Louisiane, le Michigan, le Mississippi, le Missouri, l’Ohio, l’Oklahoma, le Tennessee et la Virginie-Occidentale. Dans ces États, la prévalence tabagique des adultes est de 19,2 % en moyenne[3], contre 16,4 % en moyenne pour l’ensemble du pays en 2023, et 8,9 % dans les États de l’ouest, actifs dans la lutte antitabac (Californie, Oregon, Washington)[4].
Par ailleurs, selon l’American Lung Association, chez les lycéens, l’usage de cigarettes électroniques était de 5,6 % en Californie, contre 17,5 % en Alabama, en 2021-2022.
En avril 2025, le cigarettier RJ Reynolds avait par exemple fait la promotion de sachets de nicotine lors du Talladega Superspeedway d’Alabama, un événement sportif très populaire auprès des jeunes hommes.
En janvier 2024, l’American Lung Association avait même relevé, dans son évaluation des politiques de lutte antitabac État par État, que l'Alabama et la Géorgie avaient les pires politiques du pays, obtenant la note F dans les cinq catégories : financement de la prévention du tabagisme et de la lutte antitabac, politiques fiscales relatives au tabac, restrictions imposées par l'État en matière de consommation de fumer dans les espaces publics, accès aux services de sevrage tabagique et restrictions concernant les produits du tabac et de la nicotine aromatisés.
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[1]Tinker Andrea, Alabama schools to implement state approved anti-vaping policies, Times Free Press, publié le 10 juillet 2025, consulté le 11 juillet 2025
[2]Pratt Austin, Alabama introduces new policy to curb student vaping by November deadline, ABC3340, publié le 11 juillet 2025, consulté le 11 juillet 2025
[3]Génération sans tabac, États-Unis : Importantes disparités dans les taux de tabagisme selon les catégories de la population, publié le 23 novembre 2024, consulté le 11 juillet 2025
[4]Génération sans tabac, États-Unis : 11% des adultes sont fumeurs, un taux historiquement bas, publié le 20 août 2024, consulté le 15 juillet 2025