La Suisse, place forte de l’influence des cigarettiers en Europe
3 novembre 2021
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 3 novembre 2021
Temps de lecture : 3 minutes
La Suisse est à l’avant dernière place du classement du nouvel Indice d’Interférence de l’industrie du tabac, et à la dernière place en Europe. Ce mauvais score souligne clairement que la Suisse est la place forte européenne de l’industrie du tabac, qui trouve dans ce pays un accueil très favorable à ses actions d’influence, au détriment de la santé publique[1].
Depuis 2018, l’Indice général de l’interférence de l’industrie du tabac vise à évaluer le degré d’ingérence des cigarettiers dans plusieurs dizaines de pays dans le monde, et la capacité de ces derniers à mettre en place de bonnes pratiques de gouvernance pour se garantir de l’influence de l’industrie du tabac. Sur la base de vingt indicateurs, il mesure les efforts des gouvernements à mettre en place des mesures de protection des politiques publiques. Plus le pays obtient un score élevé, plus l’influence des fabricants est grande.
La Suisse sous l’influence de l’industrie du tabac
Avec 92 points sur 100, la Suisse, qui n’a toujours pas ratifié la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac (CCLAT) connaît ainsi une très forte ingérence de la part des cigarettiers. Selon l’Association suisse pour la prévention du tabagisme, cette influence de l’industrie du tabac dans le débat public a des répercussions très concrètes. Après un travail de plus de six ans, le Parlement suisse a ainsi adopté en octobre une loi « décevante » sur les produits du tabac, laissant la Suisse comme le pays le plus permissif d’Europe en matière de publicité en faveur du tabagisme. Un diagnostic similaire avait été établi par le Ministre de la Santé suisse lui-même, soulignant que la nouvelle législation serait insuffisante pour conduire à une réduction de la consommation. Dans le même ordre d’idée, les taxes n’ont pas augmenté depuis 2013, alors qu’elles constituent le levier le plus efficace et le plus rentable pour réduire la prévalence tabagique.
Le coût humain et financier de l’influence de l’industrie du tabac
La forte influence de l’industrie du tabac sur la décision publique en Suisse se paye au prix fort. Chaque année, 9500 personnes meurent dans le pays en raison du tabagisme, actif comme passif. Par ailleurs, la consommation de tabac représente également un fardeau pour les finances publiques, puisque les seules dépenses de santé et de perte de productivité liées au tabac coûtent à l’Etat 10 milliards de francs suisses par an, soit près de 9,5 milliards d’euros. En comparaison, les recettes fiscales du tabac ne génèrent en Suisse de 6,5 milliards de francs.
Mots clés : Suisse, Ingérence, Indice d'Interférence ©Génération Sans TabacFT
[1] Association suisse pour la prévention du tabagisme, Indice de l’interférence de l’industrie du tabac : la Suisse avant-dernière au niveau mondial, 02/11/2021, (consulté le 03/02/2021)
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