La cheffe de cabinet de Trump lobbyiste de l’industrie du tabac

14 novembre 2024

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 12 novembre 2024

Temps de lecture : 5 minutes

La cheffe de cabinet de Trump lobbyiste de l’industrie du tabac

L’élection de Donald Trump pourrait se traduire par un revirement dans la politique de lutte contre le tabagisme aux États-Unis, au regard de sa proximité avec l’industrie du tabac. L’arrivée d’une lobbyiste du tabac comme cheffe de cabinet à la Maison-Blanche et la probable nomination d’une figure antivax comme Secrétaire à la Santé pourraient avoir des conséquences majeures pour la santé publique.

L’élection de Trump, une victoire pour l’industrie du tabac

L’élection de Donald Trump aux élections américaines s’est suivie d’une augmentation de la valeur boursière des principaux fabricants de tabac. Comme le rapporte un article du Wall Street journal, l’action de British American Tobacco (BAT) a ainsi bondi de quatre points au lendemain de la victoire du candidat[1]. La filiale du fabricant, Reynolds American, a été un important donateur du comité d’action politique « Make America Great Again », en charge du financement de la campagne de l’ancien président des États-Unis. Sous le mandat de Joe Biden, le cigarettier avait déployé un fort lobbying pour s’opposer à l’interdiction du menthol, qui représente un tiers des volumes de vente de tabac aux États-Unis, et 20% des revenus de BAT et d’Altria. En dépit de l’annonce de l’interdiction de ces produits par la Food and Drug Administration (FDA), qui devait être l’une des mesures phare de l’administration Biden en faveur de la santé, la disposition a été progressivement repoussée. Avec l’élection de Donald Trump, l’interdiction du tabac au menthol pourrait être définitivement enterrée.

Pourtant, ces produits posent un problème sanitaire majeur dans le pays, puisque 81% des jeunes ayant consommé des produits du tabac déclarent avoir commencé avec des produits aromatisés, tandis que près de 90% des fumeurs afro-américains consomment des produits du tabac mentholés, contre moins de 30% des fumeurs blancs.

Une cheffe de cabinet lobbyiste de l’industrie du tabac et de l’alimentation transformée

La proximité de Donald Trump avec l’industrie du tabac laisse présager un net recul dans les politiques de lutte contre le tabagisme aux États-Unis. Le 7 novembre, le président élu a annoncé nommer Susie Wiles comme chef de cabinet de la Maison-Blanche. La stratège républicaine, qui dirige les opérations de campagne de Trump depuis 2021, est présentée par ce dernier comme l’une des personnes ayant contribué à « remporter l'une des plus grandes victoires politiques de l'histoire américaine ». Dans son annonce, l’équipe de Trump a toutefois omis de mentionner que Susie Wiles avait travaillé en 2024 comme lobbyiste pour une compagnie de tabac américaine, Swisher, alors qu’elle dirigeait la campagne présidentielle du candidat[2]. Un média d’investigation a ainsi révélé que Susie Wiles a cherché à infléchir les réglementations de la FDA, sans toutefois déclarer avoir fait du lobbying pour le compte du fabricant de tabac, alors que ce dernier a versé 30 000 dollars à son cabinet d’affaires Mercury Public Affairs, pour le seul premier trimestre 2024. Différents médias pointent par ailleurs différents contrats de lobbying entre la cheffe de cabinet de Donald Trump et l’industrie agro-alimentaire ultra-transformée, comme Kellog’s, Kit-Kat, Nestlé ou encore Kraft-Heinz. De tels conflits d’intérêts apparaissent d’autant plus problématiques que Donald Trump, déclinant son slogan de campagne sur un volet sanitaire, s’était engagé à « rendre la santé aux Etats-Unis » (Make America Healthy Again). Robert F. Kennedy Jr, pressenti pour occuper le poste de Secrétaire à la Santé aux États-Unis, s’était même engagé à faire retirer les aliments ultra-transformés des repas scolaires, une mesure contre laquelle les clients de la cheffe de cabinet de la Maison-Blanche déploient actuellement un fort lobbying.

Un potentiel Secrétaire à la Santé aux positions inquiétantes

Plus généralement, la nomination de Robert F. Kennedy Jr apparaît particulièrement problématique pour la santé publique. Le neveu de John Fitzgerald Kennedy et candidat démocrate malheureux à la présidentielle de 2024 s’est illustré ces dernières années par des positions complotistes relatives à la COVID-19, soutenant l’existence d’un lien entre la vaccination et l’autisme, ou comparant les mesures de restriction pendant la pandémie à l’Holocauste. Selon une étude du Center for Countering Digital Hate parue en 2021, Robert F. Kennedy Jr figure partie les douze personnalités à l'origine de deux tiers de la désinformation concernant la COVID-19 sur les réseaux sociaux[3].

Enfin, en mai 2024, un article du New York Times révélait qu’en 2012, des médecins avaient diagnostiqué qu’un ver était rentré dans le cerveau de Robert F. Kennedy Jr, en avait "rongé une partie, et était mort, faisant état de « problèmes cognitifs évidents » et de « pertes de mémoire à long et à court terme » du potentiel prochain Secrétaire à la Santé des Etats-Unis[4].

©JOE MARINO/UPI/MAXPPP

©Génération Sans Tabac

FT


[1] The Wall Street Journal, Heard on the Street: Trump Win Lights Up Tobacco Stocks, 07/11/2024, (consulté le 12/11/2024)

[2] KFF Health News, Trump’s Campaign Guru, A Tobacco Lobbyist, Will Be His Chief Of Staff, 08/112024, (consulté le 12/11/2024)

[3] Center for Countering Digital Hate, Why platforms must act on twelve leading online anti-vaxxers, 24/01/2021, (consulté le 12/11/2024)

[4] The New York Times, RFK Jr. Says Doctors Found a Dead Worm in His Brain, 9/05/2024, (consulté le 12/11/2024)

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