Indonésie : 65% des hommes consomment du tabac

28 août 2024

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 26 août 2024

Temps de lecture : 7 minutes

Indonésie : 65% des hommes consomment du tabac

Le nouveau rapport de l'Enquête mondiale sur le tabagisme chez les adultes (GATS – 15 ans et plus)[1] 2021 donne un aperçu de la situation du tabac en Indonésie depuis 2011, date de la dernière enquête. Il montre qu'un tiers des adultes indonésiens restent des fumeurs actifs, ce qui ne reflète aucun changement significatif au cours de la dernière décennie. En outre, il met en évidence une multiplication par dix de l'utilisation des nouveaux produits du tabac et de la nicotine au cours de la même période.

L'enquête mondiale sur le tabac chez les adultes (GATS) est une enquête représentative réalisée auprès des ménages au niveau national dans 32 pays. Elle vise à suivre la consommation de tabac chez les individus de plus de 15 ans et à mesurer les principaux indicateurs du tabagisme. Les résultats aident les pays qui la réalisent à concevoir, mettre en œuvre et évaluer des programmes de lutte antitabac.

Une consommation de tabac très élevée chez les hommes

Le rapport indique qu’en Indonésie 34,5 % des adultes, soit 70,2 millions de personnes, consomment du tabac (fumé, à mâcher ou du tabac chauffé). Près de 27% sont des consommateurs quotidiens. Le pourcentage de tabagisme chez les hommes lors de cette enquête réalisée en 2021 était de 65,5 % et de 3,3 % chez les femmes. En prenant en compte les fumeurs actuels et les anciens fumeurs, seuls 17,5% des hommes âgés de 15 ans et plus n’ont jamais fumé dans ce pays.

La prévalence la plus élevée de fumeurs quotidiens se trouve dans les groupes d'âge de 25 à 44 ans (37,7%) et de 45 à 64 ans (33,9%). Parmi les types de cigarettes utilisées, les cigarettes kretek (cigarettes contenant du tabac et des clous de girofles) étaient les plus consommées, par 28,6% des 15 ans et plus (55,5% des hommes et 1,7% des femmes). Le pourcentage de fumeurs consommant uniquement des cigarettes manufacturées était de 6,2% et celui des fumeurs de cigarettes roulées à la main de 6%. Au total, 2,1 millions des 15 ans et plus (1,0%) en Indonésie étaient des consommateurs actuels de tabac sans fumée (à mâcher). La prévalence de la consommation actuelle de tabac sans fumée est limitée sans écart particulier entre les femmes (1,1 %) et les hommes (0,9 %). Enfin, 0,3% des individus consommaient actuellement du tabac chauffé.

Hausse de l’utilisation de cigarettes électroniques

L'utilisation des cigarettes électroniques a été multipliée par dix au cours des dix dernières années, passant de 0,3 % en 2011 à 3 % en 2021. Parmi les consommateurs actuels, 2,3% vapotent quotidiennement. La prévalence la plus élevée étant chez les adolescents et jeunes adultes âgés de 15 à 24 ans (7,5%). Dans l'ensemble, les principales raisons pour lesquelles les consommateurs actuels de cigarettes électroniques utilisent ces dernières sont la socialisation (62,7 %), les arômes (62,6 %), le plaisir de l'utilisation (43,6 %) et le sevrage tabagique (30,3 %).

Un arrêt du tabac qui reste difficile pour les consommateurs

Selon l’enquête, 63 % des 70,2 millions de fumeurs indonésiens avaient l'intention d'arrêter de fumer ou envisageaient de le faire. Malgré cette forte motivation, seuls 43,8 % ont déclaré avoir tenté d'arrêter de fumer au cours des 12 derniers mois et près de trois quarts (73,3%) ont essayé par eux-mêmes et sans l’aide d’un professionnel ou de traitements. Une plus grande proportion de femmes (49,8%) que d'hommes (43,6%) ont essayé d'arrêter de fumer. Pour la tranche d’âge des 15-24 ans, 53,6 % d'entre eux ont essayé d'arrêter leur consommation.

Seuls 38,9 % des fumeurs qui se sont rendus dans des établissements de santé ont été interrogés sur leur tabagisme, ce qui met en évidence une lacune cruciale à laquelle il est urgent de remédier selon l’OMS.

En réponse à ces défis, le ministère de la santé indonésien a collaboré avec l’OMS, des représentants de divers ministères et agences publiques, ainsi que des membres d’organisations de la société civile et issus du monde universitaire pour sensibiliser à l'importance d’une prise en charge du sevrage tabagique. L’enjeu est d'élaborer des recommandations clés pour un plan d'action national visant à améliorer ces services de sevrage dans toute l'Indonésie.

Une exposition au tabagisme passif qui reste importante dans les lieux publics

Aujourd'hui, quelques 309 villes et districts d'Indonésie ont adopté des politiques d’interdiction de fumer, couvrant environ 192 millions de personnes. Toutefois, le taux de conformité reste faible et l'exposition au tabagisme passif dans les lieux publics reste élevée. Au total, 91,8% des individus ont indiqué avoir été exposés au tabagisme passif dans les cafés, 74,2 % des adultes étaient exposés au tabagisme passif dans les restaurants et 44,8 % sur leur lieu de travail. Ils sont 43% à avoir été exposés au tabagisme passif dans les universités et 40% dans les transports en commun. Dans les écoles, 25% des 15 ans et plus ont indiqué être exposés au tabagisme passif.

Un retard dans la mise en place de mesures antitabac

L’Indonésie est l’un des rares pays au monde n’ayant pas ratifié la Convention-Cadre de l’OMS pour la lutte antitabac en raison d’un lobby de l’industrie du tabac très important. La publicité pour les produits du tabac est encore très répandue. Plus de trois quarts de la population (75,3 %) a remarqué des publicités, des parrainages ou des promotions pour un produit du tabac au cours des 30 derniers jours dans divers lieux publics et médias. Les cinq médias dans lesquels les publicités pour les cigarettes ont été les plus remarquées sont la télévision (50,7%), les magasins vendant des cigarettes (43,7%), les grands panneaux publicitaires (43,6%), les affiches (39,1%) et les murs publics (24,9%). Ils étaient 64,8% à déclarer avoir remarqué des informations dans les lieux publics sur les dangers de la consommation de tabac.

Les prix des cigarettes en Indonésie étaient parmi les plus bas par rapport aux autres pays de la région Asie-Pacifique. À ce jour, il n'existe aucune interdiction de la vente de cigarettes à l’unité par les vendeurs de rue. Au coût d’environ 0,10€, les cigarettes restent très abordables ce qui facilite l'achat et la consommation de tabac ; ceci encourage l'initiation au tabagisme et rend plus difficile l’arrêt du tabac. Le ministre indonésien de la santé, Budi Gunadi Sadikin, entend cependant revenir sur ces modalités de vente[2] et a récemment indiqué vouloir relever l’âge de vente de produits du tabac à 21 ans. Le ministre prévoit aussi d’interdire la vente des produits du tabac à proximité d’établissements fréquentés par des enfants (écoles, aires de jeux) et d’interdire la publicité pour les produits du tabac et du vapotage sur Internet et les réseaux sociaux.

Si les acteurs de santé ont salué le récent engagement du ministre, ils alertent sur la nécessité de contrôler la mise en effectivité de ces mesures. De plus, certaines interdictions mises en place par le gouvernement ne sont que partielles puisque la vente à l’unité ne concerne que les cigarettes manufacturées mais pas les cigares ou les kreteks qui sont les plus consommées par les Indonésiens.

©Génération Sans Tabac

AE


[1] World Health Organization. Country Office for Indonesia. (‎2024)‎. Global Adult Tobacco Survey (‎GATS)‎ Indonesia Report 2021. World Health Organization. Country Office for Indonesia. https://iris.who.int/handle/10665/378343. Licence: CC BY-NC-SA 3.0 IGO

[2] Génération sans tabac, L’Indonésie introduit de nouvelles mesures antitabac pour protéger les enfants et adolescents, publié le 4 août 2024, consulté le 22 août 2024

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