Gabon : la prévention et la prise en charge des fumeurs restent insuffisantes
2 novembre 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 31 octobre 2024
Temps de lecture : 3 minutes
Le Gabon fait face à un défi important dans la prise en charge des addictions en particulier celle du tabac, et ce malgré l’existence d’une législation nationale et d‘engagements internationaux. Bien que le pays ait ratifié la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac et ait promulgué une loi antitabac en 2013, l’insuffisance des infrastructures et du personnel formé limite les actions de prévention et de soin, en particulier auprès des jeunes et des personnes vulnérables[1].
Un tabagisme préoccupant
Les chiffres de l’OMS pour 2023 révèlent que le taux de tabagisme au Gabon atteint 2,5 % chez les femmes et 2,2 % chez les hommes. Bien que cette prévalence reste inférieure aux moyennes internationales, la consommation progresse et le pays peine à prévenir cette évolution et à assurer une prise en charge des fumeurs avec des traitements adaptés. Une minorité des consommateurs associe le tabac à d’autres substances comme l’alcool ou le cannabis, ce qui augmente les risques. L'âge précoce de la première consommation, souvent dès 12 ans, aggrave la situation et souligne la nécessité d’une stratégie complète de lutte contre le tabagisme avec un volet majeur de prévention et de prise en charge rapide des fumeurs.
Une prise en charge inexistante ou inadaptée
Le pays souffre d’un manque de professionnels formés en tabacologie voire globalement en addictologie et d’un manque d’infrastructures adaptées pour une prise en charge des fumeurs et plus globalement des personnes dépendantes à l’alcool ou à d’autres substances psychoactives.
Ainsi le Gabon ne dispose pas d’un nombre suffisant de professionnels de santé formés à la prise en charge du traitement de la dépendance tabagique. Ces derniers n’intègrent pas suffisamment la question du tabagisme dans leurs pratiques au quotidien, comme l’intervention brève. L’accès aux traitements validés, comme la méthadone, le bupropion ou des patchs, gommes et pastilles, reste par ailleurs difficile, ce qui contribue aux nombreuses rechutes observées. En conséquence, la prise en charge lorsqu’elle existe reste essentiellement psychiatrique et limitée à certaines situations particulières. Les professionnels appellent à une réforme des soins pour offrir un accompagnement adapté, durable et efficace aux personnes dépendantes.
Cet appel se rattache aux engagements pris par le pays, qui a ratifié le traité international de l’OMS la convention cadre pour la lutte antitabac (CCLAT). Ce dernier compte en particulier des directives pratiques pour la prise en charge des fumeurs aux côtés d’autres politiques de prévention. Cela implique un investissement en ressources humaines et financières pour créer des structures spécialisées dans l’accompagnement des personnes dépendantes, facilitant l’accès aux aides au sevrage. Est également soulignée l’importance d’améliorer l’accessibilité aux traitements validés, tels que les patchs, gommes à la nicotine, et médicaments comme le bupropion. Ces aides doivent être proposées à un coût abordable et intégrées aux services de santé afin de garantir que les populations les plus vulnérables, y compris les jeunes, puissent y accéder facilement[2].
RK
[1] https://www.gabonreview.com/tribune-addictions-au-gabon-un-defi-de-sante-publique-face-a-une-prise-en-charge-insuffisante/ (consulté le 28/10/2024)
[2] https://fctc.who.int/news-and-resources/publications/m/item/guidelines-for-implementation-of-article-14 (consulté le 30/10/2024)
Comité national contre le tabagisme |