En Australie, les prix « Dirty Asthray » et « Exploding Vape » décernés à BAT et Meta

Les prix d’infamie concoctés par l’Australian Medical Association (AMA) et l’Australian Council on Smoking and Health (ACOSH) ont attiré l’attention sur les pratiques de lobbying de BAT et les négligences de Meta.

La 29^ème édition des « Dirty Astray awards » (« prix du cendrier sale »), organisée par l’Australian Medical Association (AMA) et l’Australian Council on Smoking and Health (ACOSH), a distingué le 29 août 2023 British American Tobacco (BAT), au titre de ses activités de lobbying[1]. Chaque année, cette cérémonie ironique attire l’attention sur les pratiques de l’industrie du tabac et de ses partenaires.

Un nouveau prix, le « Exploding Vape award » (« prix de la vapoteuse qui explose »), a quant à lui été attribué à Meta, la maison-mère de Facebook, Instagram, Threads et WhatsApp.

Lobbying via des tierces parties pour BAT

Avec le « Dirty Astray award », ce sont les activités de lobbying de BAT qui ont été pointées, notamment à travers le groupe Responsible Vaping Australia (RVA). Ce groupe, monté de toute pièce par BAT sans dévoiler sa filiation et présenté comme une association indépendante de détaillants et de revendeurs de cigarettes électroniques, a joué de toutes les pressions sur les acteurs institutionnels nationaux et locaux pour tenter de réduire la portée de la nouvelle loi sur les produits du tabac et du vapotage. Cette loi, dont le principe a été adopté le 2 mai 2023, prévoit notamment de n’autoriser l’importation et la vente de cigarettes électroniques que sur présentation d’une ordonnance médicale.

La technique consistant à utiliser des groupes de façade pour appuyer plus discrètement ses positions a été désignée sous le nom d’« astroturf », en référence à une marque de gazon synthétique censé paraître plus vrai que nature. Afin de maintenir sans restriction les ventes au détail en magasin, la rhétorique de RVA était notamment de prétendre lutter contre le commerce illicite de cigarettes électroniques – un argument régulièrement utilisé par l’industrie du tabac pour contrer les augmentations de taxes sur les produits du tabac.

Contradiction avec ses propres principes pour Meta

De son côté, c’est pour avoir contredit ses propres règles sur les produits du tabac et du vapotage que Meta a été couronnée du « Exploding Vape award ». Meta affiche en effet une politique a priori très stricte vis-à-vis de ces produits. L’entreprise n’intervient cependant pas lorsque ces produits sont vendus en ligne sur ses propres réseaux, par des particuliers ou par des professionnels. Les pratiques de promotion commerciale et de promotion de l’usage de ces produits sont elles aussi visées par le « Exploding Vape award ». Les organisations à l’origine de ce prix soulignent que l’audience jeune, voire très jeune, des réseaux sociaux tenus par Meta rend ces pratiques commerciales et publicitaires d’autant plus intéressantes pour les industriels du tabac et du vapotage mais d’autant plus dangereuses pour la santé.

En France, une cérémonie similaire est organisée chaque année par le Comité national contre le tabagisme (CNCT). Des « prix 5.3 »[2] y sont distribués aux personnes ou organismes ayant fait progresser la lutte contre le tabagisme, tandis que des « mégots d’or » sont attribués à celles et ceux qui œuvrent de façon plus ou moins masquée pour les industriels du tabac et du vapotage.

Mots-clés : Dirty Astray award, Exploding Vape award, AMA, ACOSH, BAT, RVA, Meta, lobbying.

MF

[1] Big tobacco & social media receive Dirty Ashtray & Exploding Vape awards, AMA, publié le 29 août 2023, consulté le 30 août 2023.

[2] En référence à l’article 5.3 de la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT), qui proscrit l’immission et l’influence de l’industrie du tabac dans les politiques publiques de santé.