Des médecins indiens soulignent les risques du vapotage et exhortent le gouvernement à agir
13 juillet 2025
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 8 juillet 2025
Temps de lecture : 5 minutes
À New Delhi, le 8 juillet 2025, des professionnels de santé ont tiré la sonnette d’alarme concernant les dangers du vapotage, en particulier pour les adolescents. Selon eux, ces dispositifs contribuent à détériorer la santé pulmonaire, déjà mise à mal par la pollution. Un collectif de médecins, soutenu par l’organisation Mothers Against Vaping, mène une campagne pour sensibiliser aux effets néfastes du vapotage et plaide pour l’application stricte de son interdiction[1].
Le vapotage pose des risques avérés pour la santé
Les experts médicaux mettent en avant des symptômes fréquents comme la toux, la sécheresse de la gorge, l’essoufflement ou encore les maux de tête. Mais ils alertent surtout sur les effets cardiovasculaires, comme l’augmentation de la tension artérielle, l’accélération du rythme cardiaque et des risques accrus d’infarctus.
Le Dr Harish Bhatia, directeur de la pneumologie à l’hôpital MGS Super Speciality, rappelle que ces dispositifs, qu’il s’agisse d’e-cigarettes, de systèmes de diffusion de nicotine électroniques (ENDS) ou de produits de tabac à chauffer (HTPs), causent des dommages directs aux poumons.
En effet, une étude publiée en avril 2025 par Johns Hopkins Medicine, qui a analysé les données de près de 250 000 personnes sur quatre ans, a établi un lien entre l’usage exclusif de la cigarette électronique et des maladies chroniques comme la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) et l’hypertension.
Le Dr K. K. Handa, chef du service ORL à l’hôpital Medanta, réfute l’idée selon laquelle le vapotage serait une alternative plus sûre que le tabac. Il souligne que la nicotine contenue dans les cigarettes électroniques est hautement addictive, avec des conséquences potentielles sur la santé mentale, telles que l’anxiété ou la dépression.
Par ailleurs, certains dispositifs de vapotage présentent des risques d’explosion ou d’incendie.
Une jeunesse particulièrement vulnérable
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à des mesures fortes pour protéger les enfants face à la popularité croissante des cigarettes électroniques. Ces produits, facilement accessibles et fortement promus auprès des jeunes, favorisent une addiction précoce à la nicotine.
Le collectif Mothers Against Vaping alerte sur le fait que de plus en plus d’enfants et d’adolescents succombent à l’usage de ces produits, exposant une génération entière aux effets de la dépendance. Le Dr Rajesh Gupta, directeur de la pneumologie à l’hôpital Fortis, explique que beaucoup de jeunes commencent à vapoter dans un cadre social, souvent sous l’effet de la pression des pairs, en pensant à tort qu’il s’agit d’une pratique inoffensive.
Il rappelle que même une consommation occasionnelle expose les poumons à des substances chimiques irritantes, avec des conséquences durables, notamment sur le développement cérébral. Attention, mémoire, apprentissage et régulation émotionnelle peuvent être affectés. Chez les jeunes, les effets de la nicotine peuvent s’inscrire dans le temps et altérer durablement leur santé physique et mentale.
Des pistes d’action, intégrant prévention, accompagnement et renforcement de la loi
Pour faire face à cette tendance, des spécialistes recommandent d’agir sur plusieurs fronts. Selon la psychologue clinicienne le Dr Bhavna Barmi, les parents devraient être formés à reconnaître les signes d’alerte et à aborder la question avec bienveillance.
Elle évoque également le rôle des réseaux sociaux, où le vapotage est souvent valorisé. Dans son enquête 2024, une ONG a révélé que plus de 300 vendeurs sur Instagram et Telegram faisaient ouvertement la promotion de dispositifs de vapotage, présentés comme « diffuseurs » ou « inhalateurs de bien-être »[2]. Elle s’inscrit dans une approche de développement des compétences psycho-sociales pour que les jeunes développent un esprit critique, incluant une éducation aux médias pour mieux les armer face à ces influences.
Le collectif Mothers Against Vaping appelle les autorités à prendre des mesures pour encadrer plus strictement la promotion numérique des dispositifs de vapotage et protéger ainsi les jeunes générations.
La loi PECA (Prohibition of Electronic Cigarettes Act) de 2019 interdit la fabrication, la vente, l’importation, la distribution et la publicité des cigarettes électroniques. Les amendes vont jusqu’à 5 millions de roupies (environ 50 000 €) et trois ans de prison en cas de récidive, et la simple possession est punissable. Pourtant, l’application reste limitée, car en dépit de saisies importantes réalisées en 2024, la vente et la promotion en ligne continuent quasi librement.
Ainsi, malgré cette interdiction nationale, les produits restent largement accessibles en ligne et sur les marchés clandestins. Des enquêtes récentes ont identifié des centaines de sites web et pages de réseaux sociaux vendant illégalement des e-cigarettes[3].
Cette faible effectivité rend la mesure d’interdiction peu efficace. Les défenseurs de la santé publique soutiennent que l'Inde doit suivre les meilleures pratiques internationales, notamment en sévissant activement contre les ventes numériques et en lançant des campagnes de sensibilisation à grande échelle pour éduquer les jeunes et les familles.
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[1]The Week, Doctors highlight health risks of vaping urge govt to take quick action, publié le 8 juillet 2025, consulté le 8 juillet 2025
[2]Mohanty Deebashree, Inside the teenage vaping crisis: Lungs, hearts, and minds at risk, India Today, publié le 7 juillet 2025, consulté le 8 juillet 2025
[3]The New Indian Express, Health experts raise alarms over rising vaping crisis among Indian youth, publié le 8 juillet 2025, consulté le 8 juillet 2025