Des acteurs de la santé britanniques réclament des mesures pour interdire le tabagisme et le vapotage aux jeunes générations

1 novembre 2025

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 30 octobre 2025

Temps de lecture : 6 minutes

Des acteurs de la santé britanniques réclament des mesures pour interdire le tabagisme et le vapotage aux jeunes générations

Plus de 1 200 professionnels de santé britanniques – médecins, sage-femmes, directeurs de la santé publique, conseillers en sevrage tabagique, universitaires, cliniciens, infirmières, agents des normes commerciales, professionnels de la santé environnementale et conseillers – ont appelé dans une lettre les partis politiques à adopter sans délai le Tobacco and Vapes Bill[1], déposé le 5 novembre 2024 et dont l’examen a repris à la Chambre des Lords le 27 octobre 2025. La lettre souligne qu'il s'est écoulé six mois entre la deuxième lecture du projet de loi et le débat de lundi, et que selon leurs estimations, environ 124 600 jeunes de 18 à 25 ans auraient commencé à fumer depuis la présentation du texte en novembre 2024[2].

Ce que contient le Tobacco and Vapes Bill

Le projet de loi, considéré comme l’une des mesures de santé publique les plus ambitieuses de ces dernières décennies, vise à interdire la vente de tabac à toute personne née après le 1er janvier 2009, afin de créer une génération sans tabac. À cela s’ajoute un volet destiné à encadrer strictement la commercialisation des produits de vapotage dans une perspective de prévention à l’égard des jeunes.

Concernant l’interdiction générationnelle de tabac, le texte prévoit une hausse progressive de l’âge du client auquel un vendeur a le droit de vendre du tabac. Cette progression sera d’un an chaque année à partir de 2027. Actuellement, l’âge légal d’une personne à qui l’on peut vendre un produit du tabac est de 18 ans.

Concernant les produits du vapotage, des restrictions sont prévues sur la vente, la promotion, les emballages et les arômes, notamment ceux ciblant les mineurs, comme les emballages colorés et les saveurs sucrées. Des restrictions sur la teneur en nicotine sont aussi envisagées.

De plus, les sanctions sont renforcées contre les détaillants contrevenant à la loi, les autorités locales disposant de pouvoirs accrus pour les faire appliquer et les agences gouvernementales étant dotées de nouveaux pouvoirs pour saisir le tabac et les cigarettes électroniques illégaux.

Tout cela participe d’une stratégie du gouvernement pour créer un pays sans fumée, alors que le tabagisme est responsable de plus de 70 000 décès annuels évitables au Royaume-Uni et coûte des milliards de livres sterling au système de santé.

Mobilisation du secteur de la santé et soutien de l’opinion publique

Les organisations de santé publique soulignent le retard politique pris dans l’adoption du texte, qualifié d’« opportunité historique de protéger les générations futures ».

Action on Smoking and Health (ASH) rappelle que 350 jeunes commencent à fumer chaque jour au Royaume-Uni.

Cancer Research UK, Asthma + Lung UK et la British Heart Foundation insistent sur l’impact sanitaire majeur du tabac, cause principale de cancer et de maladies respiratoires. Selon le Dr. Charmaine Griffiths, directrice générale de la British Heart Foundation, près de 18 000 décès annuels liés à des maladies cardiovasculaires sont attribuables au tabagisme.

Plusieurs associations plaident pour un financement accru des services de sevrage tabagique, notamment via une taxe sur l’industrie du tabac.

Par ailleurs, selon un sondage paru en avril 2025, la majorité de la population britannique soutient des politiques ambitieuses pour améliorer la santé. Parmi les répondants, 73 % soutiennent l’interdiction de fumer dans des espaces comme les aires de jeux, devant les écoles et les abords des hôpitaux. De plus, 61 % des personnes soutiennent la réduction du nombre de détaillants autorisés à vendre du tabac afin d’en limiter la disponibilité, et 49 % seraient favorables à l’interdiction du tabagisme dans des lieux publics extérieurs (terrasses des pubs, restaurants, bars, clubs, cafés…).

Appel à une action rapide, face à une ingérence prononcée de l’industrie

Les signataires du courrier adressé aux porte-parole de la santé jugent qu’un nouveau retard constituerait un échec national, dans un pays où 11,9 % des adultes fument, soit l'équivalent d'environ 6 millions de personnes[3].

Ils demandent une adoption rapide du projet de loi, estimant qu’il représente une avancée historique vers un Royaume-Uni sans tabac. Il s’agit selon eux d’une étape essentielle pour réduire les inégalités de santé, les décès prématurés et le coût économique du tabagisme pour le système de santé et les services sociaux.

Peter Roderick, porte-parole de l'Association des directeurs de la santé publique pour la lutte contre la toxicomanie, estime qu’« il est donc d’une importance vitale que ce projet de loi, qui est l’occasion de sauver encore plus de vies, de protéger les générations futures de la dépendance à ce produit mortel et de donner la liberté de vivre une vie plus saine aux 88 % de personnes – y compris des milliers de personnes médicalement vulnérables – qui ne fument pas, soit adopté sans plus tarder. ».

À l’opposé, des groupes de producteurs de tabac ont menacé le gouvernement de poursuites judiciaires concernant le projet d'interdiction générationnelle et ont tenté de rassembler des soutiens parmi les députés conservateurs pour édulcorer les propositions.

The Guardian et Examination, un support médiatique à but non lucratif qui enquête sur les menaces sanitaires mondiales, ont ainsi rapporté en juin 2025 des liens entre des parlementaires britanniques et les lobbies industriels. Ainsi, le pair conservateur Ed Vaizey a proposé de reporter une autre proposition clé du projet de loi concernant l'interdiction du tabac chauffé, quelques semaines après que Philip Morris International (PMI) a financé sa visite dans son centre de recherche en Suisse. En octobre 2025, les mêmes enquêteurs ont révélé que Lord Strathcarron aurait proposé un amendement visant à réduire la portée de la future interdiction de vente générationnelle du tabac, ce parlementaire ayant des liens avec un haut responsable de British American Tobacco (BAT).

Ces tentatives d’interférences de la part du lobby du tabac pour mettre à mal un texte législatif massivement soutenu par l’opinion et les acteurs de santé publique souligne l’enjeu de la protection des politiques publiques à l’égard de ce lobby direct et indirect de l’industrie du tabac. C’est, rappellent les professionnels de santé, l’une des obligations à laquelle le Royaume-Uni s’est engagé en ratifiant le traité de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) le 16 décembre 2004.

©Génération Sans Tabac

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[1]Smokefree Action, Saving lives and protecting the NHS, publié le 27 octobre 2025, consulté le 29 octobre 2025

[2]ASH, Health Leaders Demand Action on Generational Smoking Ban, publié le 27 octobre 2025, consulté le 29 octobre 2025

[3]Morgan Ofori, Over 1,200 health leaders call for swift passage of UK tobacco and vapes bill, The Guardian, publié le 27 octobre 2025, consulté le 29 octobre 2025

Comité national contre le tabagisme |

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