Le Brésil maintient l’interdiction de vente du tabac chauffé et des produits du vapotage
29 avril 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 29 avril 2024
Temps de lecture : 4 minutes
Le 19 avril dernier, le conseil d'administration de l'Agence brésilienne de surveillance sanitaire (Anvisa) a voté à l'unanimité le maintien de l'interdiction de la vente des produits du tabac chauffé et des produits du vapotage ainsi que les accessoires et les recharges destinés à être utilisés avec l'un de ces produits[1].
La précédente résolution interdisant la vente des produits du vapotage avait été adoptée en 2009, et les députés brésiliens ont décidé d’en étudier la pertinence en faisant une étude à jour des données scientifiques et rapports techniques, et via des consultations publiques.
Des produits addictifs qui n’apportent aucun bénéfice à la santé publique
La fabrication, la vente, l'importation et la publicité des produits du vapotage sont interdites dans le pays depuis 2009. Malgré ces interdictions, ces produits se trouvent aisément dans les magasins de proximité et sur Internet et la consommation, en particulier chez les jeunes, est en hausse. Selon une enquête de l'Institut brésilien de géographie et de statistique (IBGE), un organisme du gouvernement fédéral qui recueille des données sur la population, 16,8 % des adolescents âgés de 13 à 17 ans ont déclaré avoir essayé de vapoter au moins une fois dans leur vie.
En 2022, l'Anvisa a approuvé un rapport technique indiquant la nécessité de maintenir l'interdiction de ces produits et celle d'adopter des mesures supplémentaires pour freiner les ventes irrégulières d'e-cigarettes. Etaient notamment préconisées la multiplication des contrôles et la diffusion de campagnes d'information sur les effets du vapotage sur la santé. Le sujet de l’interdiction a été réexaminé par l'agence la semaine dernière, à l'issue d'une consultation publique qui a permis d'entendre les contributions d'experts, de fabricants de produits de vapotage et de consommateurs. L'Anvisa a, à nouveau, pris position contre la vente de cigarettes électroniques et accessoires associés et a fondé sa décision sur quatre points principaux.
La première justification est l'augmentation de la consommation de produits du tabac et de la nicotine chez les jeunes dans les pays qui ont autorisé le vapotage, comme les États-Unis et le Royaume-Uni. La deuxième est le potentiel de dépendance des e-cigarettes - bien que les fabricants affirment que les cigarettes électroniques soient moins addictives, l’Anvisa s’est appuyée sur des recherches récentes qui montrent que les cigarettes électroniques peuvent contenir jusqu'à 20 fois plus de nicotine que les cigarettes manufacturées.
L'Anvisa a également souligné le manque d'études à long terme sur les effets du vapotage sur la santé des consommateurs, en particulier sur les maladies pulmonaires. Enfin, l'agence a mentionné l'impact qu'aurait l'autorisation des vapes sur les politiques générales de lutte antitabac du Brésil, qui ont été saluées au niveau international.
Le Brésil fait figure de bon élève dans la lutte contre le tabagisme
Interdiction de fumer dans les lieux publics, interdiction de la publicité, hausse des taxes, etc. Le Brésil a pris des dispositions législatives fortes pour protéger la santé de ses citoyens. Il constitue un exemple à suivre pour les pays émergents et en voie de développement. En juillet 2019, le Brésil est devenu le deuxième pays à mettre pleinement en œuvre toutes les mesures du traité de l’OMS, la Convention cadre pour la Lutte antitabac, dans le but de réduire la consommation de tabac et de protéger la population contre les maladies chroniques non transmissibles.
Le pays s’est également démarqué durant la 10e session de la Conférence des Parties à la Convention-Cadre pour la lutte antitabac au Panama en février dernier (COP10). Le Brésil a en effet joué un rôle de leader pour pleinement faire appliquer l’article 18 du traité consacré à la protection de l’environnement à l’égard des dommages du tabac et de son industrie, soutenu par d’autres pays de la région : l'Équateur et le Panama. Le pays s’est enfin distingué par sa dénonciation du lien intrinsèque entre la protection des droits humains et la lutte contre le tabagisme.
Mots-clés : Brésil, amérique latine, vapotage, cigarette électronique, tabac chauffé, interdiction
AE
[1] Tabata Vuapiana, Brazil upholds ban on e-cigarette sales, Brazil Reports, publié le 23 avril 2024, consulté le 24 avril 2024Comité national contre le tabagisme |