Arrêter de fumer à un âge moyen réduit le déclin cognitif

24 octobre 2025

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 24 octobre 2025

Temps de lecture : 6 minutes

Arrêter de fumer à un âge moyen réduit le déclin cognitif

Une étude internationale révèle que les personnes qui cessent de fumer à un âge moyen réduisent leur déclin cognitif en comparaison avec ceux qui poursuivent leur tabagisme[1].

Arrêter de fumer à un âge moyen réduirait le déclin cognitif

Les chercheurs ont observé que l’arrêt du tabac divise par deux le rythme de déclin de la fluidité verbale et ralentit la perte de mémoire d’environ 20 %. Ces résultats proviennent d’une étude menée sur 12 ans auprès de 9 436 adultes âgés de 40 à 89 ans aux États-Unis, en Angleterre et dans dix autres pays européens, publiée dans The Lancet Healthy Longevity.

Après 6 ans de suivi, un sujet sur deux a arrêté de fumer et fumeurs et ex-fumeurs ont été appariés selon leurs scores cognitifs initiaux, leur âge, leur sexe, leur niveau d'éducation et leur pays d’origine. L'évolution de la fluidité verbale et de la mémoire a été suivie sur 12 ans, avec observation sur 6 ans d’un même déclin cognitif chez tous les sujets initialement tous fumeurs, puis ceux ayant arrêté de fumer ont été comparés à ceux ayant poursuivi leur tabagisme pendant 6 ans.

Selon la chercheuse principale, le Dr. Mikaela Bloomberg de l'Institut d'épidémiologie et de soins de santé de l’University College London (UCL), ces résultats confirment qu’« il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer », ajoutant que « cela pourrait fortement motiver les adultes d'âge moyen et les personnes âgées, qui sont moins susceptibles de tenter d'arrêter que les jeunes générations. ». Cependant, le professeur Andrew Steptoe, co-auteur et membre du même Institut, a averti que « des recherches complémentaires portant directement sur la démence sont nécessaires pour confirmer ces résultats. »[2].

Des bénéfices cognitifs mesurables à long terme

Les chercheurs ont comparé les capacités cognitives de fumeurs ayant arrêté et celles de ceux ayant poursuivi leur consommation de tabac. Si leurs performances et leur déclin étaient similaires pendant la phase initiale de 6 ans de l’étude, les ex-fumeurs ont montré un déclin moins important au fil des six années de suivi.

L’équipe conclut que les individus ayant cessé de fumer présentent une trajectoire cognitive plus favorable que celle des fumeurs persistants, suggérant l’importance de l’arrêt du tabac même à un âge avancé pour préserver la santé du cerveau.

L'équipe a constaté que si des études antérieures avaient mis en évidence des améliorations cognitives à court terme après l'arrêt du tabac, celle-ci est la première à confirmer des bénéfices à long terme chez les personnes d'âge moyen et plus âgées qui ont arrêté de fumer.

Le tabagisme est déjà reconnu comme l’un des 14 facteurs de risque de démence identifiés par une commission d’experts réunie par The Lancet. Parmi les autres facteurs figurent la dépression, la consommation excessive d’alcool, le cholestérol élevé ou encore la perte auditive.

Un appel à renforcer la prévention et l’accompagnement

Des experts en santé publique soulignent que ces résultats renforcent les preuves selon lesquelles l’adoption d’un mode de vie plus sain – arrêter de fumer, pratiquer une activité physique, limiter l’alcool et adopter une alimentation équilibrée – peut réduire le risque de démence.

Le professeur Paresh Malhotra, chef de groupe au Centre de recherche et de technologie sur les soins de l'Institut de recherche sur la démence du Royaume-Uni et chef de la division de neurologie à l'Imperial College de Londres, a déclaré : « Il est de plus en plus clair que ce qui est bon pour votre cœur et vos vaisseaux sanguins est bon pour votre cerveau et votre réflexion. ».

Le tabagisme contribue en effet à la neurodégénérescence en altérant la circulation sanguine cérébrale, en provoquant une inflammation chronique et en endommageant directement les cellules nerveuses.

Pour Action on Smoking and Health (ASH), ces données rappellent l’importance d’investir durablement dans les services d’aide au sevrage tabagique. En septembre 2025, environ 35 % des fumeurs en Angleterre ont tenté d’arrêter, et près de 29 % d’entre eux ont réussi, un taux de succès presque deux fois supérieur à celui observé en 2007.

Réagissant aux conclusions de l'étude de l'UCL, le Dr. Julia Dudley, responsable de la recherche chez Alzheimer's Research UK, a déclaré : « Le tabagisme est lié à de multiples problèmes de santé graves, notamment le cancer, les maladies cardiaques et la démence, en particulier la maladie d'Alzheimer et la démence vasculaire […] Arrêter de fumer peut réduire considérablement le risque de développer ces maladies. S'agissant d'une étude observationnelle, elle suggère uniquement un lien entre le déclin cognitif et l'arrêt du tabac […] Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre si d'autres facteurs, tels que les différences démographiques, le milieu socio-économique ou la consommation d'alcool, ont contribué aux différences. Le suivi d'autres mesures cognitives, comme la résolution de problèmes, permettrait également d'obtenir une vision plus précise des bénéfices de l'arrêt du tabac. »[3].

Le Dr. Bloomberg précise qu’« alors que les décideurs politiques sont confrontés aux défis du vieillissement de la population, ces résultats constituent une raison supplémentaire d’investir dans la lutte antitabac. ».

Au début du mois, une autre étude avait apporté une preuve supplémentaire que le tabagisme affecte toutes les générations, apportant l’hypothèse que les enfants dont le père a fumé à l’adolescence pourraient vieillir plus vite.

©Génération Sans Tabac

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[1]Bloomberg, Mikaela et al., Cognitive decline before and after mid-to-late-life smoking cessation: a longitudinal analysis of prospective cohort studies from 12 countries, The Lancet Healthy Longevity, publié le 13 octobre 2025, consulté le 14 octobre 2025

[2]Moon Ji-yeon, Quitting Smoking After 50 Slows Cognitive Decline, Study Finds, The Chosun Daily, publié le 14 octobre 2025, consulté le même jour

[3]Neil Shaw, Quitting one thing, at any age, slows onset of dementia, study suggests, Wales Online, publié le 14 octobre 2025, consulté le même jour

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