1 million de cigarettes électroniques jetées par jour : le « cauchemar environnemental » des puffs au Royaume-Uni
17 décembre 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 16 décembre 2024
Temps de lecture : 4 minutes
Au Royaume-Uni, treize cigarettes électroniques sont jetées chaque seconde, soit plus d’un million de dispositifs par jour. En l’absence d’une filière de recyclage dédiée et d’une information suffisante au consommateur, les cigarettes électroniques, et à plus forte raison les cigarettes électroniques jetables, constituent un risque environnemental majeur.
Une étude menée par Opinium pour le compte de Material Focus s’est penchée sur les comportements en matière de recyclage des cigarettes électroniques, soulignant à la fois l’ampleur des déchets générés par ces nouveaux produits, le développement rapide de la consommation, et l’importance d’une interdiction de toutes les cigarettes électroniques jetables[1].
Pollution, incendies : les nouveaux défis de ces déchets de masse
En tant que dispositifs électroniques, les cigarettes électroniques ne doivent pas être jetées comme des déchets ordinaires, mais doivent être déposées dans des points de collecte dédiés. En effet, 80% des composants d’une cigarette électronique peuvent à ce jour être recyclés. En revanche, la présence de lithium ou de cuivre en font des déchets particulièrement toxiques, pouvant entraîner une pollution durable des eaux et des sols. Près de 40% des cigarettes électroniques achetées sont des cigarettes électroniques à usage unique (puff). Les faibles niveaux de recyclage de ces produits sont préoccupants pour l’environnement, puisque 61% des consommateurs de puffs indiquent les jeter à la poubelle. Au total, 8,2 millions de cigarettes électroniques sont jetées chaque semaine en dehors de toute filière de recyclage. La présence de batterie dans ces produits constitue un nouveau défi pour les centres de déchets, avec une augmentation de 71% des incendies liée à des cigarettes électroniques endommagées ou écrasées, entre 2022 et 2023.
Les « big puffs », la solution des fabricants pour contourner l’interdiction
Selon l’étude, 77% des consommateurs de cigarettes électroniques considèrent que les fabricants fournissent une information insuffisante sur les bonnes pratiques en matière de recyclage. De la même manière, de nombreuses enseignes de vapotage ne mettent pas de points de recyclage à la disposition des consommateurs, bien qu’il s’agisse d’une de leurs obligations légales. Selon la ministre britannique de l’économie circulaire, les fabricants de cigarettes électroniques participent encore trop peu au financement du traitement ou du recyclage des déchets que leur activité génère. Surtout, alors que les cigarettes électroniques jetables devaient être interdites à partir de juin 2025, les fabricants ont anticipé le risque réglementaire en commercialisant des « big puffs », offrant 6000 bouffées au consommateur, contre 600 pour les puffs de première génération. Ces nouvelles cigarettes électroniques, pouvant être rechargées électroniquement, mais ne permettant pas au consommateur de recharger en liquide, ni de changer la résistance, ont en réalité une durée de vie extrêmement limitée. Cependant, elles échappent à la définition réglementaire du « jetable », et donc à l’interdiction prévue dans six mois. En divisant par plus de quatre le prix par bouffée, ces nouveaux produits attirent un nombre croissant de consommateurs, atteignant trois millions d’achats par semaine.
Interdiction des puffs, filière de recyclage : les solutions pour faire face au problème
Pour faire face au « cauchemar environnemental » des cigarettes électroniques jetables, Material Focus plaide notamment pour la mise en place d’une action immédiate, significative et transparente des fabricants, pour proposer une solution de reprise au consommateur, associée à une campagne de communication, et demande que l’ensemble des dispositifs vendus soient accompagnés d’une information claire sur les possibilités de recyclage. De leur côté, les organisations de santé publique considèrent que la prévention de la production de déchets demeure la solution la plus efficace pour lutter contre la pollution. Autrement dit, ces acteurs demandent prioritairement l’interdiction de toutes les cigarettes électroniques jetables, y compris les modèles de nouvelle génération. Par ailleurs, comme cette problématique a été soulevée avec l’éco-organisme Alcome pour les produits du tabac, les ONG de santé publique estiment que la mise en place d’une filière de recyclage des cigarettes électroniques doit être strictement encadrée, et ne pas être détournée par les fabricants comme un outil de green washing et de crédibilisation auprès des décideurs publics.
FT
[1] Material Focus, “Big puff” vapes are surging onto the market adding to the vape environmental crisis, 16/12/2024, (consulté le jour même)
Comité national contre le tabagisme |