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Présence illicite de nicotine et de métaux lourds dans des cigarettes électroniques vendues en ligne au Royaume-Uni

Deux analyses de produits ont montré d’une part que certaines cigarettes électroniques vendues en ligne comme étant sans nicotine en contenaient tout de même, et d’autres part que des cigarettes électroniques vendues illégalement pouvaient contenir des doses importantes de métaux lourds comme le plomb, le nickel ou le chrome.

La vente en ligne de cigarettes électroniques est depuis longtemps critiquée sur le plan de la protection des mineurs et de la vérification de l’âge des clients. C’est aujourd’hui le contenu des produits mis en vente, en ligne comme dans les magasins physiques, qui est mis en cause au Royaume-Uni. Deux situations de tests en laboratoire ont montré que les cigarettes électroniques pouvaient contenir davantage de substances toxiques qu’elles n’en déclarent.

Présence de nicotine dans des produits déclarant ne pas en contenir

L’une de ces analyses a été commanditée par des journalistes du média LBC, après qu’ils ont acheté sur Amazon des cigarettes électroniques qui n’auraient pas dû être vendues au Royaume-Uni[1]. Ces cigarettes électroniques jetables contenaient en effet 3500 bouffées, soit six fois plus que les 600 bouffées tolérées à la vente dans ce pays[2]. En outre, la vente en ligne et la livraison à domicile ne permettaient pas de pouvoir identifier l’âge des clients.

Deux des modèles achetés – Fizzy Cherry ENE Legend et Blue Razz Ice Lost Mary BM3500 – contenaient par ailleurs de la nicotine, alors qu’ils étaient expressément vendus comme étant dépourvus de nicotine. Amazon, qui ne vend en principe pas de cigarettes électroniques avec nicotine, s’est défendu en pointant la responsabilité des revendeurs individuels et en indiquant avoir exclu les deux vendeurs concernés. Ces vendeurs sont en effet censés respecter toutes les lois en vigueur ainsi que la charte de vente d’Amazon.

Présence de métaux lourds dans des cigarettes électroniques

Dans une autre enquête, des journalistes de BBC News ont fait analyser par un laboratoire spécialisé 18 cigarettes électroniques confisquées dans un collège de Kidderminster[3]. Les résultats des analyses indiquaient une présence de plomb 2,4 fois supérieure aux seuils autorisés, mais aussi de nickel (jusqu’à 9,6 fois le seuil autorisé) et de chrome (jusqu’à 6,6 fois le seuil autorisé). Ces métaux lourds ne provenaient pas de l’appareil mais se trouvaient dans l’e-liquide, ce qui est inhabituel et paraît nouveau, selon le laborantin sollicité. La présence de plomb semblait particulièrement inquiétante, puisque de fortes concentrations peuvent altérer le système nerveux central et le développement du cerveau des enfants, et aurait dû entraîner le retrait de vente de tous les produits.

La même analyse a également mis en évidence la présence importante de carbonyles dans les e-liquides qui, sous l’effet de la chaleur, se décomposent en formaldéhyde and acétaldéhyde, deux composés cancérigènes. Ces deux derniers étaient retrouvés dans les analyses à des seuils dix fois supérieurs à ceux habituellement tolérés et parfois supérieurs à ceux des cigarettes.

Au Royaume-Uni, toutes les cigarettes électroniques et leurs e-liquides doivent être enregistrés auprès de la Medicine and Health Care Products Regulatory Agency (MHRA) et respecter toutes les dispositions en termes d’ingrédients, d’emballage et de marketing. Cette agence n’évalue toutefois que la conformité des produits d’après leur déclaration écrite et n’a pas le pouvoir d’enclencher des enquêtes. Le Département de la Santé et de la protection sociale a de son côté annoncé la création d’une nouvelle brigade d’inspection pour les produits du vapotage. Dotée d’un budget de 3 millions de livres, elle aura pour fonction de retirer des rayons les produits illicites et de filtrer les produits dès leur arrivée aux frontières. Par contraste, les Pays-Bas ont de leur côté annoncé leur intention de supprimer à compter du 1er juillet 2023 toutes les ventes en ligne de cigarettes électroniques, qu’elles contiennent ou non de la nicotine.

Mots-clés : Royaume-Uni, cigarettes électroniques, nicotine, plomb, nickel, chrome.

©Génération Sans Tabac

MF

[1] Knight F, Vapes falsely advertised as nicotine-free sold online without age checks, LBC investigation finds, LBC, publié le 22 mai 2023, consulté le 24 mai 2023.

[2] Selon les Tobacco and Related Products Regulations 2016 (TRPR) applicables au Royaume-Uni, la taille des réservoirs des cigarettes électroniques ne doit pas dépasser 2 ml, soit 550 à 600 bouffées.

[3] Pym H, Watkinson L, Vaping: High lead and nickel found in illegal vapes, BBC News, publié le 23 mai 2023, consulté le 24 mai 2023.

Publié le 29 mai 2023