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Interdiction d’importation des puffs en Australie : les fabricants ripostent

En Australie, l’interdiction d’importation de cigarettes électroniques jetables a été justifiée par des motifs environnementaux et sanitaires. Toutefois, le secteur semble avoir anticipé la réglementation et développe des stratégies pour contourner l’interdiction, y compris via des pratiques d’importations illicites.

Depuis le 1er janvier 2024, l’interdiction d’importer des cigarettes électroniques jetables est entrée en vigueur en Australie. Cette mesure devrait être suivie dans le courant de l’année par une interdiction de la fabrication et de la vente de ces produits, pointés du doigt par les autorités pour leur attractivité auprès des jeunes, mais également pour leur impact environnemental. La revue scientifique Tobacco Control alerte sur les pratiques de l’industrie, qui développe des réponses – y compris illégales- pour contourner l’interdiction[1].

L’Australie face à des pratiques d’importation illégales

Bien que l’interdiction d’importation des cigarettes électroniques jetables soit entrée en vigueur, les détaillants sont autorisés à écouler leurs stocks. Or il semblerait que certains acteurs n’aient pas respecté la nouvelle réglementation, puisque 13 tonnes de cigarettes électroniques jetables ont été saisies par l’Australian Border Force, correspondant à une valeur marchande estimée à plus de 4,5 millions de dollars australiens (environ 2,7 millions d’euros)[2]. L’article de Tobacco Control souligne par ailleurs que l’importation de cigarettes électroniques jetables est encouragée par des fabricants chinois, qui vont même jusqu’à proposer une assurance en cas de saisie des produits par les Douanes.

Une nouvelle génération de cigarettes électroniques à durée de vie limitée

Les fabricants ont par ailleurs anticipé cette interdiction d’importation en modifiant légèrement leurs produits, et ainsi contourner la disposition de santé publique. Ainsi, de nouvelles versions de cigarettes électroniques sont rapidement apparues, à des tarifs similaires, permettant au consommateur de recharger la batterie de la cigarette électronique, voire de la remplacer par une nouvelle. De cette façon, bien que le produit soit extrêmement similaire et tout autant attractif pour les jeunes générations, il n’appartient plus à la catégorie juridique des cigarettes électroniques jetables, et n’est donc pas soumis à l’interdiction d’importation. Par ailleurs, bien que rechargeables, ces produits ont dans les faits une durée de vie extrêmement limitée, et se traduisent par des conséquences environnementales équivalentes aux cigarettes électroniques jetables de première génération.

Des pratiques de contournement observées ailleurs

Ces pratiques font écho à celles observées en Nouvelle-Zélande quelques mois auparavant. Le pays avait pris la décision d’interdire les cigarettes électroniques jetables, en imposant notamment une batterie amovible sur chaque dispositif vendu. De fait, une telle mesure peut être selon un article de Tobacco Control rapidement contournée, comme le montre la rapide commercialisation de cigarettes électroniques hybrides, avec une batterie amovible, à des prix particulièrement attractifs[3]. Par ailleurs, les fortes promotions font partie de l’arsenal marketing déployé par les fabricants dans l’optique de maximiser leurs ventes et de cibler les plus jeunes. Ainsi, une étude menée auprès d’un échantillon de détaillants a montré qu’en 2019, l’entrée de gamme pour les cigarettes électroniques jetables se situait en dessous de 10 dollars. En 2023, auprès de ce même échantillon de détaillants, les cigarettes électroniques jetables les plus abordables étaient vendues quatre fois moins chères. Malgré les opérations de déstockage faisant suite à la réglementation, l’intégralité du différentiel tarifaire ne peut pas être expliqué, notamment au regard du contexte de forte inflation qu’a connu la Nouvelle-Zélande durant cette période.

Mots-clés : Australie, cigarettes électroniques jetables, puffs

©Génération Sans Tabac

FT


[1] Gartner CE, Industry responds to Australia’s disposable vape import ban with cheap alternatives and encouraging illegal imports, Tobacco Control Published Online First: 14 March 2024. doi: 10.1136/tc-2024-058647

[2] Department of health and ages care, 150,000 vapes seized in South Australia, 30/01/2024, (consulté le 18/03/2024)

[3] Hardie L, McCool J, Freeman B, Industry response to New Zealand’s vaping regulations, Tobacco Control Published Online First: 01 March 2024. doi: 10.1136/tc-2023-058427

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 20 mars 2024