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Interdiction de vente, nicotine, filtre : comment l’Irlande veut mettre fin au tabagisme

L’Irlande semble décidée à intensifier la lutte contre le tabagisme pour les prochaines années, et évalue l’opportunité de différents scénarios visant à réduire drastiquement la consommation tabagique dans le pays. Cette stratégie d’une Irlande sans tabac, décidée par les pouvoirs publics en 2013, vise à faire passer le taux de fumeurs sous la barre symbolique des 5% d’ici 2025.

Dans le cadre du programme stratégique pour une Irlande sans tabac de 2022, le Health Service Executive (HSE), soit le système de santé publique d’Irlande, va mener au cours de l’année différentes études afin de proposer plusieurs mesures de lutte contre le tabagisme, et évaluer le degré de soutien de l’opinion publique à celles-ci[1].

Une intensification des mesures de santé publique à l’étude

Parmi les propositions évoquées, le HSE envisage d’interdire totalement la vente de tabac sur le territoire irlandais, ou de réduire considérablement le nombre de points de ventes autorisés à commercialiser des produits du tabac, en le restreignant par exemple aux seules pharmacies. Le HSE évaluera également des mesures de réglementation sur la composition des produits du tabac, comme la réduction des niveaux de concentration nicotinique, destinée à rendre les produits moins addictifs, l’interdiction des filtres, source majeure de pollution et sans justification sanitaire, ou encore l’apposition d’avertissements sanitaires sur chaque cigarette.

L’Irlande envisage de faire payer l’industrie du tabac

Le rôle des fabricants dans l’épidémie tabagique est par ailleurs souligné par le HSE. Ainsi, l’une des options évaluées viserait à faire supporter les dépenses de santé liées au tabagisme par les cigarettiers. Selon une étude de 2016 réalisée par le HSE et relayée par The Irish Times, la consommation active de tabac et le tabagisme passif coûteraient 172 millions d’euros par an au système de santé irlandais. Chaque année, plus de 300 000 journées de lit et plus de 33 000 hospitalisations étaient attribuables à des maladies liées au tabac. Enfin, le HSE envisage également d’interdire aux représentants de l’industrie du tabac de rencontrer des membres du gouvernement irlandais. Cette disposition irait ainsi plus loin que ce que prévoit la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), qui impose à ses Parties de limiter les interactions entre l’industrie du tabac et les pouvoirs publics au strict nécessaire[2].

La fin du tabagisme, un scénario de plus en plus crédible dans plusieurs pays

L’organisation de la fin définitive du tabagisme, également appelée stratégie du « End game », est une option de plus en plus considérée par les différents pouvoirs publics du monde entier. En particulier, des pays comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande prévoient de faire diminuer la prévalence tabagique à 5% d’ici 2025. En France, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé vouloir une première génération sans tabac en 2030 : au moins 95% des personnes âgées de 18 ans à cette date ne devraient à cette date consommer aucun produit du tabac.

Mots clés : Irlande, End Game

©Génération Sans Tabac

FT


[1] The Irish Times, HSE considers ban on sale of tobacco in State, 30/12/2021, (consulté le 03/01/2022)

[2] Organisation mondiale de la santé, Convention-cadre pour la lutte antitabac, 2003, (texte intégral, français)

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 3 janvier 2022