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Les cigarettes électroniques, un désastre environnemental sans solution

L’essor rapide de la consommation de cigarettes électroniques, notamment auprès des jeunes générations, pose un nouveau problème environnemental. Les appareils, comportant batteries et plastiques, deviennent une nouvelle source massive de déchets. Produits en quantité, sans solution de recyclage, les cigarettes électroniques mettent en cause la responsabilité de leurs fabricants[1].

Aux Etats-Unis, les niveaux de consommation de cigarettes électroniques sont épidémiques, selon Truth Initiative. En effet, près d’un lycéen sur cinq était un consommateur de cigarettes électronique en 2020. Entre 2015 et 2020, les ventes de cigarettes électroniques au détail (en dehors d’Internet et des débitants de tabac) ont été multipliées par cinq, entraînant un phénomène massif de déchets.

Plus de la moitié des jeunes consommateurs ont déclaré avoir jeté dans une poubelle classique leurs capsules de cigarettes électroniques, selon une enquête menée aux Etats-Unis. En effet, 17% des sondés ont mentionné avoir jeté ces capsules dans des bacs de recyclage non conçus pour ce type de produits, tandis qu’un jeune consommateur sur dix affirme jeter ces déchets par terre. De ce fait, seuls 15% des jeunes utilisateurs de cigarettes électroniques ont indiqué avoir déposé leur matériel selon les modalités préconisées. Ces chiffres témoignent surtout d’un manque d’information : dans l’ensemble, près de la moitié des personnes interrogées ne savent pas quoi faire des déchets de cigarettes électroniques, plastiques comme électronique (49,1%).

La responsabilité des fabricants

La responsabilité environnementale de la gestion de ces déchets n’échoit pas uniquement au consommateur. De nombreuses cigarettes électroniques, comme la Juul, utilisent des dosettes de nicotine en plastique à usage unique. D’autres marques de cigarettes électroniques sont même conçues pour être à usage unique. C’est notamment le cas de la Puff Bar, dont la consommation a augmenté de 1 000% chez les lycéens, entre 2019 et 2020. Selon Truth Initiative, l’industrie de la cigarette électronique ne fournit pas suffisamment d’information au consommateur. En effet, 47% d’entre eux ont souligné que la cigarette électronique n’était accompagnée d’aucune notice lui indiquant les démarches à suivre pour recycler ou éliminer les déchets liés à sa consommation.

L’industrie en manque de solution environnementale

Les fabricants de cigarette électronique ont par ailleurs inondé le marché, et incité à la consommation à travers des stratégies marketing agressives, sans développer de solution sur la gestion de la fin de vie de leurs déchets. Encore aujourd’hui, aucune norme documentée n’existe sur l’élimination de ces produits, ni aucune obligation de la part des fabricants. En ne fournissant aucune information sur la gestion des déchets, les fabricants font ainsi reposer leur responsabilité environnementale sur les épaules des consommateurs.

Une pollution plus grave encore que celle des mégots

Pourtant, les déchets de cigarettes électroniques constituent une menace environnementale sérieuse. Le plastique des cigarettes électroniques est un déchet non biodégradable. Abandonné dans la nature après un temps long, le produit se décompose, libérant des micro-plastiques, polluant autant les cours d’eau, la faune, ou la flore. Enfin, les batteries, composées notamment de métaux lourds (plomb, mercure), et de lithium, posent un défi environnemental majeur. En 2017, une étude scientifique estimait déjà que la consommation mondiale de cigarettes électroniques représentait plus de 450 000 tonnes de déchets par an, alors qu’aucune solution n’existe quant à leur élimination[2].

La responsabilité environnementale, un ressort publicitaire pour les fabricants

Alors même que les fabricants de cigarettes électroniques et de produits du tabac sont à l’origine d’un problème environnemental de plus en plus urgent, ceux-ci n’hésitent pourtant pas à axer leurs efforts de relations publiques sur la notion de responsabilité sociale des entreprises. L’industrie du tabac, qui cherche de plus en plus à prendre le contrôle du marché de la cigarette électronique, multiplie par exemple les opérations de communication sur la réduction des déchets liés aux mégots. En réalité, ces opérations permettent de détourner l’attention publique d’un fait embarrassant pour l’industrie : le filtre n’a aucune justification sanitaire, et de plus en plus d’experts antitabac en demandent l’interdiction.

Mots clés : Cigarettes électroniques, pollution, environnement

Crédit photo : ©Hussein Malla/AP


©Génération Sans Tabac

[1] Truth Initiative, A toxic, plastic problem: E-cigarette waste and the environment, 8 mars 2021 (consulté le 09/03/2021)

[2] Hendlin YH. Alert: Public Health Implications of Electronic Cigarette Waste. Am J Public Health. 2018;108(11):1489-1490. doi:10.2105/AJPH.2018.304699

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 9 mars 2021