Vapotage : un risque accru d’empoisonnement à l’uranium et au plomb chez les adolescents
10 mai 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour: 10 mai 2024
Temps de lecture: 4 minutes

Une forte consommation de cigarettes électroniques par les jeunes pourrait augmenter leur risque d’exposition au plomb et à l’uranium. Une exposition chronique à ces métaux, y compris à de faibles doses, peut se traduire par des effets sanitaires néfastes, notamment sur le cerveau, les reins, ou la fertilité.
Les auteurs de cette étude, publiée dans la revue Tobacco Control, appellent à renforcer la réglementation et la prévention pour protéger les jeunes générations[1].
Une consommation en forte hausse auprès des adolescents
La consommation de cigarettes électroniques a considérablement augmenté dans de nombreux pays. Aux Etats-Unis, où l’étude a été réalisée, 14,1% des lycéens déclaraient en 2022 avoir consommé ce type de produits dans les trente derniers jours précédant l’enquête. Comme l’indique le New York Times, 9% des jeunes âgés de 11 à 15 ans sont consommateurs de cigarettes électroniques, en dépit de l’interdiction de vente de ces produits à des mineurs. En France, les derniers résultats de l’enquête ENCLASS montrent que 24,1% des lycéens sont également consommateurs occasionnels de cigarettes électroniques, soit six points de plus que pour l’année 2018[2]. Là encore, une récente enquête menée par le Comité national contre le tabagisme montrait qu’environ 40% des buralistes acceptent de vendre des cigarettes électroniques jetables à des mineurs de 17 ans, malgré le caractère illégal de telles pratiques.
Des niveaux d’uranium deux fois plus élevés chez les consommateurs fréquents
L’enquête a porté sur un échantillon national représentatif de 200 jeunes étatsuniens consommateurs de cigarettes électroniques, avec un âge médian d’environ 16 ans. Ces adolescents ont été classés en fonction de l’intensité de leur consommation : occasionnelle (moins de six jours de consommation sur trente), intermittente (de six à 19 jours), et fréquente (20 jours par mois ou plus). Les résultats de l’étude montrent que l’utilisation intermittente et fréquente de cigarette électronique par ces jeunes était associée à des niveaux de présence plus élevés de plomb et d’uranium dans leur urine. Ainsi, les niveaux de plomb dans l’urine des vapoteurs intermittents et fréquents était de 30% à 40% plus élevés dans ce groupe, par rapport aux consommateurs occasionnels. Chez les consommateurs fréquents, les niveaux relevés d’uranium dans l’urine étaient deux fois plus élevés que pour le groupe de jeunes signalant une consommation occasionnelle.
Un risque sanitaire accru pour les adolescents consommateurs d’arômes sucrés
Les auteurs de l’étude soulignent que la quantité relevée de métaux pouvait varier considérablement selon la marque de la cigarette électronique et le type de dispositif utilisé. Toutefois, l’étude rappelle qu’une exposition à ces métaux est démontrée comme étant dangereuse pour la santé. En particulier, une exposition chronique au plomb, y compris à de faibles niveaux, peut entraîner des répercussions sur la santé cardiovasculaire et rénale, mais également sur le développement psychologique, ou encore sur la fertilité, pour les hommes comme pour les femmes. L’exposition à l’uranium peut quant à elle affecter la biologie cellulaire (cytotoxicité) et la santé rénale. Les chercheurs montrent par ailleurs que des niveaux plus élevés d’uranium ont été relevés auprès des consommateurs d’arômes sucrés, qui rencontrent un succès commercial indéniable auprès des adolescents. Sur la base de ces résultats, les auteurs de l’étude appellent à un renforcement de la réglementation, et à la mise en place de politiques de prévention ciblées pour protéger les jeunes générations d’un nouveau risque de santé publique.
FT
[1] Kochvar A, Hao G, Dai HD, Biomarkers of metal exposure in adolescent e-cigarette users: correlations with vaping frequency and flavouring, Tobacco Control Published Online First: 29 April 2024. doi: 10.1136/tc-2023-058554
[2] Les usages de substances psychoactives chez les collégiens et lycéens – Résultats EnCLASS 2022, OFDT, publié le 25 janvier 2024, (consulté le 30/04/2024)
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