Tabagisme : une baisse historique du nombre de fumeurs en France
15 octobre 2025
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 15 octobre 2025
Temps de lecture : 5 minutes
Selon les résultats du Baromètre de Santé publique France 2024, publiés ce 15 octobre 2025, la France enregistre une baisse historique du tabagisme. En 2024, 24 % des adultes de 18 à 79 ans déclarent fumer du tabac, dont 17,4 % quotidiennement, soit le niveau le plus bas jamais observé depuis le lancement de cette enquête nationale. En 2021, ces proportions atteignaient respectivement 32 % et 25 % parmi les 18-75 ans en France hexagonale. Cette diminution s’inscrit dans la tendance amorcée en 2016 à la suite de la mise en œuvre des plans nationaux de lutte contre le tabac, après une période de stagnation liée à la crise sanitaire.
Le Baromètre de Santé publique France est une enquête représentative menée auprès d’un large échantillon de la population résidant en France hexagonale et dans les départements et régions d’outre-mer. En 2024, la collecte a été réalisée par téléphone et via internet, selon une méthode mixte de sondage visant à garantir la représentativité des résultats. Les fumeurs ont été classés selon leur fréquence de consommation : quotidienne (fumer chaque jour) ou occasionnelle (fumer sans régularité). Les ex-fumeurs sont les personnes ayant déjà fumé mais déclarant ne plus fumer au moment de l’enquête. Environ 35 000 personnes âgées de 18 à 79 ans ont été interrogées.
Un recul marqué de la prévalence quotidienne
En 2024, 24 % des adultes âgés de 18 à 79 ans déclarent fumer du tabac, dont 17,4 % de manière quotidienne. Il s’agit du niveau le plus bas jamais observé depuis le lancement du Baromètre de Santé publique France, confirmant la poursuite du recul du tabagisme amorcé en 2016.
Les hommes restent plus nombreux à fumer que les femmes (19,7 % contre 15,3 %), et la consommation quotidienne se concentre principalement entre 30 et 59 ans, avant de diminuer nettement après 60 ans. Parmi l’ensemble de la population adulte, 32,1 % se déclarent ex-fumeurs, tandis que 43,8 % n’ont jamais fumé. Les fumeurs quotidiens consomment en moyenne 12,8 cigarettes par jour, avec un écart marqué entre les sexes (14 chez les hommes et 11,4 chez les femmes).
Si l’on restreint l’analyse à la population des 18–75 ans vivant en France hexagonale, comparable aux éditions précédentes, la prévalence tabagique s’établit à 25%, dont 18,2 % de fumeurs quotidiens, contre 31,9 % et 25,3 % en 2021. Cette baisse de près de six points en trois ans illustre une tendance durable à la diminution de la consommation de tabac sur l’ensemble du territoire.
Des disparités sociales et territoriales face au tabagisme
Malgré ces résultats encourageants, les écarts sociaux demeurent importants. Le tabagisme quotidien touche 25,1 % des ouvriers, contre 11,8 % des cadres. Il atteint 20,9 % chez les personnes sans diplôme ou d’un niveau inférieur au baccalauréat, contre 13,0 % parmi les diplômés du supérieur. La situation économique constitue également un facteur déterminant : 30% des personnes déclarant des difficultés financières fument quotidiennement, contre 10,1 % parmi celles se disant à l’aise. Les taux sont plus faibles chez les retraités (8,8 %) et les étudiants (12,2 %) que chez les personnes en emploi (19,2 %) ou au chômage (29,7 %). Ces disparités confirment le caractère socialement inégal du tabagisme, même si la tendance à la baisse touche l’ensemble des catégories.
Le tabagisme quotidien varie de 14,6 % à 20,9 % selon les régions. Les prévalences les plus faibles sont observées en Île-de-France (14,6 %) et en Auvergne-Rhône-Alpes (16,0 %), tandis que les plus élevées se situent en Provence-Alpes-Côte d’Azur (20,9 %), Occitanie (20,6 %) et Grand Est (19,8 %). Dans les départements et régions d’outre-mer, les taux sont nettement plus bas : 9,5 % en Martinique, 9,6 % en Guadeloupe et 10,4 % en Guyane, contre 16,1 % à La Réunion.
Plus d’un fumeur sur deux souhaite arrêter
Plus de la moitié des fumeurs quotidiens, soit 55%, déclarent vouloir arrêter de fumer. Ce souhait est plus marqué chez les diplômés du supérieur (59,1 %) et les cadres (60,2 %) que chez les ouvriers (52,3 %). Par ailleurs, 17,3 % des fumeurs quotidiens ont tenté d’arrêter de fumer au moins une semaine au cours des douze derniers mois. Les tentatives sont plus fréquentes chez les 18–29 ans (28,2 %) et les étudiants (33,8 %) que dans les classes d’âge plus avancées, où elles chutent à environ 13 % après 50 ans. Ces résultats confirment la nécessité de renforcer les dispositifs de prévention et d’accompagnement au sevrage, en particulier auprès des publics les plus vulnérables.
Cette dynamique s’accompagne d’une hausse continue du recours aux traitements d’aide au sevrage tabagique. Les ventes réalisées en pharmacie ont progressé de 10 % entre 2023 et 2024, et de près de 30 % depuis 2021, en volume équivalent à un mois de traitement. Cette tendance, amorcée en 2019, fait suite à la mise en place du remboursement des substituts nicotiniques à 65 % sur prescription médicale, à la place du forfait annuel auparavant en vigueur.
Ces résultats témoignent d’un intérêt croissant des fumeurs pour les démarches d’arrêt et de l’effet positif des politiques publiques facilitant l’accès aux traitements de sevrage et à l’accompagnement médical.
Une dynamique encourageante à consolider
Le recul du tabagisme observé en 2024 s’inscrit dans la continuité des politiques menées depuis 2016, et dans l’objectif fixé par le Programme national de lutte contre le tabac 2023–2027 : parvenir à une génération sans tabac d’ici 2032. Entre 2023 et 2024, le prix moyen du paquet le plus vendu est passé de 10,92 € à 12,54 €, soit une hausse de près de 15 %, l’un des leviers les plus efficaces pour réduire la consommation selon Santé publique France. Si la France demeure légèrement au-dessus de la moyenne européenne, la tendance à la baisse est désormais bien installée, portée par la conjugaison des mesures fiscales, des campagnes de prévention et de l’accès facilité aux traitements d’aide à l’arrêt du tabac.
AE
Comité national contre le tabagisme |