Suisse : la consommation de tabac et de nicotine à la hausse chez les jeunes

29 mars 2024

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 29 mars 2024

Temps de lecture : 4 minutes

Suisse : la consommation de tabac et de nicotine à la hausse chez les jeunes

La fondation Addiction Suisse a publié son Panorama suisse des addictions 2024, faisant notamment état d’une augmentation de la consommation des produits de la nicotine chez les jeunes, en même temps que celle de tabac. Les auteurs du rapport appellent à la mise en place de hausses de taxes substantielles, et à lutter contre l’influence de l’industrie du tabac[1].

La consommation de cigarettes électroniques en augmentation en Suisse

Une enquête nationale suisse de 2022 témoigne d’une hausse de la consommation des produits du tabac et de la nicotine chez les adolescents. Environ un tiers des jeunes de quinze ans avaient indiqué avoir consommé au moins un de ces produits au cours des trente jours précédant l’enquête, contre 30% en 2018. Cette hausse s’explique notamment par l’apparition des puffs sur le marché suisse. Ainsi, le rapport pointe une augmentation de cigarettes électroniques chez les jeunes femmes de 15 ans, qui sont désormais 8% a en avoir fait une consommation fréquente (au moins 10 jours durant le dernier mois). Le rapport souligne par ailleurs que les importations de sachets de nicotine ont progressé de 37% entre 2020 et 2021.

La consommation de tabac préoccupante chez les jeunes

Cette hausse de la consommation des produits de la nicotine se double d’une augmentation de celle des produits du tabac chez les adolescents suisses. D’abord, le rapport pointe l’absence de baisse de consommation de cigarettes traditionnelles chez les jeunes, avec encore 7 % des garçons et 6 % des filles de 15 ans qui en avaient consommé au moins dix jours dans les 30 derniers jours précédant l’enquête. Chez les jeunes de 13 ans, si la consommation fréquente de cigarettes reste peu répandue, la proportion de jeunes ayant déclaré avoir consommé au moins une cigarette dans le mois a doublé depuis 2018, et s’établit désormais à 6%.

Les nouveaux produits du tabac en forte hausse en Suisse

Au-delà de la question de la consommation des jeunes, les données disponibles montrent une diversification du marché du tabac. Entre 2016 et 2023, le nombre de cigarettes manufacturées vendues en Suisse a diminué de plus de 10%. Par comparaison, la baisse constatée entre 2016 et 2022 en France a été de près de 30% pour les cigarettes industrielles. Le rapport pointe par ailleurs une forte augmentation des importations de tabac à rouler entre 2014 et 2022 (+50%) pour atteindre environ 1 000 tonnes par an. Les autres produits du tabac semblent également connaître une forte progression : selon les indication du fabricant Philip Morris, la part de marché du produit du tabac à chauffer IQOS s’établit désormais à 11% en 2023, soit une augmentation de 100% depuis 2021. Les importations de snus ont par ailleurs augmenté de 50% entre 2021 et 2023.

Fiscalité, paquet neutre, ingérence : les recommandations du rapport

Selon le rapport, ces résultats s’expliquent en grande partie par les pratiques d’ingérence des fabricants dans la vie politique en Suisse. En particulier, les auteurs estiment que l’industrie du tabac tient « la majorité du Parlement sous sa coupe » et fait pression pour édulcorer la mise en œuvre de l’initiative populaire « Enfants sans tabac », sur la publicité en direction des jeunes. Face à ce constat, le rapport appelle les pouvoirs publics à mettre en place une politique de fortes hausses de taxes sur le tabac, l’interdiction totale de la publicité, ou encore le paquet neutre sur les produits du tabac. Par ailleurs, les auteurs de l’étude soulignent la nécessité de mieux inciter à l’arrêt du tabagisme, en faisant rembourser les substituts nicotiniques par les caisses maladies. Enfin, le rapport demande à ce que les politiques publiques suisses soient garanties de l’influence de l’industrie du tabac. Plus précisément, le rapport propose d’exclure les fabricants des consultations ou des séances de commission, et également d’interdire ou de rendre publiques les rencontres des pouvoirs publics avec l’industrie du tabac. Enfin, les auteurs considèrent que les « dons aux partis et aux personnalités politiques ne sont plus acceptables, ni […] les collaborations entre les hautes écoles et l’industrie du tabac ».En effet, les différentes études menées pointent régulièrement la forte influence du lobby de l’industrie du tabac dans les politiques publiques en Suisse.

©Génération Sans Tabac

FT


[1] Addiction Suisse, Panorama suisse des addictions 2024, Les jeunes : plus vulnérables et pas assez protégés – il faut agir maintenant !, 2024, (consulté le 26/03/2024)

Comité national contre le tabagisme |

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