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Stabilisation du tabagisme en France à un niveau élevé, selon Santé publique France

5 juin 2023

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 5 juin 2023

Temps de lecture : 4 minutes

Stabilisation du tabagisme en France à un niveau élevé, selon Santé publique France

Après une baisse inédite entre 2016 et 2019, la prévalence du tabagisme s’est stabilisée à 31,8 % en France en 2022, selon les dernières estimations de Santé publique France. Parmi les 12 millions de fumeurs quotidiens, le poids des inégalités sociales reste particulièrement déterminant.

Première cause de mortalité évitable, le tabagisme reste un phénomène important en France, confirme une étude réalisé en 2022 par Santé publique France[1]. Celle-ci constate que la prévalence tabagique globale chez les 18-75 ans est de 31,8 %, tandis que le tabagisme quotidien se situe à 24,5 %, des chiffres stables en comparaison de ceux relevés en 2021.

Un niveau de consommation élevé et une forte incidence des inégalités sociales

Malgré certaines croyances persistantes, le tabagisme quotidien reste plus répandu chez les hommes (27,4 %) que chez les femmes (21,7 %). L’augmentation du tabagisme féminin constatée entre 2019 et 2021 semble se stabiliser.

Les autres marqueurs du tabagisme sont avant tout sociaux, puisqu’ils tiennent à la situation professionnelle, aux revenus et au niveau de diplôme. Les chômeurs (42,3 %) fument davantage quotidiennement que les personnes en activité (26,1 %) ou les étudiants (19,1 %). Le tiers de la population dont les revenus sont les plus bas (33,6 %) affiche une plus forte prévalence tabagique que le tercile dont les revenus sont les plus élevés (21,4 %) et celui dont les revenus sont intermédiaires (20,9 %). Le tabagisme quotidien est enfin plus présent chez les personnes sans diplôme ou avec un diplôme inférieur au baccalauréat (30,8 %) que chez celles titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat (16,8 %).

Selon Fabienne El-Khoury, chercheuse en épidémiologie sociale à l’Inserm, cette surreprésentation des catégories sociales les plus précaires s’explique par plusieurs facteurs, qui tiennent à la fois à la précarité de leur situation, à des normes sociales plus favorables au tabac et à une plus grande distance vis-à-vis des acteurs de soin (médecins, pharmaciens)[2].

L’expérimentation des cigarettes électroniques est en hausse, passant de 38,7 % en 2021 à 41,2 % en 2022 ; l’usage actuel et l’usage quotidien de ces produits n’évoluent pas de façon significative, même s’ils sont en hausse par rapport à 2016. L’expérimentation de tabac chauffé est passée de moins de 1 % en 2018 à 2,8 % en 2022 et l’usage actuel reste autour de 0,1 %, ces évolutions n’étant pas significatives.

6 fumeurs quotidiens sur 10 souhaiteraient sortir du tabagisme

En parallèle de cette étude, une analyse des données du Baromètre de Santé publique France 2021[3] pointe que 59,3 % des fumeurs quotidiens souhaitent arrêter de fumer, un chiffre qui reste lui aussi relativement stable. Les hommes sont plus nombreux que les femmes à vouloir arrêter de fumer (61,7% contre 56,5%) et à avoir effectué une tentative d’arrêt dans l’année écoulée (34,3% contre 25,8%), un écart qui s’observe d’autant plus chez les 18-34 ans.

Le bilan de la période 2021-2022 au niveau de la population adulte reste ainsi très mitigé en matière de consommation de tabac. Il témoigne non seulement de l’impact de la crise sanitaire liée à la COVID-19 sur les comportements tabagiques et la santé mentale des Français, mais aussi – voire surtout – de l’arrêt des augmentations significatives des taxes sur le tabac. Le prix réel des produits du tabac n’a plus augmenté depuis 2020 du fait de l’inflation, et fait l’objet de mesures de rattrapage depuis mars 2023. La relance d’une politique active du prix devrait constituer un des enjeux des années à venir.

Mots-clés : Santé publique France, prévalence tabagique, arrêt du tabac, prix.

©Génération Sans Tabac

MF

[1] Pasquereau A, Andler R, Guignard R, Soullier N, Beck F, Nguyen-Thanh V. Prévalence du tabagisme et du vapotage en France métropolitaine en 2022 parmi les 18-75 ans. Bull Épidémiol Hebd. 2023;(9-10):152-8. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2023/9-10/2023_9-10_1.html

[2] Le Romanser A, Tabagisme chez les plus précaires : « La dépendance à la nicotine est plus importante dans les milieux défavorisés », Libération, publié le 31 mai 2023, consulté le 1er juin 2023.

[3] Guignard R, Soullier N, Pasquereau A, Andler R, Beck F, Nguyen-Thanh V. Facteurs associés à l’envie d’arrêter de fumer et aux tentatives d’arrêt chez les fumeurs. Résultats du Baromètre de Santé publique France 2021. Bull Épidémiol Hebd. 2023;(9-10):159-65. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2023/9-10/2023_9-10_2.html

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