Seulement un Français sur dix présente une santé cardio-vasculaire optimale

9 mars 2025

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 5 mars 2025

Temps de lecture : 6 minutes

Seulement un Français sur dix présente une santé cardio-vasculaire optimale

Selon les dernières données de Santé publique France (SPF) publiées ce 4 mars[1], les maladies cardio-vasculaires (MCV) ont été responsables de plus d’un million d’hospitalisations en 2022 et de 140 000 décès en 2021, soit plus d’un décès sur cinq. Parmi ces pathologies, les cardiopathies ischémiques touchent environ 3 millions de personnes (5,6 % de la population adulte), et l’insuffisance cardiaque représente un enjeu croissant avec l’augmentation de l’espérance de vie.

En dépit des avancées thérapeutiques et des progrès en cardiologie interventionnelle, les maladies cardiovasculaires demeurent la première cause de mortalité chez les femmes et la deuxième chez les hommes après les cancers. Par ailleurs, elles sont responsables de nombreuses incapacités et complications chroniques, impactant lourdement la qualité de vie des patients et pesant sur le système de santé rappelle SPF.

Les facteurs de risque évitables comme le tabagisme à l’origine de nombreuses MCV

L’épidémiologie des MCV est fortement influencée par des facteurs de risque modifiables. Parmi les principaux facteurs comportementaux figure le tabagisme. Ce dernier concerne encore 31% des Français âgés de 18 à 75 ans (avec 23% de fumeurs quotidiens). Il constitue un facteur de risque majeur des cardiopathies ischémiques et des accidents vasculaires cérébraux. L’alimentation déséquilibrée joue également un rôle déterminant, avec une consommation excessive de sel, supérieure à 6 g par jour pour 80 % des adultes français, ainsi qu’une alimentation riche en graisses saturées et pauvre en fruits et légumes (70% des adultes ne consomment pas assez de fruits et légumes). Le manque d’activité physique, quant à lui, concerne près de 39 % des adultes et favorise l’apparition de l’obésité, du diabète et de l’hypertension. La consommation d’alcool demeure élevée, avec trois hommes et plus d’une femme sur dix ayant un niveau de consommation augmentant leur risque cardiovasculaire.

À ces facteurs s’ajoutent l’hypertension artérielle, qui touche 30 % des adultes, ainsi que des déterminants métaboliques, tels le diabète et l’hypercholestérolémie, qui concernent respectivement 7 % et 23 % de la population. Près d’un patient sur deux hospitalisé pour une cardiopathie ischémique présentait au moins un de ces facteurs de risque modifiables avant son admission. Santé publique France souligne par ailleurs la méconnaissance de ces pathologies par la population. Près de 45 % des hypertendus ignorent leur état, tout comme 50 % des personnes atteintes d’hypercholestérolémie et 20 % des diabétiques. Cette absence de dépistage précoce favorise une aggravation des complications et limite les possibilités d’intervention à un stade réversible de la maladie.

Des inégalités sociales, territoriales et de genre

Les inégalités de santé jouent un rôle central dans la prévalence et la prise en charge des MCV en France. Seuls 11% de la population française présentent une santé cardiovasculaire idéale, avec d’importants écarts liés au niveau d'éducation : seuls 4 % des adultes ayant un niveau d’éducation inférieur au baccalauréat présentent une santé cardiovasculaire optimale, contre 21 % parmi ceux ayant un diplôme de l’enseignement supérieur. De même, la prévalence de l’obésité et du tabagisme est significativement plus élevée dans les milieux défavorisés.

Des disparités régionales notables sont également observées, notamment dans le Nord-Est et le Sud-Est de la France, où les taux d’hospitalisation pour maladies cardiovasculaires sont les plus élevés. Ces écarts s’expliquent en partie par une distribution inégale des facteurs de risque et des infrastructures de soins, notamment en ce qui concerne l’accès aux unités neurovasculaires et aux centres de réhabilitation cardiaque.

Les femmes sont particulièrement vulnérables face aux maladies cardiovasculaires. Elles sont moins souvent prises en charge en soins intensifs, reçoivent moins de traitements adaptés et présentent une mortalité plus élevée après un infarctus du myocarde. L’incidence du syndrome coronarien aigu a augmenté chez les femmes de moins de 65 ans au cours des quinze dernières années, notamment en raison de la progression du tabagisme. Certains facteurs de risque spécifiques aux femmes, tels que les désordres hypertensifs de la grossesse ou le syndrome des ovaires polykystiques, restent sous-évalués dans la prévention cardiovasculaire.

Un appel à renforcer la prévention et la prise en charge

Face à ces constats, les experts insistent sur la nécessité d’une approche globale de la prévention cardiovasculaire. L’amélioration du dépistage des facteurs de risque doit être une priorité, en intégrant systématiquement, le contrôle de la pression artérielle, du cholestérol et de la glycémie, mais également le repérage d’un tabagisme et d’une consommation problématique d’alcool lors des consultations médicales de routine. L’éducation à la santé représente également un levier essentiel, avec la nécessité de mettre en place des campagnes de sensibilisation plus ciblées sur l’alimentation, l’activité physique, ainsi que sur le tabagisme et la consommation d’alcool, avec une prise en charge effective et un suivi de ces facteurs.

Le renforcement des politiques publiques est impératif, notamment à travers des mesures anti-tabac plus strictes, des actions de lutte contre la sédentarité et une meilleure régulation de la consommation de sel et de sucre dans l’industrie agroalimentaire. Par ailleurs, une attention particulière doit être portée à l’optimisation de la prise en charge des patients après un premier événement cardiovasculaire, avec un suivi renforcé et des parcours de soins intégrant systématiquement la réadaptation cardiaque.

Les données actuelles rappellent que près de 80 % des maladies cardiovasculaires sont évitables grâce à la prévention et à la modification des comportements à risque. Les nouveaux rendez-vous de prévention aux âges clés de la vie représentent une opportunité majeure pour identifier les sujets à risque et intervenir le plus précocement possible. En particulier, concernant le tabac, les experts de santé rappellent si son arrêt procure rapidement des bénéfices majeurs quel que soit l’âge, ces bénéfices sont d’autant plus importants que cet arrêt surviendra tôt, évitant en particulier les accidents cardiovasculaires précoces propres à ce facteur de risque.

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Communiqué de presse, Les maladies cardiovasculaires en France : un impact majeur et des inégalités persistantes, Santé publique France, publié le 4 mars 2025, consulté le 5 mars 2025 Comité national contre le tabagisme |

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