Royaume-Uni : les e-cigarettes désormais soumises à la réglementation sur les déchets d’équipements électroniques
15 décembre 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 16 décembre 2024
Temps de lecture : 5 minutes
La réglementation britannique sur les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) sera étendue aux producteurs de vapes et aux grandes plateformes de vente en ligne (comme Amazon), a annoncé le 10 décembre la ministre de l'économie circulaire, Mary Creagh.
L’ensemble des détaillants vendant des produits électroniques, dont les détaillants de vapes, devront s'enregistrer auprès de l'Agence de l'environnement britannique et communiquer des données sur leurs ventes au Royaume-Uni. L'Agence utilisera ces données pour calculer la contribution financière que l'entreprise doit apporter à la collecte et à la gestion des déchets électriques. Les nouvelles concernant les DEEE interviennent alors que le gouvernement travaille à l'élaboration d'une stratégie d'économie circulaire pour le Royaume-Uni, qui sera publiée l'année prochaine et comprendra des plans sectoriels visant à réduire les déchets et à développer des modèles commerciaux axés sur la réutilisation et le recyclage[1].
Le principe du pollueur-payeur appliqué pour les fabricants de vapes
Dans le cadre de ces nouvelles directives, les plateformes comme Amazon ou Ebay seront soumises à des obligations beaucoup plus strictes pour garantir que les vendeurs étrangers qui utilisent leurs plateformes contribuent au coût de la collecte et du recyclage. Ces plateformes ont été accusées d'inonder le marché d'articles électroniques de faible valeur et de mauvaise qualité que les clients ne savent pas comment recycler. Ces articles sont appelés « FastTech ». En outre, les modèles en ligne rendent plus difficile l'accès des clients aux ressources sur le dépannage et les réparations, ou l'accès aux services de réparation.
Outre l'extension aux plateformes en ligne, le règlement DEEE prévoit également l'ajout d'une nouvelle catégorie d'équipements électriques pour les dispositifs de vapotage. Auparavant, ces dispositifs rentraient dans la même catégorie que les jouets ou les équipements sportifs. L'organisation à but non lucratif britannique Material Focus estime que cinq millions de vapes sont jetées dans les déchets domestiques chaque semaine au Royaume-Uni.
Bien que les cigarettes électroniques puissent techniquement être recyclées, le processus est long et difficile. Certains modèles doivent être démontés à la main pour séparer les batteries, les composants électriques et les différents plastiques. Dans d’autres modèles (comme les puffs), certains composants sont imbriqués, rendant le démontage très difficile voire impossible. De plus, le liquide de nicotine nécessite des précautions supplémentaires pour des raisons de santé et de sécurité. La plupart des puffs contiennent également des diodes électroluminescentes qui s'allument lorsque l'utilisateur tire dessus. Il est peu probable qu'elles soient récupérées lors du processus de recyclage.
Dans une étude menée en 2023, Material Focus avait constaté que neuf magasins sur dix qui vendent des cigarettes électroniques ne respectent pas leur obligation d'offrir des services de collecte de recyclage. Scott Butler, directeur exécutif de Material Focus, s'est félicité de ces nouvelles réformes qui permettent d’appliquer le principe de pollueur-payeur à la filière du vapotage, responsable d’une importante pollution.
Opportunité de communication pour les fabricants de vapotage
Elfbar, l'une des principales marques britanniques de produits de vapotage, a déclaré à BBC News qu'elle se félicitait de ce changement : « Nous nous engageons à fournir des produits qui réduisent les déchets et nous travaillons avec les détaillants pour les aider à faire face aux changements réglementaires tout en veillant à ce que les fumeurs adultes et les ex-fumeurs continuent d'avoir accès à des alternatives au tabac », a déclaré un porte-parole de la marque.
Fin 2023, Elfbar avait déployé une campagne de communication au Royaume-Uni insistant sur les avantages environnementaux des dispositifs de la marque. Les affiches, dont certaines ont été apposées sur des bus et des panneaux d'affichage numérique, indiquaient « le recyclage pour un avenir plus vert », ainsi que des messages sur la sensibilisation à l'écologie et le symbole du recyclage. L'autorité britannique de la publicité (ASA) avait interdit ces publicités en précisant que les publicités donnaient l'impression que les produits Elfbar étaient « largement et facilement recyclables », ce qu'elle a jugé « inexact » en raison des options très limitées de recyclage qui existent en réalité pour ces produits[2].
Avec l’interdiction à venir dans plusieurs pays (Royaume-Uni, France) des dispositifs électroniques jetables, les fabricants ont commercialisé de nouveaux modèles qu’ils appellent « puffs rechargeables » qu’ils présentent comme plus « écologiques ». Cet argument offre une nouvelle opportunité de communication aux fabricants et les fait passer pour des acteurs responsables. Ce type de communication, associée à l’image d’une entreprise socialement responsable, n’est pas autorisée dans de nombreux pays comme le Royaume-Uni et la France. Elle tend à présenter les fabricants comme porteurs de solutions aux problèmes qu’ils créent et occulte l’ampleur majeure du désastre environnemental qui leur est imputable.
AE
[1] UK to make online retailers pay their fair share towards e-waste recycling costs, EDIE, publié le 10 décembre 2024, consulté le 11 décembre 2024
[2] Génération sans tabac, Royaume-Uni : des publicités pour des puffs interdites en raison d’affirmations environnementales trompeuses, publié le 3 décembre 2023, consulté le 11 décembre 2024
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