Royaume-Uni : l’augmentation des prix du tabac dépasse l’inflation
17 mars 2023
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 17 mars 2023
Temps de lecture : 5 minutes
Le prix du tabac a considérablement augmenté hier au Royaume-Uni, en raison de l’indexation de la fiscalité sur les niveaux d’inflation constatés, à laquelle s’ajoute une hausse supplémentaire de 2% de taxes pour les cigarettes, et de 6% pour le tabac à rouler. Cette trajectoire fiscale a été saluée par l’ONG Action on Smoking and Health (ASH), ainsi que par Spectrum, un consortium de recherche en santé publique[1].
Une augmentation sur les cigarettes et le tabac à rouler
Les taxes sur les cigarettes ont été augmentées de 2% au-dessus de l’inflation, suite aux discussions du Royaume-Uni sur le Budget. Ces hausses de prix sont immédiatement entrées en vigueur quelques heures après le vote du texte. Au regard des niveaux d’inflation constatés au Royaume-Uni (10 ,1%), le prix moyen d’un paquet de cigarettes devrait augmenter d’environ 12%. Ainsi, selon l’Office for National Statistics, le prix moyen d’un paquet de cigarettes étant d’environ 12,84 livres, (14,60 euros), celui-ci est passé hier à 14,36 livres, soit près de 16,40 euros pour vingt cigarettes. Pour le tabac à rouler, l’augmentation des taxes est plus forte, puisqu’une hausse de 6% supplémentaire à celle de l’inflation a été décidée, entraînant une hausse de près de deux euros sur la blague de trente grammes de tabac. Cette décision a été saluée par les deux organismes de santé publique, qui rappellent que les hausses significatives de taxes restent le moyen le plus efficace pour réduire la prévalence tabagique, tandis que l’OMS encourage les pouvoirs publics à ce que les taxes sur le tabac augmentent de manière continue, et tiennent compte de l’évolution de l’inflation et des revenus[2].
Un plan de lutte contre le tabagisme toujours en attente au Royaume-Uni
Ash comme Spectrum regrettent toutefois que les taxes sur le tabac soient indexées à l’index des prix de vente au détail (RPI) plutôt qu’à l’évolution du revenu moyen, comme elles en avaient fait la proposition à Jérémy Hunt, Chancelier de l’Echiquier. Par ailleurs, les deux organisations déplorent l’échec du rétablissement du financement de la lutte antitabac dans le budget de la santé publique. Entre 2015 et 2022, alors que la fiscalité sur le tabac a considérablement augmenté, le financement de la santé publique a été réduit de 24% en valeur réelle. Par ailleurs, la subvention accordée à la santé publique n’a pas été réévaluée en fonction des niveaux d’inflation, signifiant de fait une réduction du financement. Sans la mise en place d’un plan coordonné et rapide de lutte contre le tabagisme, le Royaume-Uni devrait accumuler un retard de neuf ans sur son objectif de parvenir à une génération sans tabac d’ici 2030. A ce titre, le gouvernement s’est engagé à répondre dans les prochaines semaines à la série de propositions et recommandations sur le tabagisme au Royaume-Uni, faites par une mission indépendante.
Toujours pas de taxe spécifique pour les cigarettes électroniques jetables
Ash et Spectrum se sont également prononcés en faveur de l’introduction d’une nouvelle taxe de quatre livres par cigarette électronique jetable (puff) pour faire face à son rapide développement, notamment auprès des jeunes. Selon les deux organisations, une telle mesure permettrait de diminuer rapidement l’accessibilité de ces nouveaux produits de la nicotine, dont certains peuvent être achetés pour moins de cinq livres (5,68 euros). L’objectif de l’introduction d’une telle taxe serait également de répondre à un enjeu environnemental, dans la mesure où ces produits électroniques jetables, composés d’une batterie, constituent un facteur majeur de pollution. Pour Ash comme pour Spectrum, il apparaît nécessaire que le prix de ces produits soit au moins égal à celui des cigarettes électroniques non jetables. A l’heure actuelle, une telle mesure ne semble pas à l’ordre du jour.
Une indexation de la fiscalité de l’alcool, sauf pour la bière pression
Les discussions sur le Budget ont également abouti à une augmentation de la fiscalité sur les alcools de 10,1%, soit une indexation sur les niveaux d’inflation. Les réactions de la part de l’industrie de l’alcool ne se sont pas fait attendre : l’industrie écossaise du whisky a qualifié cette décision de « coup historique », tandis que la Scottish Whisky Association (SWA) considère que cette indexation est « la mauvaise décision au mauvais moment ». Toutefois, Jérémy Hunt a annoncé que les bières pressions ne seraient pas concernées par cette politique de santé publique, justifiant cette exemption comme étant un coup de pouce aux pubs britanniques. Alors que la consommation d’alcool est un enjeu majeur de santé publique au Royaume-Uni, Jérémy Hunt a conclu : « la bière britannique peut être chaude, mais les taxes sur la pinte sont gelées »[3].
©Génération Sans TabacFT
Mots-clés : Royaume-Uni, Fiscalité, Inflation, Puff, Alcool[1] Action on Smoking and Health (ASH), Tobacco tax rises welcomed by ASH and SPECTRUM but concerns raised, 15/03/2023, (consulté le 16/03/2023)
[2] Organisation mondiale de la santé (OMS), WHO report on the global tobacco epidemic, 2015, (consulté le 07/03/2022)
https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/178574/9789240694606_eng.pdf
[3]Independant, Duty on draught beer to be frozen to help the ‘great British pub’, 15/03/2023, (consulté le 16/03/2023)
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