Nouveau revers pour la Fondation pour un monde sans fumée
19 janvier 2021
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 19 janvier 2021
Temps de lecture : 4 minutes
La Fondation pour un monde sans fumée, se présentant comme une organisation scientifique indépendante destinée à « faire progresser l’arrêt du tabac et la réduction de ses méfaits à l’échelle mondiale », multiplie les déboires. L’organisme, exclusivement financé par Philip Morris, est désormais poursuivi en justice par l’une de ses anciennes employées, qui l’accuse de profiter de son statut de fondation pour faire la promotion de produits développés par l’industrie du tabac et de la nicotine, et de bénéficier d’exonérations fiscales[1].
Le 13 janvier 2021, Lourdes Liz, ex-directrice des médias numériques et sociaux de la Fondation sans Fumée, a déposé une plainte contre son ancien employeur devant le tribunal de Manhattan. L’organisme est en particulier accusé de minimiser les risques sanitaires associés à la consommation de cigarettes électroniques.
La Fondation, vitrine promotionnelle de l’industrie du tabac et de la nicotine
Selon la plaignante, la Fondation est même allée jusqu’à faire la promotion de ces nouveaux produits auprès des adolescents. Derek Yach, président de la Fondation, et l’agence de publicité de cette dernière sont notamment pointés du doigt pour avoir proposé une stratégie marketing sur les réseaux sociaux avec mobilisation des influenceurs de la plateforme Instagram, expliquant par exemple comment réaliser des ronds de vapeur. Cette promotion des produits de l’industrie est d’autant plus problématique qu’elle est interdite par la loi.
Une relation partenariale avec Philip Morris et Altria
Loin d’être un organisme scientifique indépendant, la Fondation pour un monde sans fumée est accusée d’être un groupe de façade travaillant directement en faveur de la promotion des intérêts de Philip Morris International (PMI), ainsi que de son ancienne maison-mère, Altria, qui commercialise les marques Marlboro et IQOS aux USA et est l'un des propriétaires du leader mondial de la cigarette électronique, Juul Labs. Cette relation, contraire à l’esprit d’indépendance vanté par la Fondation, est affirmée par un mail de Derek Yach. Dans celui-ci, il stipule à Lourdes Liz « organiser des séances stratégiques avec l’industrie du tabac » en tant que président de la Fondation, et souligne sa volonté de suivre les directives de celle-ci en matières de budget, ou de messages à relayer. De cette façon, par son travail de collaboration avec l’industrie du tabac et de la nicotine, l’organisme enfreindrait les conditions pour lesquelles l’organisme, en tant que fondation, bénéficie d’exonérations fiscales.
Une crédibilité mise à mal
Cette plainte, si elle aboutit, corroborera les nombreuses mises en garde de la part de la communauté scientifique et des associations de lutte contre le tabagisme. En octobre 2020, la Stopping Tobacco Organizations and Products (STOP) révélait que la Fondation n’avait pas réussi à trouver d’autres bailleurs de fonds que Philip Morris. En trois ans, l’organisme « scientifique » avait par ailleurs dépensé pas moins de 240 millions d’euros, investissant davantage dans les postes de communication et de relations publiques que de recherche. Selon l'ONG américaine Tobacco Free Kids, « des centaines d’organisations de santé publique à travers le monde, notamment des universités, des organisations de la société civile, des instituts de recherche et des revues scientifiques, ont déjà rejeté la Fondation et sa science en raison de ses liens financiers avec PMI »[2].
Mots clés : Fondation, Front group, PMI, Altria, Juul ©Génération Sans Tabac[1] Campaign for Tobacco Free Kids, Lawsuit Alleges Collaboration Between Philip Morris International and the Supposedly Independent Foundation for a Smoke-Free World, 15/01/2021, (consulté le 18/01/2021)
[2] 3 Years In: FSFW is a Failing “Front Group”. STOP, 27 octobre 2020