Québec : l’interdiction de vente des sachets de nicotine hors des pharmacies n’est pas respectée

La vente d’un seul modèle de sachet de nicotine est autorisée au Canada, celle de la marque Zonnic commercialisée par Imperial Tobacco Canada. Cette autorisation de Santé Canada est intervenue en octobre 2023, et ce produit est depuis disponible en libre-service, notamment chez les dépanneurs, à l’exception du Québec et de la Colombie-Britannique qui autorisent sa vente uniquement en pharmacie, derrière le comptoir.

Santé Canada a approuvé la vente des sachets de nicotine de la marque Zonnic contenant 4mg de nicotine comme produit d’aide à l’arrêt du tabac dans le cadre du Règlement sur les produits de santé naturels, qui relève de la Loi sur les aliments et drogues

Dans les provinces du Québec et de la Colombie-Britannique, la réglementation octroie aux seuls pharmaciens le droit de vendre ces sachets de nicotine, et ce, depuis leur mise sur le marché. De plus, l’Ordre des pharmaciens du Québec recommande de ne vendre ces produits uniquement qu’à des fumeurs après une consultation avec un pharmacien pour s’assurer de leur démarche de sevrage tabagique.

Malgré l’interdiction, des sachets fortement dosés sont disponibles partout au Québec

Des journalistes du média québécois La Presse[1] ont effectué, à titre d’illustration, des achats dans trois débits de tabac à Montréal où ils se sont procurés plusieurs marques de sachets à des concentrations de 6, 10 et 15 mg de nicotine. Ces débits exposent un éventail de sachets de nicotine aromatisés sur un présentoir à la vue de tous, en concentrations de 3 à 15 mg. Les journalistes indiquent qu’il a été encore plus facile de commander des sachets en ligne, provenant de boutiques situées ailleurs au Canada. La Presse a ainsi pu acheter des sachets contenant 50 mg de nicotine, qui ont été livrés de Vancouver en seulement quelques jours. Les sites internet vendant ces produits précisent qu’ils peuvent expédier à travers le pays dans un « emballage discret ».

En ligne comme en magasin, La Presse a aussi constaté la présence récurrente de sachets de la marque ZYN du fabricant Philip Morris International, alors que le gouvernement canadien a procédé en juin dernier au rappel de ces sachets ZYN, et ces derniers ne sont pas disponibles à la vente. Le rappel concernait les détaillants vendant le produit avec toute une variété d’arômes, notamment Apple Mint, Black Cherry, Citrus, Cool Mint, Original, Espresso, Spearmint et Bellini[2].

La fabrication artisanale de sachets de nicotine, une tendance qui inquiète

La Presse a également constaté auprès de détaillants québécois la vente de kits pour fabriquer soi-même ses sachets de nicotine. Chaque kit comprend des pochettes personnalisables, des arômes et de la nicotine liquide, comme celle utilisée dans les cigarettes électroniques. Le vendeur a expliqué aux journalistes comment mélanger arôme et liquide de nicotine, puis imbiber les sachets.

Des produits qui restent facilement accessibles aux mineurs

Les experts en santé publique du Québec s’inquiètent de la grande disponibilité aux mineurs de ces produits addictifs. En effet, si toutes les provinces et tous les territoires canadiens disposent d’une législation interdisant la vente de produits du tabac et de produits de vapotage aux jeunes (l’âge étant fixé à 18, 19 ou 21 ans selon la province ou le territoire), par contre ces lois fédérales/provinciales/territoriales ne s’appliquent pas aux produits à base de nicotine approuvés en vertu de cette législation sur les aliments et drogues. Ainsi, le Règlement sur les produits de santé naturels ne prévoit pas d’âge minimum de vente, et il s’ensuit qu’il n’y a pas d’âge minimum de vente pour les sachets de nicotine. Toutefois, à ce jour, seule la Colombie-Britannique a interdit la vente des sachets de nicotine aux mineurs de moins de 19 ans.

©Génération Sans Tabac

AE

[1] Adèle Décary-Chen, À fortes doses et à portée de main, La Presse, publié le 30 juillet 2024, consulté le 6 août 2024

[2] Génération sans tabac, Des sachets de nicotine vendus illégalement en Australie et au Canada, publié le 18 juin 2024, consulté le 6 août 2024