Népal : l’impact préoccupant du tabac sur la santé et l’économie
26 mai 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 26 mai 2024
Temps de lecture : 4 minutes
Un dossier de l’Association suisse pour la prévention du tabagisme fait état de la persistance de hauts niveaux de consommation au Népal. Le document insiste sur la nécessité de renforcer les politiques nationales de lutte contre le tabagisme, d’augmenter la fiscalité des produits du tabac, de garantir l’effectivité des mesures et de protéger les pouvoirs publics de l’influence de l’industrie du tabac.
L’Association suisse pour la prévention du tabagisme consacre un dossier à la situation et aux enjeux liés à la lutte contre le tabagisme au Népal. Malgré la mise en place de mesures de lutte contre le tabagisme, la prévalence demeure encore particulièrement élevée dans le pays. Cela s’explique notamment par des niveaux de taxation encore trop faibles, ainsi que par une forte influence de l’industrie du tabac dans la décision et le débat publics.
L’impact majeur du tabac au Népal
Avec près d’un mort sur cinq attribuable au tabac (19,4%), le tabagisme est la première cause de mortalité au Népal. Au-delà du coût humain et sanitaire, l’industrie du tabac est à l’origine d’un coût économique non négligeable, estimé à environ 300 millions de dollars, soit 1,04% du PIB népalais. Pour cause, l’Association suisse pour la prévention du tabagisme rappelle que la prévalence tabagique demeure élevée, passant de 30,8% à 28,9% entre 2012-13 et 2019. De son côté, l’institut népalais de recherche pour le développement estime cette prévalence tabagique à 31,7%.
Des avancées malgré l’opposition de l’industrie du tabac
En 2006, le pays a ratifié la Convention-cadre de l’Organisation mondiale pour la lutte antitabac (CCLAT), précédant la mise en place de plusieurs mesures de santé publique, à l’instar de la loi sur le contrôle et la réglementation des produits du tabac de 2011, avec l’obligation d’apposer des avertissements sanitaires couvrant plus de 75% de la surface des paquets, ou encore l'interdiction de publicité pour les produits du tabac.
Comme le souligne l’Association suisse pour la prévention du tabagisme, le Népal a renforcé en 2015 la réglementation sur les avertissements sanitaires, devant désormais recouvrir 90% de la surface des paquets. Cette décision a toutefois suscité une vive opposition de l’industrie du tabac, contraignant les représentants de la santé publique à introduire une demande reconventionnelle. Huit ans plus tard, la Cour suprême a statué en faveur de la santé publique, en exigeant des fabricants d’imprimer des avertissements graphiques couvrant 90% de la surface des paquets.
La fiscalité du tabac au Népal encore en deçà des recommandations internationales
Au terme de plusieurs années d’effort de plaidoyer de la part des acteurs de santé publique, le gouvernement a instauré des hausses significatives de taxes sur les produits du tabac. Toutefois, le taux d’imposition sur le tabac, estimé aujourd’hui à environ 39% du prix du paquet, reste encore largement inférieur aux recommandations régionales et internationales. En effet, l’Organisation mondiale de la santé recommande aux pouvoirs publics que la fiscalité du tabac représente au moins 75% de leur prix au détail.
Comme dans de nombreux pays, l’industrie du tabac cherche à dissuader les pouvoirs publics d’augmenter les taxes sur les produits du tabac, évoquant un risque d’alimenter le commerce illicite. Alors que l’institut népalais de recherche pour le développement estime la part du commerce illicite à 0,33% de la consommation nationale, cet argument trouve toutefois un écho auprès du gouvernement népalais, encore trop réticent à mobiliser l’outil fiscal. Pourtant, l’efficacité des hausses de taxes dans la baisse de la consommation et de la prévalence tabagique fait l’objet d’un consensus scientifique, régulièrement rappelé par l’OMS.
FT
Pour lire le dossier : Association suisse pour la prévention du tabagisme, Dossiers brûlants : la lutte du Népal contre la mainmise du tabac sur la santé et l'économie, 14/05/2024, (consulté le 21/05/2024)