Mois sans tabac : un défi collectif qui sauve des vies et réduit les coûts
18 novembre 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 18 novembre 2024
Temps de lecture : 4 minutes
Chaque année, le Mois sans tabac mobilise des milliers de fumeurs à travers la France pour les encourager à arrêter de fumer pendant 30 jours. Inspirée de la campagne britannique Stoptober, l’initiative vise à réduire la prévalence du tabagisme, première cause de mortalité prématurée évitable dans le pays. En 2015, le tabac était responsable de 13 % des décès en France, et son coût social atteignait 156 milliards d’euros en 2019[1].
Un retour sur investissement largement favorable
Selon une étude menée par Santé publique France en collaboration avec l’OCDE[2], le Mois sans tabac est non seulement bénéfique pour la santé publique, mais aussi économiquement avantageux. Entre 2016 et 2020, on estime que 2 millions de tentatives d’arrêt du tabac ont été directement liées à cette campagne, avec un taux de participation des fumeurs quotidiens variant de 2,5 % à 4,8 % par an.
À l’horizon 2050, les projections montrent que l’initiative permettrait d’éviter :
- 241 000 cas d’infections respiratoires basses;
- 28 000 cas de cancers attribuables au tabac;
- 18 000 cas de maladies cardiovasculaires.
Cette réussite ne se limite pas à la santé. Sur la période 2023-2050, le Mois sans tabac pourrait permettre d’économiser 94 millions d’euros par an en dépenses de santé et d’améliorer l’emploi et la productivité à hauteur de 85 millions d’euros par an. Avec un coût annuel de 12,5 millions d’euros, cette campagne offre un retour sur investissement de 7 euros pour 1 euro investi, voire de 14 euros si l’on inclut les conséquences sur le marché du travail[3].
Une démarche efficace et structurée
Le Mois sans tabac repose sur un modèle de marketing social. Le seuil des 30 jours d’arrêt est stratégique : il correspond à une période à l’issue de laquelle les symptômes de sevrage diminuent fortement, multipliant par cinq les chances d’un arrêt définitif. En plus des campagnes de sensibilisation, des outils concrets sont mis à disposition des participants : consultations avec des professionnels, kits d’aide au sevrage et accompagnement via des applications comme Tabac Info Service[4].
Depuis son lancement en 2016, plus de 1,34 million de Français se sont inscrits à cette opération. À titre d’exemple, 20 % des participants étaient toujours non-fumeurs six mois après leur arrêt, selon un baromètre de Santé publique France[5].
Des résultats qui appellent à une continuité renforcée
Le tabagisme reste un défi de santé publique majeur, avec un taux de fumeurs quotidiens de 24,5 % parmi les 18-75 ans en 2022. Si les chiffres du Mois sans tabac sont encourageants, les experts soulignent que ses effets pourraient être amplifiés avec une meilleure inclusion des populations les plus vulnérables, notamment les personnes en situation de handicap ou celles en grande précarité[6].
L’OCDE et Santé publique France rappellent que ce type d’opération contribue à promouvoir la santé des populations, tout en protégeant le système de soins. Maintenir et renforcer le Mois sans tabac est donc essentiel pour continuer à réduire les inégalités de santé et les coûts associés au tabagisme.
RK
[1] https://www.lequotidiendumedecin.fr/actu-medicale/sante-publique/mois-sans-tabac-les-personnes-en-situation-de-handicap-intellectuel-un-public-peu-sensible-la (consulté le 13/11/2024)
[2] Devaux, M. et al. (2023), « Évaluation du programme national de lutte contre le tabagisme en France », Documents de travail de l'OCDE sur la santé, no. 155, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/b656e9ac-fr. (consulté le 13/11/2024)
[3] Guignard R, Devaux M, Nguyen-Thanh V, Lerouge A, Dorfmuller Ciampi M, Cecchini M, et al. Évaluation sanitaire et économique de Mois sans tabac : un retour sur investissement positif. Bull Épidémiol Hebd. 2024;(22):492-8. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2024/22/2024_22_1.html (consulté le 13/11/2024)
[4] https://www.generationsanstabac.org/fr/fiches/mois-sans-tabac-utilisation-du-marketing-social-dans-la-lutte-antitabac/ (consulté le 13/11/2024)
[5] https://www.santepubliquefrance.fr/revues/articles-du-mois/2019/de-stoptober-a-mois-sans-tabac-comment-importer-une-campagne-de-marketing-social (consulté le 13/11/2024)
[6] Ben Lakhdar C, Massin S, Ngugen S, pour la délégation régionale de Nous Aussi. Consommation de tabac et vapotage chez les personnes en situation de handicap intellectuel : une enquête dans les Hauts-de-France. Bull Épidémiol Hebd. 2024;(22):498-505. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2024/22/2024_22_2.html (consulté le 13/11/2024)
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