Luxembourg : le paquet de cigarettes pourrait augmenter de 3,5€
10 juillet 2025
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 9 juillet 2025
Temps de lecture : 5 minutes
Alors que le Luxembourg envisage une augmentation significative du prix du tabac — jusqu’à 60 % selon certains scénarios — cette mesure serait une avancée majeure pour la santé publique au niveau européen. En réduisant les écarts de prix avec la France, elle pourrait contribuer à freiner le commerce transfrontalier de tabac et améliorer la situation sanitaire dans les régions frontalières, notamment le Grand Est, particulièrement touché par une prévalence tabagique plus élevée. Cette perspective vient également contrecarrer les narratifs de l’industrie du tabac sur les marchés parallèles, souvent exagérés pour bloquer les hausses fiscales.
Une décision attendue au Luxembourg
L’augmentation du prix du tabac au Luxembourg, évoquée ces derniers jours dans plusieurs médias luxembourgeois et français, s’inscrit dans le cadre de la révision de la directive sur la fiscalité des produits du tabac au sein de la Commission Européenne. L’objectif : harmoniser davantage les niveaux de taxation entre États membres et réduire les distorsions de prix qui favorisent les achats transfrontaliers[1].
Le Luxembourg, connu pour ses prix très bas sur les produits du tabac, figure parmi les pays les plus directement concernés par cette réforme. Selon les premières estimations relayées par la presse, le prix du paquet de cigarettes pourrait augmenter de 3,50 €, soit une hausse d’environ 60 %, ce qui constituerait un tournant majeur dans la politique fiscale du Grand-Duché en matière de tabac. Cette perspective serait conforme aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, qui préconise une taxation forte comme instrument de réduction de la consommation tabagique.
Pour les associations de santé publique, cette mesure constituerait une avancée majeure vers une fiscalité plus cohérente au sein de l’Union européenne, renforçant l’efficacité des politiques de santé nationales. En réduisant l’attractivité du tabac luxembourgeois, elle permettrait à la fois de diminuer les achats transfrontaliers, de protéger les populations exposées et de renforcer les politiques fiscales françaises, en particulier au niveau des régions frontalières du Grand Est.
Un levier pour la santé publique et les finances
Chaque année, des millions de paquets de cigarettes sont achetés hors du territoire national, principalement dans les pays frontaliers où la fiscalité est plus avantageuse. Ce phénomène, qualifié de « tourisme fiscal du tabac », affaiblit partiellement l’efficacité des politiques de santé publique fondées sur l’augmentation des prix, pourtant reconnue comme l’un des moyens les plus efficaces pour faire reculer le tabagisme, en particulier chez les jeunes et les populations vulnérables.
Les régions frontalières comme le Grand Est, où l’accès au tabac bon marché est facilité par la proximité avec le Luxembourg, en subissent directement les conséquences : elles affichent une prévalence tabagique plus élevée que la moyenne nationale, aggravant les inégalités de santé territoriales. Sur le plan économique, cette réforme fiscale à l’échelle européenne permettrait également une meilleure sécurisation des recettes fiscales françaises, en réduisant les pertes liées à ces achats hors territoire.
Une réponse à la désinformation de l’industrie du tabac
L’annonce d’une possible hausse du prix du tabac au Luxembourg constitue aussi une réponse claire aux discours alarmistes de l’industrie du tabac, qui invoque systématiquement le développement du commerce parallèle pour s’opposer aux hausses fiscales. Ces arguments, largement relayés par des cabinets financés par les cigarettiers, visent à freiner les politiques publiques efficaces de lutte contre le tabagisme.
Le Comité national contre le tabagisme (CNCT)[2] rappelle également que l’ampleur des achats transfrontaliers est directement le résultat du sur-approvisionnement de ces marchés par les fabricants de tabac. Ces derniers livrent des volumes au Luxembourg bien supérieurs aux besoins du marché national, alimentant directement les marchés parallèles à celui des buralistes en France. Ainsi en 2023, selon les propres données issues des rapports KPMG réalisés pour le cigarettier Philip Morris, 4,34 milliards de cigarettes ont été vendues au Luxembourg, soit plus de 18 cigarettes par jour et par habitant. Le CNCT déplore que le système de suivi et de traçabilité mis en place au niveau européen ne soit pas indépendant des cigarettiers et que les données concernant ce sur-approvisionnement des marchés frontaliers ne soient pas rendues publiques alors même qu’elles démontreraient la responsabilité des cigarettiers dans ce domaine.
Le CNCT souligne enfin que cette pratique de sur-approvisionnement va à l’encontre du Protocole de l’OMS pour éliminer le commerce illicite, ratifié par l’Union européenne, lequel prévoit des quotas d’approvisionnement basés sur la consommation intérieure.
Dans ce contexte, il apparait que contrairement au discours récurrent concernant les marchés parallèles, les hausses de taxes associées à des mesures efficaces de lutte contre les pratiques des fabricants de tabac aillent de pair avec une amélioration de la santé publique, l’amélioration des recettes fiscales et la réduction des marchés parallèles.
AE
[1] Fabrice Barbian, Luxembourg : le prix du paquet de cigarettes va-t-il fortement augmenter ?, La Semaine, publié le 4 juillet 2025, consulté le 8 juillet 2025
[2] Communiqué, Marchés parallèles du tabac : l’industrie du tabac persiste dans la désinformation, CNCT, publié le 11 juin 2025, consulté le 8 juillet 2025
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