Les tentatives de l’industrie du tabac de s’immiscer dans la COP8 via Twitter
17 novembre 2020
Par: communication@cnct.fr
Dernière mise à jour : 17 novembre 2020
Temps de lecture : 3 minutes
Les tentatives de l'industrie du tabac pour empêcher l’adoption de la Convention-cadre de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la lutte antitabac (CCLAT) puis sa mise en oeuvre sont nombreuses. Sur les réseaux sociaux, l’industrie, et plus particulièrement Philip Morris International a créé une stratégie d’entreprise pour influencer la CCLAT en promouvant des messages favorables à l’industrie autour de la Conférence des Parties (COP).
La Conférence des Parties (COP) est l'organe de décision de la CCLAT et réunie notamment toutes les Parties à la Convention et la société civile. Son objectif est d'examiner régulièrement la mise en œuvre de la Convention et de prendre des décisions pour promouvoir son effectivité, ce qui peut impliquer l'adoption de protocoles, de directive d’application, rapports et amendements à la Convention.
Des chercheurs du Tobacco Control Research Group (TCRG) ont analysé[1] les données de Twitter pour obtenir un aperçu de l'activité de l'industrie du tabac et de ses alliés à l'approche de la COP8 en octobre 2018, et de leurs tentatives d'influencer les décisions prises au niveau de la CCLAT. Après avoir analysé plus de 9 000 tweets et retweets incluant le hashtag #COP8FCTC, les chercheurs ont constaté que sur les 152 comptes Twitter publiant activement sur la COP, un cinquième (27 au total) étaient des acteurs de l'industrie du tabac (comptes appartenant à une société de tabac ou à ses employés, ou à une organisation qui avait reçu un financement direct d'une entreprise de tabac).
L’approche stratégique de PMI pour influencer les débats de la COP8
Sur ces 27 comptes Twitter de l'industrie du tabac, 13 étaient directement liés à PMI, deux étant des comptes officiels et 11 étaient des comptes personnels de dirigeants de PMI. Dix autres comptes ont été identifiés comme appartenant à des organisations qui avaient reçu un financement direct de Philip Morris dont la Fondation pour un monde sans fumée ou le Réseau international des organisations de consommateurs de nicotine (INNCO).
La majorité des messages exprimaient un sentiment positif envers les produits de nouvelle génération et la réduction des risques. Ils demandaient des politiques plus souples pour ces produits ou exprimaient des critiques à l'encontre de personnes ou d'organisations perçues comme s'opposant à ces produits. L’instrumentalisation de la notion de « réduction de risque » est la réponse tactique de l'industrie pour continuer à promouvoir ses produits. L’influence subversive et secrète de PMI fait partie de la stratégie d’entreprise actuelle pour développer son nouveau produit de tabac chauffé. Un document interne de la compagnie le souligne clairement préconisant de « Faire de PMI un partenaire de confiance et indispensable, leader de son secteur et apportant des solutions » et d’ « Amplifier et tirer parti du débat sur la réduction des risques à l’occasion des rencontres internationales comme les COP ». L’essentiel de communication actuelle de PMI est structuré autour de cet objectif visant à faire apparaître l’entreprise comme un acteur légitime de santé publique, soucieux de proposer une solution au fardeau sanitaire du tabagisme que ses activités suscitent.
Mots clés : COP8, Ingérence, Philip Morris ©Génération Sans Tabac[1] Robertson L, Joshi A, Legg T, et al Exploring the Twitter activity around the eighth meeting of the Conference of the Parties to the WHO Framework Convention on Tobacco Control Tobacco Control Published Online First: 11 November 2020. doi: 10.1136/tobaccocontrol-2020-055889 Comité National Contre le Tabagisme |