Le tabagisme accroît chez la femme le risque d’infection aux papillomavirus
9 février 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 9 février 2024
Temps de lecture : 4 minutes
Deux études confirment l’effet délétère du tabagisme chez la femme sur la fréquence et l’évolution des infections aux papillomavirus humain (HPV). Le risque d’infection aux papillomavirus serait plus important d’un tiers chez les fumeuses, et celles-ci élimineraient plus lentement ce virus au niveau du col utérin. Eviter l’initiation tabagique et encourager l’arrêt du tabac et de la nicotine sont les premières étapes de la prévention.
L’infection aux papillomavirus humain (HPV) est extrêmement fréquente. Elle peut occasionner plusieurs types de cancers, en particulier ceux du col de l’utérus (3000 nouveaux cas avec 1000 décès par an en France), mais aussi des voies ORL, du pénis et de l’anus.
Le tabagisme est un facteur connu de l’infection aux papillomarivus. Parmi les 4500 composants chimiques contenus dans la fumée de tabac, plusieurs dizaines sont cancérigènes, dont les benzopyrènes et les nitrosamines. Parallèlement, la cotinine, qui est le principal métabolite de la nicotine, a un effet immunodépresseur local, et semble particulièrement concentrée dans la glaire cervicale, ce qui suggère son effet possible sur la persistance de l’infection aux papillomavirus[1].
Le tabagisme accentue le risque d’infection aux papillomavirus
Deux études ont récemment souligné l’impact du tabac sur l’infection aux papillomavirus. La première, basée sur la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES), a analysé les données collectées entre 2011 et 2016 concernant 3 833 femmes représentatives des femmes étasuniennes âgées de 18 à 59 ans dont environ 65 % étaient exposées aux tabagisme actif et/ou passif[2]. Globalement, après prise en compte des autres facteurs de risques connus, la fréquence observée d’infection aux papillomavirus était 32 % plus élevée chez ces dernières en comparaison avec les femmes non exposées, et cette fréquence était plus élevée de 70 % chez les fumeuses actives.
La seconde étude concerne 80 femmes suivies sur deux ans à l’Hôpital Général de Shanghai, et porteuses, au début de l’étude, d’une infection génitale aux papillomavirus, dont 20 fumeuses et 60 non fumeuses[3]. Après ajustement pour les autres facteurs de risques connus, la disparition du virus au niveau génital était deux fois moins fréquente chez les fumeuses[4] que chez les non fumeuses, et cet effet négatif était fonction de la durée du tabagisme en années, de la fréquence des jours de consommation par mois et du nombre de cigarettes fumées par jour.
L’arrêt du tabac recommandé pour la prévention des infections par HPV
Les auteurs de ces deux études insistent sur l’intérêt de la prévention et du traitement du tabagisme ; pour L. Jiang et al « il est évident que l’exposition active et passive à la fumée devrait être prévenue pour réduire le risque d’infection aux HPV à haut risque », et pour K Ma et al les deux principaux facteurs de risques de survenue d’un cancer du col utérin étant l’infection par HPV et le tabac, il est souhaitable de « réitérer auprès des femmes HPV positive le conseil de réduire ou d’arrêter de fumer ».
Mots-clés : papillomavirus humain, HPV, tabac, nicotine, cotinine
©Génération Sans TabacMF
[1] Mergui JL, Tabac et HPV : un facteur aggravant ?, Gynéco Online, octobre 2023, consulté le 1er février 2024.
[2] Jiang, L., Ma, S., Zhang, G. et al. Analysis of tobacco exposures and high-risk HPV infection in American women: National Health and Nutrition Examination Survey. Environ Sci Pollut Res, 2023, 30, 110489–110498.
[3] Ma K, Li S, Wu S, Zhu J, Yang Y. Impact of smoking exposure on human papillomavirus clearance among Chinese women: A follow-up propensity score matching study. Tob Induc Dis. 2023 Mar 20;21:42. doi: 10.18332/tid/161026. PMID: 36949733; PMCID: PMC10026377.
[4] Capacité de l’organisme à éliminer une substance.
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