Le discours victimaire des buralistes peu conforme à la réalité

21 octobre 2024

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 21 octobre 2024

Temps de lecture : 4 minutes

Le discours victimaire des buralistes peu conforme à la réalité

Un rapport de l’Alliance contre le tabac pointe du doigt l’ampleur des aides publiques accordées au réseau des buralistes, en dépit de la croissance régulière de leurs revenus sur la vente de tabac, et de leurs multiples infractions à l’égard de la réglementation. L’association recommande de mettre un terme à ce soutien financier, décrié par la Cour des comptes depuis plusieurs années[1].

Des gains sur le tabac multipliés par trois depuis 2007

Le rapport montre notamment que les revenus des buralistes sont en hausse régulière depuis des années, notamment en raison des différentes politiques fiscales sur le tabac. En effet, les buralistes étant rémunérés sur la base d’une remise, c’est-à-dire d’une proportion du prix de vente du paquet de tabac, lorsque le prix de ce dernier augmente, la rémunération du débitant de tabac augmente mécaniquement. Cette remise a par ailleurs été régulièrement augmentée par les pouvoirs publics. De ce fait, le rapport estime que les gains des buralistes sur la vente de tabac a atteint deux milliards d’euros en 2023. Ainsi, en moyenne, un buraliste perçoit 90 000 euros de gains avant impôts, soit trois fois plus qu’en 2007. Or, la vente de tabac ne correspond qu’à 45% du chiffre d’affaires des débitants. Le rapport rappelle qu’en 2021, un buraliste percevait en moyenne près de 30 000 euros grâce à la vente des jeux d’argent de la Française des jeux (FDJ).

Un soutien financier appuyé des pouvoirs publics pour les buralistes

De fait, selon une analyse de 2018 de la Fédération des centres de gestion agréé, la profession de débitants de tabac-jeux-journaux est la « quatrième la plus rémunératrice parmi les 77 professions de très petites entreprises du commerce et de l’artisanat en France ». Malgré la bonne santé économique de ce réseau, les buralistes bénéficient d’un soutien financier appuyé de la part des pouvoirs publics, en dépit des critiques récurrentes formulées par la Cour des comptes. Ainsi, depuis les premières hausses de taxes sur le tabac, les buralistes ont bénéficié de différents Contrats d’avenir, représentant 4,4 milliards d’euros cumulés entre 2004 et 2007. Le rapport pointe en particulier l’aide à la transformation, évaluée à 20 millions d’euros par an, dont l’objectif est d’aider les buralistes à encourager la diversification pour réduire la dépendance des buralistes à la vente de tabac. Le rapport montre notamment que ce fonds est employé par les buralistes dans un objectif de maximiser la rentabilité des débits, y compris à travers le développement d’autres produits addictifs. Ainsi, un document de la Confédération des buralistes dédié à cette subvention explique que celle-ci a pour vocation d’« aider à rendre [le] point de vente plus performant commercialement » pour que « le réseau s’adapte à la situation du marché du tabac mais aussi pour répondre aux nouveaux usages et aux attentes des consommateurs », sans que l’objectif de lutte contre le tabagisme ne soit évoqué.

L’Alliance contre le tabac souhaite la fin des aides publiques pour la profession

Dans cette perspective, l’Alliance contre le tabac appelle à la mise en place d’une politique de contrôle des buralistes, ainsi qu’à renforcer les sanctions pour les débitants qui ne respectent pas la loi. Au Québec, la dédication de 28 inspecteurs a permis de faire reculer le taux d’infraction à l’interdiction de vente aux mineurs de 63% en 2003 à 7,5% en 2017. Surtout, le rapport recommande de mettre un terme au soutien financier de cette profession, par les pouvoirs publics, ainsi que d’imposer une transparence complète entre les débitants de tabac et les décideurs publics.  De telles recommandations rejoignent celles formulées par le Comité national contre le tabagisme depuis le début des années 2010. Dans son Livre blanc paru en 2022, le CNCT appelle également à revoir la rémunération des buralistes, jugée incitative à la vente de tabac.

©Génération Sans Tabac

FT


Comité national contre le tabagisme |

[1] Alliance contre le tabac, 4,4 milliards d’aides publiques pour les activités lucratives des buralistes, 03/10/2024, (consulté le 14/10/2024)

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