L’arrêt du tabac réduit de près de moitié le risque d’événement cardiovasculaire majeur

14 septembre 2024

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 13 septembre 2024

Temps de lecture : 4 minutes

L’arrêt du tabac réduit de près de moitié le risque d’événement cardiovasculaire majeur

Selon une étude présentée au Congrès 2024 de la Société Européenne de Cardiologie (ESC), les patients atteints d'une maladie coronaire stabilisée qui arrêtent de fumer définitivement après leur diagnostic réduisent de 44 % leur risque d'événement majeur. En revanche, l'impact sur le risque cardiovasculaire a été minime chez les patients qui ont seulement réduit leur consommation de tabac[1]

Le registre international CLARIFY (prospective observational Longitudinal Registry of patients with stable coronary artery disease) a évalué l'impact du tabagisme sur les événements cardiovasculaires chez les patients atteints d'une maladie coronaire. Le registre comprenait 32 378 patients cardiaques. La survenue d'un événement cardiovasculaire majeur (MACE), défini comme un décès cardiovasculaire ou un infarctus du myocarde au cours de la période de suivi de 5 ans, a été analysée.

La simple réduction du tabagisme n’a pas d’impact significatif

Les patients ont été inclus dans l'étude en moyenne 6,5 ans après le diagnostic de leur maladie coronaire : à l'inclusion, 13 366 patients (41,3 %) n'avaient jamais fumé, 14 973 (46,2 %) étaient d'anciens fumeurs et 4 039 (12,5 %) étaient alors des fumeurs. Parmi les anciens fumeurs qui fumaient au moment du diagnostic de la maladie coronaire, 72,8 % ont arrêté de fumer dans l'année qui a suivi, alors que seulement 27,2 % ont arrêté de fumer les années suivantes.

Les patients qui ont totalement arrêté de fumer après le diagnostic de leur maladie coronaire ont amélioré de manière significative leur risque cardiovasculaire, quel que soit le moment où ils ont arrêté, avec une réduction de 44 % du risque d'événement cardiovasculaire majeur.

Parmi les fumeurs qui ont seulement réduit leur consommation de tabac, le risque de MACE n'a pas été significativement modifié par rapport aux fumeurs qui n'ont pas changé leurs habitudes. Le risque de MACE après un diagnostic de maladie coronaire augmentait de 8 % pour chaque année supplémentaire de tabagisme actif.

Bien que les fumeurs qui ont arrêté de fumer après leur diagnostic aient obtenu rapidement une réduction significative du risque de MACE par rapport aux fumeurs, ils n'ont jamais atteint le niveau de risque cardiovasculaire des patients qui n'ont jamais fumé, même après des années de sevrage tabagique.

Les résultats de cette étude n'ont pas encore été publiés dans une revue à comité de lecture, mais les experts estiment qu'elles envoient un message important et fort, confirmant les données de plusieurs études antérieures[2].

« Cette analyse renforce ce que l'on savait depuis des années grâce à des études antérieures de moindre envergure : il n'y a pas de niveau de consommation de cigarettes sans risques », a déclaré le docteur Richard Wright, cardiologue au Providence Saint John's Health Center de Santa Monica, en Californie.

L’importance d’un arrêt complet du tabac

L'arrêt du tabac reste la pierre angulaire de la prévention de l’infarctus du myocarde, des accidents vasculaires cérébraux et aussi de l'amélioration de la santé globale, y compris après un accident cardiovasculaire et ce, à tout âge. Le tabagisme est responsable de 50 % de tous les décès évitables chez les fumeurs, dont la moitié sont dus à des maladies cardiovasculaires3.

« Au moment du diagnostic, nous devrions souligner l'importance de l'arrêt du tabac et soutenir les patients dans ce défi », a déclaré l'auteur de l'étude, le Dr Jules Mesnier, de l'hôpital Bichat-Claude Bernard, à Paris (France).

Le Dr Mesnier a déclaré que les mesures visant à promouvoir le sevrage tabagique devraient inclure des conseils, des interventions comportementales et une thérapie pharmacologique si nécessaire. Parler avec un professionnel de la santé peut être une étape importante pour arrêter de fumer. Il ajoute qu'il n'est jamais trop tôt ni trop tard pour arrêter de fumer. « Lors de chaque intervention médicale, il faut adresser aux fumeurs des messages courts et clairs soulignant la nécessité d'arrêter de fumer. Dire aux patients qu'ils peuvent réduire de moitié le risque d'un événement majeur ou d'un décès ultérieur - comme nous l'avons montré ici - est un message puissant ».

©Génération Sans Tabac

AE


  [1] Communiqué, Quitting smoking nearly halves heart attack risk, cutting down does little, ESC, publié le 29 août 2024, consulté le 9 septembre 2024 [2] Underner M, Thomas D. Il faut arrêter de fumer : la seule réduction du tabagisme ne diminue pas le risque de morbi-mortalité cardiovasculaire. Rev Med Int 2018 ; 39 : 145-7 Comité national contre le tabagisme |

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