Lancement de la campagne « restaurants et hôtels sans tabac » à Hanoï
9 avril 2021
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 9 avril 2021
Temps de lecture : 6 minutes
La campagne, lancée conjointement par le ministère de la Santé et le bureau de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au Vietnam, vise à encourager les restaurants et les hôtels à créer un environnement sans tabac dans la capitale, Hanoï.
Environ 200 restaurants et hôtels de Hanoï se sont engagés à faire de leur établissement un lieu sans tabac[1] et à faire respecter strictement la loi de 2013 sur la prévention et le contrôle des méfaits du tabac. L’objectif de cette campagne est de créer un environnement sans tabac dans la capitale et dans les lieux très prisés par la population locale et les touristes. L’interdiction de fumer dans les lieux publics intérieurs permet de réduire les risques de maladies causées par l'exposition à la fumée de tabac pour les professionnels mais aussi les clients. Il est également établi que cette mesure contribue à réduire les coûts en soins, directs et indirects, de maladies liées au tabagisme.
Luong Ngoc Khue, directeur du Fonds vietnamien de lutte contre le tabagisme alerte cependant sur le fait que ces nouvelles mesures antitabac doivent être appliquées de manière complète pour être efficaces, car la plupart des propriétaires ne prêtent pas attention aux réglementations d’interdiction de fumer. Des contrôles par les autorités compétentes sont nécessaires pour parvenir à un taux de conformité plus élevé, a-t-il ajouté.
Le fardeau du tabagisme passif au Vietnam
Au Vietnam, 22,5% des habitants de plus de 15 ans (15,6 millions) sont des fumeurs réguliers et 75% de la population (75 millions) sont exposés au tabagisme passif, que ce soit dans les lieux publics, au travail ou à la maison. Environ 40 000 personnes meurent prématurément chaque année dans le pays du tabagisme actif et 6 000 du tabagisme passif[2]. Selon une étude de 2020 menée par le Fonds vietnamien de lutte contre le tabagisme, les taux d’exposition au tabagisme passif dans les restaurants et hôtels sont très élevés, avec 80% des clients exposés au tabagisme dans les restaurants, et 65% dans les hôtels.
Pour réduire la prévalence tabagique, le Vietnam a promulgué la loi sur la prévention et le contrôle des méfaits du tabac en mai 2013. Son article 11 prévoit une interdiction complète de fumer dans les établissements de santé et d'enseignement, les jardins d'enfants et les lieux de travail clos. Cependant la loi autorise des zones fumeurs dans de nombreux lieux à usage collectif y compris les bars, restaurants, discothèques, hôtels, et transports en commun. De plus, l’absence de contrôle de l’application de la loi, même dans les lieux où il est strictement interdit de fumer, conduit à une exposition généralisée de la population à fumée secondaire. Selon une étude récente de Tobacco Control[3], malgré l’instauration de fumer prévue dans la loi, 42,6% des adultes restent exposés à la fumée secondaire dans les lieux de travail intérieurs et 18,5% y sont exposés dans les transports en commun. Plus de 70% des jeunes (âgés de 13 à 15 ans) restent exposés à la fumée secondaire dans l’ensemble des lieux publics.
L’efficacité des environnements sans tabac sur la santé publique
Pour protéger efficacement la population d’une exposition à la fumée secondaire, il importe de prévoir une législation complète qui s’applique, sans exception et dérogation, à tous les lieux à usage collectif et dont l’effectivité soit garantie par des contrôles et d’éventuelles sanctions si besoin. Ainsi des interdictions complètes réduisent l'exposition à la fumée secondaire dans les lieux intérieurs jusqu’à 90% en moyenne[4]-[5], alors que les lois partielles comme au Vietnam ne présentent guère d’efficacité.
Les lois pour la création d’environnements sans tabac ont montré leur efficacité à travers le monde pour réduire les risques liés au tabagisme passif. Elles ont permis de diminuer significativement l’incidence de pathologies cardiovasculaires et la mortalité par pathologies attribuables au tabagisme[6]. Cette mesure de santé publique protège non seulement des risques du tabagisme passif (non-fumeurs et fumeurs) mais elle permet également d’aider les fumeurs dans le processus difficile de l’arrêt du tabac. Enfin, elle réduit la visibilité des comportements tabagiques et contribue à faire prendre conscience que le tabagisme n’est pas un comportement banal. En ce sens, elle contribue à changer la norme.
En France, l’interdiction de fumer dans les lieux de convivialité (restaurants, bars, discothèques, etc.) a été instaurée en 2008. Selon une étude de Santé Publique France[7], en 2014, cette mesure est largement appréciée par les non-fumeurs comme par les fumeurs. Son effectivité a été évaluée : 6% des 15-75 ans ont déclaré avoir été exposés à la fumée de tabac à l’intérieur des restaurants, au moins une fois au cours des trente derniers jours. A l’intérieur des cafés, bars et pubs, ce pourcentage était plus élevé et concerné 14,2% de la population interrogée. Cependant, il est probable que cette exposition est encore significativement plus importante au niveau des terrasses, souvent transformées en vérandas.
Mots clés : Vietnam, Hanoï, Espaces sans tabac, Tabagisme passif, Restaurants, Hôtels
Crédit photo : ©Minh Quyêt/VNA©Génération Sans Tabac[1] Ahn Kiet, Hotels and restaurants join in “No Smoking” campaign in Hanoi, Hanoi Times, 5 avril 2021, consulté le 9 avril 2021[2] The toll of tobacco in Vietnam, Campaign for Tobacco-Free Kids[3] Tran LK, Morawska L, Gartner CE, et al Secondhand smoke in public places in Vietnam: An assessment 5 years after implementation of the tobacco control law Tobacco Control Published Online First: 29 August 2020. doi: 10.1136/tobaccocontrol-2020-055753[4] International Agency for Research on Cancer. IARC Monograph Volume 13 (2009) Evaluating the Effectiveness of Smoke-free Policies. World Health Organization, 2009.[5] López MJ, Fernández E, Pérez-Rios M, et al. Impact of the 2011 Spanish smoking ban in hospitality venues: indoor secondhand smoke exposure and influence of outdoor smoking. Nicotine Tobacco Research. 2013;15(5):992-6.[6] Frazer K, Callinan JE, McHugh J, van Baarsel S, Clarke A, Doherty K, et al. Legislative smoking bans for reducing harms from secondhand smoke exposure, smoking prevalence and tobacco consumption. Cochrane Database System Rev. 2016;2:CD005992.[7] Pasquereau A, Guignard R, Andler R, Richard JB, Arwidson P, Beck F, et al. L’exposition à la fumée de tabac dans les lieux à usage collectif et les lieux de convivialité en France en 2014. Bull Epidémiol Hebd. 2016;(15):253-63.Comité National Contre le Tabagisme |